Inaugurant la seconde génération de smartphones commercialisés en France, le Honor 7 est le nouveau porte-étendard de la marque alternative de Huawei. Alors qu'en Chine, les deux marques sont prises en charge par la même structure, en France (et peut-être même partout en Europe), ce sont deux entreprises différentes qui les proposent. Pourtant, les Honor n'ont jamais nié leur proximité avec les « Ascend » (même si ce terme a été récemment banni du vocabulaire du constructeur chinois). La plate-forme, la ROM customisée d'Android, les lignes de leurs coques, etc.
Comparé au Honor 6, le Honor 7 présente de nombreuses améliorations. En effet, il s'avère être un Huawei P8 reconditionné et amélioré, notamment au niveau du chipset. Entendez par là que l'octo-core Kirin 930 laisse sa place à un Kirin 935 légèrement plus pêchu au niveau de son quad-core « big » (le quad-core « LITTLE » restant strictement le même). Notez également la présence d'une batterie plus généreuse que celle du P8 et de capacité égale à celle du Honor 6, à savoir 3100 mAh. Voici en détail la fiche technique :
- Android 5.0.2 Lollipop avec EmotionUI 3.1
- Ecran IPS Neo HD 1080p de 5,2 pouces (résolution de 424 pixels par pouce)
- Processeur HiSilicon Kirin 935 octo-core Cortex-A53 cadencé jusqu?à 2,2 GHz
- GPU Mali-T628
- 3 Go de RAM
- 16 Go de mémoire interne (extensible avec microSD)
- Connectivités LTE catégorie 6, Wi-Fi n, Bluetooth 4.1, GPS Glonass, infrarouge, radio FM
- Dual SIM (second port compatible microSD)
- Appareil photo 20 mégapixels, autofocus à détection de phase
- Webcam 8 mégapixels
- Lecteur d'empreinte digitale
- Batterie 3100 mAh
- Dimensions : 143 x 71,9 x 8,5 mm
- Rapport écran-taille : 72,4 %
- Poids : 157 grammes
Une fiche technique relativement bonne. Meilleure même que celle du P8 à qui Huawei n'a offert que le Kirin 930, alors que son prix est clairement en dessous : comptez 350 euros pour la version 16 Go dans toutes les bonnes crémeries française. Soit 150 euros de moins que le flagship Huawei (proposé à 500 euros à son lancement). Voilà qui provoque quelques questions quant à la cohérence de gamme...
Un Mate 7 miniature
Comme toujours commençons par un tour du propriétaire. Après le verre renforcé omniprésent du Honor 6 et du Honor 6 Plus, Huawei cède ici, comme sur le P8, à un châssis entièrement réalisé en métal. À l'avant, vous retrouvez une grande dalle vierge de tout marquage. Le film de protection au-dessus de la dalle tactile est clairement visible (et donc pas très esthétique) : vous remarquerez qu'elle tourne autour des différents capteurs sur la partie supérieure du mobile (webcam, écouteur téléphonique, LED de notification, capteurs de proximité et de luminosité). La surface sous la dalle n'est pas tactile, contrairement à ce que nous aurions pu penser.
À l'arrière, nous retrouvons le langage design de la marque Huawei. Le mobile a même un petit air de « mini Mate 7 » avec le capteur photo carré et le lecteur d'empreinte digitale le soulignant, sans oublier les deux séparations en haut et en bas de la coque, certainement pour isoler les antennes. L'ensemble de la coque est en métal et déborde sur les tranches pour les protéger. Pas de haut-parleur à l'arrière, puisque celui-ci a été déporté aux côtés du port micro USB. L'objectif photo est ici protubérant et cerclé de métal. Le biseau de cette protection, qui rappelle celle des côtés est un peu trop acéré.
Les côtés où nous découvrons justement quelques détails intéressants. D'abord la présence de ce mystérieux bouton multimédia qui offre quelques contrôles supplémentaires. Il est situé à gauche, sous le tiroir avec les deux emplacements pour nano SIM. À leur opposé, nous retrouvons le bouton d'allumage et le contrôle du volume sonore. En haut, le capteur infrarouge, absent du P8, et le jack 3,5 mm. En bas, le port micro USB et deux grilles de haut-parleur. Comme d'autres smartphones, ceci est un leurre ergonomique : il n'y en a qu'un seul.
Une prise en main globalement premium
La prise en main du smartphone est étonnamment bonne vis-à-vis des Honor précédents. En remplaçant le verre renforcé par le métal, le Honor 7 offre une préhension plus assurée, moins glissante et agréable au toucher. La position du nouveau bouton est loin d?être la plus ergonomique : il aurait certainement été préférable de le placer légèrement au-dessus pour tomber sous l'index et non le majeur. La protection placée sur l?écran assure une bonne glisse sous les doigts. En revanche, difficile d?être sûr qu'elle soit efficace qu'un Gorilla Glass face aux chocs. Le P8 dispose de ce verre renforcé.
L?écran du Honor 7 est en revanche plutôt bon. Les couleurs sont belles. Le contraste est assez profond. Les angles de visions sont bien ouverts. La luminosité est suffisante en toute situation, même si le réglage automatique est activé. Et la résolution est assez fine pour que les pixels ne se remarquent pas. Une très bonne dalle donc. Rien d?étonnant donc à ce qu'elle provienne de Japan Display, l'un des deux experts des écrans LDC japonais.
Customisation et encombrement
Une fois l?écran allumé, nous retrouvons nos marques avec Emotion UI (appelé aussi EMUI), ici en version 3.1 sur une base Android 5.0.2 Lollipop. Nous aurions pu nous attendre à ce que Huawei prenne la peine d'installer la toute dernière version d'Android. Cependant, la surcouche modifiant considérablement le design de l'interface, nous n'aurions certainement pas pu deviner s'il s'agissait de la version 5.0 ou 5.1. Une modification de l'interface qui s'incruste partout, que ce soit dans les menus, les icônes, les applications système ou l'organisation même d'Android. Comme d'autres ROM chinoises, EMUI supprime totalement le menu application pour une présentation plus proche d'iOS (recherche Spotlight comprise...).
Il s'agit ici de la même version d'EMUI que nous avons découvert avec le P8. Nous ne reviendrons donc pas sur l'ensemble des nouveautés apportées. Sachez simplement que tout y est repris : le sélecteur de thème, le gestionnaire de téléchargement, le navigateur de fichiers, les applications multimédias, la télécommande virtuelle universelle, etc. Vous retrouvez bien sûr tous les paramétrages additionnels évoqués lors du test du P8 : le double tapotement pour activer l?écran (Knucle Touch), les lettres dessinées pour ouvrir des applications, le clavier Swype intégré (dans une version légèrement modifiée pour Huawei), le réglage intelligent de la consommation d?énergie, la gestion des connexions autorisées pour chaque application, le menu flottant.
Parmi les nouveautés de ce smartphone se trouve la « touche intelligente », appelée aussi « touche multimédia ». Il s'agit du bouton matériel supplémentaire. Cette touche est évidemment totalement personnalisable et permet de lui assigner jusqu?à trois consignes (un appui court, deux appuis courts et un appui long). Moins bonne nouvelle, nous retrouvons aussi les partenariats marketing de Huawei : Gameloft, Facebook, Twitter, WP Office, mais aussi deux boutiques, Vmall et Highlights. Est-ce bien la peine d'encombrer EMUI avec des dossiers bourrés de raccourcis quand il n'y a pas de menu applications où les cacher ?
Les performances d'un Snapdragon 808
Heureusement, le Kirin 935 d?HiSilicon ne se laisse pas intimider pour si peu. Le chipset octo-core cadencé jusqu?à 2,2 GHz (et 1,5 GHz pour les coeurs les plus économes) est accompagné ici de 3 Go de mémoire vive apportant un léger gain de performance vis-à-vis du P8. Cela se ressent d'ailleurs dans les benchmarks où le Honor 7 s'en sort légèrement mieux que son cousin germain. Après plusieurs tests sur AnTuTu, nous sommes parvenus au score de 51 601 points, soit une performance presque aussi honorable que certains Snapdragon 810 et similaire à un Snapdragon 808 du LG G4. C?était bien la peine que Qualcomm s'embête avec des Cortex-A57 !
Sur Geekbench 3, le Honor 7 atteint 927 points en single-core (preuve que les Cortex-A53 ne sont pas capables de tout non plus) et 3566 points en multi-core. Sur Basemark OS II, le mobile atteint 1163 points. La plate-forme est donc sensiblement meilleure que celle du P8. Curieusement, cela se ressent même sur 3DMark alors que les GPU des Kirin 930 et 935 sont strictement les mêmes. Le Honor 7 atteint 12 026 points, un assez bon score vis-à-vis du processeur graphique intégré. Nous avons poussé le vice jusqu?à lancer Sling Shot : 520 points en Full HD et 364 points en Quad HD. Nous sommes loin de l?Adreno 430...
Une bonne plate-forme multimédia
Le Honor 7 ne désarme cependant pas quand il s'agit de jeu vidéo, même si Dead Trigger 2 a choisi spontanément de se positionner sur les graphismes les moins bons. Une fois positionné sur les meilleurs, le FPS offre une expérience qualitative qui ne dénote pas avec d'autres smartphones premium. Nous n'avons pas été gênés par la protection de l?écran : nous nous attendions à ce que nos performances en pâtissent : ce ne fût pas le cas. Avouons cependant que la précision de nos gestes n?était pas aussi optimisée qu'avec une dalle protégée par du Gorilla Glass, comme ce fut le cas avec le OnePlus 2 par exemple.
Pour regarder des films et des séries, le smartphone offre ici aussi une expérience très propre, avec un lecteur vidéo retravaillé par Huawei. Offrant une compatibilité vidéo étendue vis-à-vis de la version stock de Galerie. Il n'est cependant pas parfait : alors que le mobile est censé être compatible DTS, il n'en inclut pas le codec audio, c'est dommage. Notez également que l'emplacement du haut-parleur le positionne souvent sous les doigts quand vous tenez le mobile en mode paysage. N?hésitez pas à le tourner de façon à ce que la webcam soit sur votre droite et non sur votre gauche, afin que votre index gauche n'obstrue pas la sortie son.
De nettes améliorations en photo
En photo, le résultat est clairement de meilleure qualité que sur le Honor 6 et relativement aussi bon que sur le Honor 6 Plus ou le P8. Une partie de cette impression est liée au fait que le processeur d'image est le même (ou très proche). Une autre est liée à l'application photo, qui est la même que celle du P8. Nous vous conseillons donc de vous y reporter pour en lire les subtilités (ou plutôt l'absence de subtilité). Si ce dernier s'appuie sur un stabilisateur optique pour éviter les flous, le Honor 7 préfère raccourcir le temps nécessaire à faire la mise au point grâce à un autofocus à détection de phase.
Le résultat n'est pas toujours probant, mais il a le mérite d?être meilleur que s'il n'y avait rien. L'autofocus est certes rapide, mais encore faut-il appuyer sur le déclencheur pour réaliser la photo. Et c'est là où tout se joue. Le cliché ci-dessous montre quelques qualités : une belle prise en charge de la luminosité, un bel équilibre entre les différentes zones et des couleurs plutôt bien respectées. En revanche, le grain manque de finesse et le contraste de profondeur. Était-ce bien la peine de changer le 13 mégapixels du P8 pour un 20 mégapixels ? Ici, cela ne se ressent pas toujours.
Le meilleur rapport qualité-prix ?
En conclusion, le Honor 7, sorte de petit Mate 7, est un bon cru. Il offre un meilleur rapport qualité-prix que ses prédécesseurs (6 et 6 Plus), malgré une hausse sensible de son tarif. En le comparant au P8, nous aurions tendance à préférer ce Honor 7, tant la différence de prix est importante entre les deux mobiles (une bonne centaine d'euros, le P8 étant un peu moins cher qu?à son lancement), alors que la plate-forme de ce nouveau venu est légèrement meilleure.
Cependant, à 349 euros, est-il vraiment aussi intéressant que cela ? Car le comparer à d'autres mobiles créés par Huawei est évidemment trop restrictif pour se faire une véritable idée. Compte tenu de ses performances et de la définition de son écran, nous le placerions évidemment face au dernier modèle de OnePlus. Une concurrence de taille qui, malgré quelques imperfections et un comportement rebelle, s'avère meilleure sur de nombreux points : performances, notamment en jeu, évolutivité, fluidité de la surcouche, écran protégé par du verre renforcé. Et cela au même prix (même en euro). Contrairement à certains confrères, nous préférons donc le OnePlus 2 au Honor 7, même si, au final, ce dernier offre un rapport qualité-prix bien meilleur que la moyenne du marché.