Entre la sortie du Xperia Z3+ et la commercialisation du Xperia Z5, il n'y a eu que quatre petits mois, un laps de temps encore plus rapide que le renouvellement semestriel que semblait vouloir abandonner Sony en début d'année. Le Xperia Z4 (version japonaise du Z3+) a été officialisé en avril dernier. Son homologue international l'a été à la fin du mois de mai pour une sortie commerciale, chez Darty, le 24 juin.
Quant au Xperia Z5, il a été officialisé le 2 septembre dernier, à l'IFA et est sorti dans le commerce il y a quelques jours. Voilà qui nous fera certainement comprendre pourquoi le Xperia Z3+ n?était qu'un chaînon entre le Xperia Z3 et le Xperia Z5, celui-ci s'avère être le véritable successeur du haut de gamme Sony de l'année dernière.
Cette hypothèse se révèle aussi bien sur la fiche technique que sur les aspects ergonomiques. Certains changements opérés par Sony sur le Z3+ sur le fond et sur la forme se retrouvent naturellement sur le Z5. Les différences entre les deux mobiles sont donc moins voyantes, même si nous retrouvons avec le Z5 quelques-unes des nouveautés découvertes la semaine dernière avec le Xperia Z5 Compact, également testé dans nos colonnes. Commençons par la fiche technique de ce smartphone :
- dimensions : 146 x 72 x 7,3 mm
- poids : 154 grammes
- ratio écran / taille : 69,6 %
- châssis étanche certifié IP68
- écran Triluminos 1080p de 5,2 pouces (résolution de 428 pixels par pouce)
- chipset Snapdragon 810 de Qualcomm avec quatre coeurs Cortex-A57 cadencés à 2 GHz et quatre coeurs Cortex-A53 cadencés à 1,55 GHz.
- GPU Adreno 430
- 3 Go de mémoire vive
- 32 Go de stockage interne (extensibles par microSDXC)
- batterie de 2900 mAh (non amovible) compatible Quick Charge 2.0
- compatible LTE catégorie 6, WiFi ac MiMo, Bluetooth 4.1, GPS (Glonass), NFC, DLNA, MHL, radio FM
- chipset audio ClearAudio+, double haut-parleur frontal stéréo
- lecteur d'empreinte digitale
- capteur photo Exmor RS 23 mégapixels avec LED, autofocus hybride, objectif G grand-angles 24 mm, compatibilité 4K en vidéo
- webcam Exmor R 5,1 mégapixels, objectif grand-angle 25 mm, compatible 1080p en vidéo
- Android 5.1.1 avec interface Xperia UI
Comme le Z3+ et le Z5 Compact, le Xperia Z5 repose sur le sulfureux Snapdragon 810, plutôt bien maîtrisé ici. Le smartphone présente les mêmes améliorations que le Z5 Compact, à savoir le lecteur d'empreinte, le nouvel appareil photo Exmor RS et la nouvelle interface Xperia UI. Comparé au Z3+, le Z5 prend un peu d'embonpoint, alors que rien ne semble le justifier. Nous avons évidemment notre point de vue. Soit le capteur photo nécessitait un châssis plus large, soit Sony a rajouté de nouvelles protections pour dissiper la chaleur émise par le Snapdragon 810. Peut-être un peu des deux...
Un châssis qui n'abandonne pas le métal
Contrairement au Xperia Z5 Compact, qui a abandonné son châssis en verre renforcé et en métal pour une robe en polycarbonate et en verre dépoli, le Xperia Z5 a conservé de l'aluminium pour ses tranches, tout en adoptant le verre dépoli pour la face arrière. Toujours aussi droit et rectangulaire, le Xperia Z5 adopte ici le design Omnibalance étanche observé avec le petit smartphone haut de gamme : des tranches moins convexes, des éléments qui ont été déplacés et l'arrivée d'un nouveau bouton pour la mise en marche qui cache le lecteur d'empreinte digitale. Un bouton rectangulaire aux côtés latéraux arrondis qui répond bien au cache unique où se trouvent les emplacements de la carte nano SIM et de la carte microSD.
À l'avant, nous retrouvons toujours cette grande dalle tactile entourée de bordures encore épaisses. L?écran ne monopolise pas encore 70 % de la surface, alors que certains concurrents dépassent les 75 %. De face, le Z5 ressemble beaucoup au Z3+ : webcam proche du logo Sony, haut-parleurs stéréo cachés dans les épaisseurs des tranches. De dos également, la ressemblance est frappante, puisque les éléments distinctifs (marquage, objectif photo, flash) sont placés aux mêmes endroits. Sur les tranches, nous retrouvons, comme annoncés précédemment, la configuration du Z5 Compact, notamment les touches de volume déplacées vers le bas, entre le lecteur d'empreinte et le déclencheur photo. Ici aussi, le port propriétaire présent dans les Xperia Zx à leurs débuts a disparu.
Le contrôle du volume décidément mal placé
La prise en main du Xperia Z5 dispose autant des atouts de la famille Xperia que des défauts observés avec le Z5 Compact. Dans l'ensemble, le smartphone est très agréable au toucher. Ce smartphone est clairement plus premium que son petit frère, parce que les tranches sont métalliques. Et cela change tout au niveau des sensations. Il est également plus fin, ce qui n'est pas négligeable avec cette dimension d?écran. Comme nous avons pu l'observer avec le petit modèle, le nouvel emplacement du contrôle du volume n'est pas pratique : il tombe directement dans la paume de la main droite si vous êtes droitier. Si vous le tenez de la main gauche, petit miracle : le lecteur d'empreinte tombe sous l'index et le volume pile sous l'annulaire. Une configuration inédite et peu ergonomique. Encore une fois, nous aurions préféré qu'ils restent à hauteur de pouce.
L?écran du Xperia Z5 reste strictement identique à celui du Xperia Z3+. En quelques mois, le groupe japonais n'a pas eu le temps de révolutionner la dalle Triluminos, ni même le moteur de rendu X-Reality. L?écran du smartphone conserve donc sa luminosité, son piqué, ses couleurs et son contraste, quatre critères sur lesquels les dalles de Sony sont remarquables. Les angles de vision sont également bons, même si la lisibilité baisse drastiquement sur les côtés. La dalle qui protège l?écran glisse relativement bien sous les doigts, offrant une bonne réactivité du système. Comme ses prédécesseurs, le Xperia Z5 offre un écran qu'il est agréable de regarder.
Une interface plus facile à alléger
D'autant que l'interface Xperia UI a largement évolué elle aussi. Autant donc en profiter avec un bel écran. Nous avons remarqué avec le Z5 Compact que Sony avait considérablement changé sa politique vis-à-vis des raccourcis et des applications préinstallées. Nous nous demandions si ces changements étaient dus au passage à la génération Z5 ou à la taille d?écran plus faible. La bonne réponse était la première. Nous disposons ici d'une interface largement revue, en comparaison du Z3+. Sur l?écran d'accueil central, les applications multimédias ont disparu pour laisser la place au Play Store, aux applications Google et aux outils système habituels. Il faut se rendre sur les panneaux latéraux pour retrouver What?s New et la suite multimédia de Sony (Musique, Album, Video, et «PSN» qui regroupe PlayStation, PS Video et PS Music / Spotify).
Comme avec le Z5 Compact, les applications de Sony sont toujours préinstallées en grand nombre. Ce qui pèse lourd sur le système. Mais certaines peuvent être supprimées, même parmi celles du fabricant. Peut-être, dans ce cas précis, la stratégie de Samsung est-elle meilleure ? Le Coréen a décidé d'enlever les applications préinstallées pour mieux les proposer via Samsung Apps. Pourquoi Sony ne propose-t-il pas la même chose avec What?s New ? D'autant que certaines applications ne se mettront à jour que par son biais. L'utilisateur devra donc obligatoirement se familiariser avec. Twitter, Facebook, LinkedIn et quelques autres partenaires sont toujours présents. La grande majorité peut être supprimée. Nous aurions bien aimé que Movie Creator et Xperia Lounge le soient aussi. Nous nous contenterons déjà de cette avancée.
S'il chauffe, ça ne se sent pas !
Nous en venons aux performances. Car malgré la présence de ces nombreux partenaires marketing qui grèvent la mémoire du téléphone, l'ensemble reste extrêmement fluide. Commençons d'ailleurs par une première bonne nouvelle : le Xperia Z5 ne surchauffe pas. Ou plutôt, il excelle dans la dissipation de la chaleur émise par les composants (que ce soit le chipset ou l'amplificateur de réseau). Nous avons filmé en 4K pendant une demi-heure (toujours avec le message d'avertissement en préambule) et le smartphone continuait de filmer (avec la mémoire pleine à 75%).
Nous avons réalisé des benchmarks et la coque était tiède, légèrement chaude (c?était d'ailleurs dans les phases de téléchargement que le smartphone chauffe le plus, ce qui nous fait douter de la source calorifique). Mais rien de désagréable, ni d'inquiétant. Pourtant, CPU-Z nous a indiqué que la température à certains endroits du smartphone monte jusqu? à 58°C pour redescendre aussi sec sous la barre des 50°C, puis 45°C. En clair : le système de dissipation de chaleur fonctionne à merveille. Et nous supposons que c'est l'une des raisons de l'embonpoint du téléphone vis-à-vis du Z3+.
Des performances de haute volée
Seconde bonne nouvelle, les performances de la plate-forme sont également très bonnes. Avec AnTuTu, nous avons largement dépassé les 60 000 points. Nous sommes bien loin des timides 53 000 points du Z3+. Nous ne sommes pas arrivés au point du Z5 Compact et ses 66 500 points. Mais le score du Z5 est très honorable : 62 400 points. Il dépasse le OnePlus 2, le One M9 et le Z3+. Sur Basemark OS II, il se révèle tout aussi bon, puisque le smartphone dépasse les 1700 points et devient l'un des meilleurs parmi les mobiles testés dans nos colonnes. En réalisant des comparatifs avec les meilleurs du genre dans cet exercice (comme le Galaxy S6 ou l'iPhone 6S), il s'avère que les Sony ont un problème au niveau de l'accès à la mémoire (certainement la RAM).
Le Galaxy S6, par exemple, est nettement meilleur que les Sony. Le Xperia Z5 aurait donc pu être encore meilleur. Voilà qui laisse une belle marge de progression. Côté graphisme, là aussi, de bonnes notes qui ressemblent trait pour trait à ceux du Xperia Z5 Compact. Les deux smartphones s'offrent les meilleurs résultats obtenus sur 3D Mark parmi tous les modèles testés dans nos colonnes, largement au-dessus des autres Snapdragon 810, mais aussi des chipsets concurrents avec GPU ARM ou Imagination Technologies (iPhone 6S inclus, alors que ce dernier nous avait déjà bluffés). Voilà de quoi se rassurer sur les performances des GPU Adreno. Et de quoi nous faire languir en attendant le 530 qui arrivera avec le Snapdragon 820.
3D Mark
Une excellente plates-formes multimédia
Ces bons résultats ont une conséquence évidente : il ne faut pas avoir peur d'utiliser toutes les ressources du smartphone (ou du moins celles que nous permettent les différents réglages de Sony et Qualcomm). À commencer par le jeu vidéo. Bien sûr, nous avons commencé nos tests avec Dead Trigger 2 (en forçant les graphismes de meilleure qualité). Et l'expérience est presque parfaite. Graphiquement et visuellement, il n'y a aucun problème, puisque le jeu tourne très bien. Peut-être même trop bien. Voilà une bonne nouvelle qui en amène une autre : nous avons ensuite essayé le Remote Play avec la PlayStation 4. Et évidemment, comme une véritable petite TV Full HD, le Xperia Z5 affiche le flux vidéo dans de bonnes conditions. Là, le mobile chauffe un peu plus, mais rien de désagréable.
En vidéo, aucune surprise puisqu'il s'agit du même lecteur que le Xperia Z5 Compact, lequel est nativement compatible avec une large gamme de formats de fichiers, support des sous-titres inclus. Les haut-parleurs frontaux montrent ici leur véritable utilité, notamment si vous regardez une séquence à plusieurs. Quelques codecs toujours absents, malgré le prix et le positionnement du smartphone. Notez que l?écran du Z5 se prête mieux à cet exercice que celui du Z5 Compact, compte tenu de la taille (0,6 pouce, ça fait une belle différence, tandis que la résolution est nettement meilleure).
Un vrai challenge en photo
Côté photo, nous avions de grands espoirs, notamment suite à certains comparatifs de laboratoire plaçant le capteur Exmor RS 23 mégapixels de la série Z5 en tête des classements. Avec le Z5 Compact, nous avions trouvé que le capteur s'en sortait excessivement bien, avec une belle netteté sur l'ensemble des clichés. Avec le recul, nous pensons avoir été trop gentils avec ce capteur. S'il est aussi bien que cela, autant lui donner quelques tâches un peu plus compliquées, car nous sommes tatillons. Nous avons commencé par une séance photo en début d'après-midi, sous la bruine parisienne. Et nous avons continué avec un cliché, toujours par mauvais temps, mais, cette fois-ci, en fin d'après-midi, avec les lumières des enseignes.
Début d'après-midi à gauche, fin d'après-midi à droite
Nous avons plusieurs remarques. D'abord, quelle que soit la situation lumineuse, le mode automatique « intelligent » est capable de gérer la majorité des situations et offre des clichés équilibrés avec un très bon niveau de détail. Il a parfois tendance à surjouer sur la correction d'exposition. Ensuite, la mise au point est très rapide, que ce soit au doigt ou avec le déclencheur manuel. Mais, avec ce dernier, nous aurions tendance à faire comme sur un appareil standard : appuyer à moitié pour la mise au point, puis appuyer plus encore pour prendre la photo. Et souvent, entre les deux, bouger pour garder le réglage de mise au point tout en changeant le point de vue. Or, l'application ne semble pas le permettre, ou du moins, pas avec le déclencheur mécanique. Ce qui en frustrera certainement quelques-uns.
Application photo
Notez que le mobile s'en sort très bien, malgré quelques flous non artistiques, notamment en arrière-plan, alors que la mise au point y était faite. Oui, le capteur 23 mégapixels du Xperia Z5 est un bel exemple d'ingénierie, accompagné par la toujours excellente application photo, déjà vue avec le Z5 Compact. Nous nous attendions peut-être à mieux. Mais peut-on vraiment avoir mieux avec un si petit capteur ?
Sony maîtrise enfin le Snapdragon 810 !
Comme nous le pensions, le Xperia Z5 est le Xperia Z4 que nous attendions en début d'année. Un style légèrement différent des générations précédentes, tout en conservant les acquis (bel écran, double haut-parleur, excellent appareil photo, belle construction étanche). De belles technologies maîtrisées, à l'intérieur, comme à l'extérieur. Des choix certes controversés (Snapdragon 810, écran Full HD), mais assumés et justifiés par des performances de haut vol, bien au-dessus de la mêlée. L'arrivée d'un lecteur d'empreinte est un plus pour un proche avenir.
Bien sûr, la copie n'est pas parfaite, d'autant qu?à 700 euros hors subvention, nous aurions de quoi être exigeants. Car si nous avons été cléments avec les dérapages du OnePlus 2, son prix apaisait relativement vite notre déception. Avec le Z5, pas question d?être laxiste. Nous notons ici une petite erreur ergonomique à notre goût (l'emplacement du volume). Nous souhaitons que Sony redevienne raisonnable sur les applications préinstallées. Il n'y a pas de port USB type C, mais est-ce déjà nécessaire aujourd?hui ? Pas vraiment.
Vaut-il son prix ? Oui !
À 700 euros, le Xperia Z5 est certes cher, mais pas plus que la concurrence la plus directe (iPhone 6S et Galaxy S6). Et certains éléments techniques démontrent que la proposition de Sony est parfois aussi pertinente, voire plus que les concurrents. Vis-à-vis du OnePlus 2, le Xperia Z5 se veut plus performant et plus complet, mais il est aussi beaucoup plus cher : a vous de voir quelles sont vos priorités : les performances ou le prix. Car malheureusement, OnePlus a raté le coche cette année. Reste à savoir si les consommateurs accepteront de payer le prix pour un tel niveau de qualité...