Avec le Blade S6, nous étions restés sur une impression plutôt positive. Même, étrangement positive compte tenu du catalogue français désertique de ZTE durant toute l'année 2015 (outre les partenariats en marque blanche avec les opérateurs comme Orange ou SFR). L'existence du S6 nous rassurait d'une certaine manière, même si le nombre de distributeurs du téléphone était clairement restreint (Amazon et... Amazon), car elle constituait la preuve que ZTE était capable d'offrir, même selon les standards actuels, une expérience qualitative. Pas parfaite, loin de là, mais qualitative.
Une bonne impression moins franche
Cela a évidemment relancé notre intérêt pour la marque. Nous avons donc choisi de tester le Blade V6, smartphone entrée de gamme avec châssis en aluminium nommé Blade D6 ou Blade X7 dans d'autres pays. Ce qui n'est pas encore si fréquent. Et nous avons été confrontés à une impression mitigée : le premier contact est bon, mais, à l'usage, le téléphone s'avère bien différent, notamment parce que la plate-forme technique est différente. Et malheureusement, elle est moins intéressante que celle du S6. En voici tous les détails :
- dimensions : 142 x 69,5 x 6,8 mm
- poids : 122 grammes
- ratio écran / taille : 69,8 %
- écran 2.5D IPS 720p de 5 pouces (résolution de 294 pixels par pouce)
- chipset MediaTek MT6735 avec quatre coeurs Cortex-A53 cadencés à 1,3 GHz
- GPU ARM Mali-T720 MP2
- 2 Go de mémoire vive au format DDR4
- 16 Go de stockage interne (extensibles par microSDXC sur second port SIM)
- batterie de 2200 mAh (non amovible)
- compatible LTE catégorie 4, WiFi n, Bluetooth 4.0, GPS (Glonass), radio FM, dual SIM
- capteur photo 13 mégapixels avec double LED, autofocus, compatibilité Full HD en vidéo
- webcam 5 mégapixels
- MiFavor 3.2 sur une base d'Android 5.0.2 Lollipop
Dans cette fiche technique, vous remarquerez rapidement une relative prudence dans les choix des composants. Un chipset compatible certes LTE, mais plutôt entrée de gamme. Un écran de 5 pouces et 720p assez classique. De la mémoire de façon suffisante, mais pas de façon extravagante. Une batterie correcte sans plus. Des éléments photographiques sans grande prétention. Il n'y a pas d?équipement supplémentaire, pas de frivolité, pas de ligne franche sur un quelconque positionnement. En regardant cette fiche technique, le mobile qui se dessine manque clairement de personnalité.
Une coque qui reste majoritairement en métal
Et cela se confirme en prenant le mobile en main. Certes nous retrouvons certaines lignes du design du S6 que nous avions trouvé intéressant. En premier lieu la ressemblance de la gamme Blade avec la gamme Nubia (qui devrait bientôt arriver en France). Les boutons de navigation réagissent de la même manière (avec toujours cette absence d'icônes sur les touches retour et multitâche qui rend la prise en main initiale peu évidente, voire frustrante). Nous retrouvons aussi l?écran 2.5D légèrement surélevé et la coque métallique qui nous avait tant plu. Et ici encore, au toucher, le mobile est plutôt agréable. Nous retrouvons également le haut-parleur mono coincé dans un coin inférieur de la coque, ici à gauche.
Nous y voyons cependant quelques différences. À l'arrière notamment, le châssis unibody recouvrant les tranches pour les protéger cède sa place à une coque en trois parties. Celle au centre est métallique tandis que les deux extrémités haute et basse sont en plastique. Les quatre contours, désolidarisés de la coque métallique, sont également en aluminium. Ils sont séparés par des joints en polycarbonates pour les isoler les uns des autres lors de la prise en main et éviter l'antennagate. Pour être honnêtes, nous lui préférons le design du S6.
Autres modifications dans le châssis, ZTE a choisi de supprimer le second tiroir pour la carte microSD et de rendre son deuxième port SIM compatible avec les extensions de mémoire. Si pour la majorité des usagers (qui n'ont qu'une seule ligne) cela ne change rien, pour ceux qui ont deux lignes, il faudra choisir entre le dual SIM et la carte mémoire. Pour le reste, la configuration ergonomique du mobile est assez classique avec les boutons rassemblés à droite, le port microUSB en bas, le port jack 3,5 mm en haut et le capteur photo coincé en haut à gauche, face au haut-parleur.
Une prise en main et un écran agréables
La prise en main du smartphone est assez qualitative. Malgré les quelques points que nous avons soulevés vis-à-vis du design, le V6 ressemble beaucoup au S6. Ce qui est un bon point, car ils sont tous deux agréables au toucher. Encore une fois, nous aurions préféré des icônes sur les touches tactiles sous l?écran afin de mémoriser rapidement l'emplacement du retour et du multitâche. La construction du mobile est solide et les dimensions sont bonnes, quelle que soit la taille de la main.
Côté écran, nous retrouvons la même configuration qu'au coeur du S6 : du 720p à 5 pouces pour une résolution légèrement plus basse que celle de l'oeil humain. Les points sont donc visibles à l'oeil nu, même s'il faut se concentrer pour les repérer. Cependant, les autres caractéristiques de cette dalle sont dans la bonne moyenne : de la luminosité, des angles bien ouverts, un bon taux de contraste et des couleurs respectées. Le verre de protection de l?écran n'est visiblement pas un Gorilla de Corning : il accroche légèrement sous le doigt. Mais le mobile reste réactif dans beaucoup de situations (au moins toutes celles où il est pertinent...).
Ménage de printemps dans MiFavor
À l'allumage du téléphone, nous retrouvons l'interface des Blade chinois (et des Nubia), à savoir MiFavor, ici en version 3.2 sur une base Android 5.0.2. Dommage, ce n'est pas la version 5.1 du système d'exploitation mobile de Google, plus actuel. Temporisons cependant ce point négatif : caché derrière la ROM customisée de ZTE, cela n'aurait certainement fait aucune différence. Car les changements sont profonds entre la version Vanilla d'Android et MiFavor, dont les attributs sont typiquement chinois : absence de menu dédié aux applications, profusion d'applications et un design général pas toujours très fin. Le gestionnaire de thème est toujours présent accessible d'un glissement depuis le bas de l?écran vers le haut.
Personnalisation de l'interface
Depuis MiFavor 3.0 rencontré sur le Blade S6, quelques changements ont été apportés à l'interface. D'abord, quelques outils systèmes ne sont plus customisés, mais reprennent l'ergonomie d'Android (nous pensons notamment au gestionnaire du multitâche. Ensuite certaines icônes ont été modifiées (comme celle du magnétophone et de l'appareil photo) pour être plus en phase avec les préconisations du Material Design. Certains raccourcis ont été supprimés ou remplacés. Torche, Geste, Video et Bloc Notes n'ont pas survécu à la mise à jour.
Des applications tierces devenues trop marketing
De même pour certaines applications tierces. Si nous retrouvons l?éventail ultra-complet des réseaux sociaux (Twitter, Facebook, Messenger, Instagram) ainsi que WPS Office, Touchpal X et Clean Master, certains logiciels comme Mi-Pop, Dolby Audio, Alive Share et Accuweather n'ont pas été reconduits. Si certains vous manquent, un petit tour sur le Play Store sera nécessaire. Notez cependant que ce rafraîchissement ne peut être que bénéfique.
Touchpal X avec une publicité dans son application météo
Une petite remarque sur les applications tierces Touchpal X (ci-dessus) et Clean Master (ci-dessous). Le premier est une fois encore le clavier par défaut. Et ce dernier n'a pas forcément évolué en s'arrangeant, devenant une véritable usine à gaz. De même pour Clean Master, de retour pour gérer les optimisations (sauf les siennes) et les virus, mais son effet global sur le système n'est pas probant. Nous avons testé 3DMark avant et après un nettoyage de Clean Master spécifique aux jeux vidéo et le score sur Ice Storm Unlimited est resté le même à un point près. En revanche, si l'utilité de ces deux produits n'est pas avérée, cela ne les empêche pas d?être devenus des médias publicitaires, avec bannières, vidéos et recommandations à tout rompre. Nous comprenons que les éditeurs de ces logiciels paient ZTE pour être présents par défaut et que cela participe à l?économie de la téléphonie. Mais est-ce une raison pour accepter cela ?
Des recommandations dans le booster de jeu de Clean Master
Des performances caractéristiques de l'entrée de gamme
Heureusement, le système d'exploitation ne souffre pas trop de cette surcharge marketing. Le système pèse 3 Go environ, laissant approximativement 11,7 Go d'espace sur les 16 inclus (il y a également une baisse du volume au formatage). Ce qui peut paraître lourd, mais le système se comporte plutôt bien au quotidien sur des applications courantes (notamment si vous prenez la peine de nettoyer régulièrement le multitâche). Ne lui en demandez cependant pas trop. Avec son quad-core MediaTek cadencé à 1,3 GHz, le système est largement moins impressionnant que celui du Blade S6. Il n'y a pourtant entre les deux mobiles qu'un seul composant qui change, mais quel composant : le chipset. Passer d'un Snapdragon 615 avec Adreno 405 à un MT6735 avec Mali-T720 MP2, c'est dûr !
Pour le prouver, voici quelques scores obtenus avec le V6 : 30 025 points sur AnTuTu v6, 700 points sur Basemark OS II (une petite contre-performance due au chipset graphique), 627 points sur Geekbench single-core et 1832 points en multi-core, ou encore 4999 points sur 3DMark Ice Storm Unlimited. Faisons une petite comparaison avec le Blade S6 : 31 080 points sur AnTuTu, 689 points sur Basemark OS II et 7624 points sur 3DMark. À l?époque, nous étions déjà déçus par les performances du S6, notamment vis-à-vis d'autres plates-formes avec la même configuration. Nous verrons en conclusion de ce test que cette comparaison n'est pas fortuite.
Une plate-forme multimédia un peu poussive
C'est en multimédia que l'exiguïté de la plate-forme MT6735 se fait ressentir, malgré la présence de 2 Go de mémoire vive. Avec tout d'abord notre jeu fétiche, l?éternel Dead Trigger 2 de Madfinger, comme d?habitude paramétré de force sur la meilleure qualité graphique. Même s'il est clair que le smartphone n'est pas taillé pour ce genre d'exercice, il ne démérite pas. Le jeu n'est pas fluide. Le jeu connaît même quelques petits ralentissements et des chutes de « framerate » comme on dit dans le jargon. Mais il reste passablement jouable (notamment si vous êtes patients durant les chargements). Nous vous conseillons davantage avec ce smartphone le dernier épisode de Candy Crush Saga sorti récemment...
En vidéo, nous ne nous attendions pas à des merveilles, notamment après les piètres prestations du Blade S6 et de son lecteur Android vanilla par défaut. Pourquoi tout changer dans Android et ne garder QUE le pire ! Galerie n'est pas un bon lecteur vidéo. Galerie n'est même pas fait pour être un lecteur vidéo ! Alors, pourquoi le conserver ? D'autant que la dalle du V6, comme celle du S6, est d'une qualité très correcte (malgré une résolution un peu basse). Notez également qu'un bon casque devrait arranger le visionnage de vos contenus audiovisuels, le haut-parleur n?étant véritablement efficace que pour la sonnerie et les notifications audio...
Photo : pas le même rendu qu'avec le S6
Passons à la photo. Après le Blade S6, nous nous attendions, avec le même équipement photographique, à obtenir des clichés plutôt intéressants. Et cela n'a pas été le cas, changement de chipset (et donc de processeur d'image) oblige. Nous nous retrouvons ici avec smartphone capable de faire des photos relativement correctes quand les conditions de luminosité sont homogènes. Mais qui rapidement patine quand une difficulté se révèle. Nous avons choisi de vous montrer deux clichés. Entre les deux, une journée est passée.
Photo prise avec le ZTE Blade V6 : à gauche, jour de mauvais temps ; à droite, une accalmie
Le premier jour de test, à gauche, il faisait relativement moche sur Paris et la scène était homogène, mais un peu fade. Et cela se ressent bien sur le cliché. Un manque d?éclat, mais une scène avec du détail et du grain. Le lendemain, à droite, un petit rayon de soleil s'est infiltré dans la masse nuageuse éclairant une partie de l?Avenue de l?Opéra. Dans ce cliché, nous avons de la couleur (notamment dans ciel), mais l'ensemble est non seulement déséquilibré, mais aussi flou. Le capteur n'est pas parvenu à gérer l?éclat du bâtiment au second plan.
Côté application photo, là aussi petite déception : celle que nous avons croisée dans le Blade V6, avec ces modes intelligents (dont le mode expert), a été troquée contre l'application basique d'Android vanilla, beaucoup moins qualitative et largement moins exhaustive. Nous supposons que c'est l'une des raisons du résultat moins qualitatif du V6. Dommage.
Trop cher pour un entrée de gamme, même métallique
En conclusion, le Blade V6 est un smartphone agréable à manipuler, grâce à un châssis et un design agréables, mais qu'il ne faut pas pousser en dehors de sa zone de confort sous peine d?être un peu déçu par des performances générales typiques de l'entrée de gamme. Si certains choix sont contestables, et nous ne parlons pas uniquement du chipset (mais aussi des applications tierces bourrées d'incitations commerciales), le Blade V6 conviendra certainement à ceux qui cherchent un smartphone sans grande prétention, mais plutôt joli.
Nous n'avons jusqu'ici pas évoqué son prix : 199 euros en open market (chez Auchan et chez Amazon). Nous trouvons ce prix d'une part un peu cher vis-à-vis de la prestation globale, même dans le catalogue de ZTE (rappelons que le Soshphone 4G, dépassé aujourd?hui, mais bigrement séduisant à l?époque, était vendu sous la barre des 180 euros). Nous lui préférons largement le Meizu M2, vendu à 150 euros pour une configuration identique (et un lecteur vidéo largement meilleur). Et d'autre part, nous trouvons son positionnement décalé vis-à-vis du Blade S6, lequel était positionné à 250 euros à son lancement et qui est proposé à... 199 euros aujourd?hui. Entre les deux, il n'y a pas photo : c'est le S6 qui l'emporte.