Chez Asus, la téléphonie est considérée comme les ordinateurs : pour un même châssis, vous disposez de plusieurs configurations. Mieux encore, pour une même configuration, vous avez plusieurs châssis possibles. C'est ainsi que le ZenFone 2, que nous avons testé dans sa version la meilleure (estampillée ZE551ML), se décline en une demi-douzaine de versions différentes. Il en va de même pour le ZenFone 2 Laser, lequel se décline en 6 versions différentes : 5, 5,5 ou 6 pouces, 720p ou 1080p, 3G ou 4G. Et cela ne comprend pas les changements de chipsets (Snapdragon 410 ou 615) et les options de stockage (8 ou 16 Go). Sans oublier les coloris... Un vrai smartphone à la carte.
Pas tout à fait la version que nous aurions voulu...
En France, nous aurons un choix très limité puisque deux des six versions y sont commercialisées : le ZE500KL et le ZE550KL, dont la différence est la taille de l?écran. Le décodage du numéro de série est presque simple, une fois qu?Asus fournit le décodeur : les deux lettres correspondent au type de produit, les deux premier chiffres à la taille d?écran, le troisième chiffre à la définition (720p ou 1080p), l'avant-dernière lettre au fondeur et la dernière lettre au type de connexion GSM. Pour les besoins de ce test, la marque a accepté de nous prêter un ZE550KL dont la configuration est donc celle-ci :
- dimensions : 152,5 x 77,2 x 10,8 mm
- poids : 170 grammes
- ratio écran / taille : 70,8 %
- écran IPS 720p de 5,5 pouces (résolution de 267 pixels par pouce) protégé par un verre Gorilla Glass 4 de Corning
- chipset Qualcomm Snapdragon 410 avec quatre coeurs Cortex-A53 cadencés à 1,2 GHz
- GPU Qualcomm Adreno 305
- 2 Go de mémoire vive
- 16 Go de stockage interne (extensibles par microSDXC)
- batterie de 3000 mAh (amovible)
- compatible LTE catégorie 4, WiFi n, Bluetooth 4.0, GPS (Glonass), dual SIM
- capteur photo Pixelmaster 13 mégapixels avec double flash LED, objectif ouvrant à f/2.0, autofocus laser et compatibilité Full HD en vidéo
- webcam Pixelmaster 5 mégapixels avec objectif ouvrant à f/2.0
- Android 5.0.2 Lollipop avec interface ZenUI
Dans cette fiche technique, deux bonnes surprises : la protection Corning de dernière génération, l'autofocus laser (qui donne son nom au produit) et la batterie 3000 mAh (offrant une assez bonne autonomie à l'ensemble), trois équipements plutôt premium et rares dans un téléphone économique. Pour le reste, rien de bien étonnant. Notez que le mobile existe aussi en version 5 pouces vec 8 ou 16 Go de stockage interne. Le ZE550KL existe également à l'international avec un Snapdragon 615 en lieu et place du Snapdragon 410. Les veinards disposent donc d'une configuration un peu meilleure, le vieillissant SD410 parvenant difficilement au bout des benchmarks comme nous le verrons dans la partie consacrée aux performances.
Un effet de gamme évident sur le design
Commençons par l'aspect extérieur. Le ZenFone 2 Laser ressemble beaucoup au ZenFone 2 traditionnel. Nous retrouvons une grande dalle à l'avant rehaussée d'une surface tactile avec les touches de navigation (lesquelles ne sont donc pas intégrées à l'interface). Cette surface augmente la taille de la bordure sous l?écran, même si cela est habilement caché grâce à un support en polycarbonate différent de la texture du verre Gorilla. La bordure au-dessus de l?écran est en outre fine, pour donner une belle illusion. Mais celles sur les côtés le sont un peu moins en comparaison de la concurrence.
À l'arrière, nous retrouvons une configuration qui rappelle les téléphones de LG, avec une coque en polycarbonate lisse et convexe où a été placé le contrôle du volume argenté avec cette gravure en cercle concentrique qui rappelle le ZenFone 2. Asus ne va pas jusqu?à y intégrer le bouton de mise en marche comme chez LG. Il le relègue sur la tranche supérieure. La coque en polycarbonate couvre la moitié des côtés du mobile et s'arrête sous la dalle de verre renforcée. Un design assez plat donc, notamment vis-à-vis de la mouvance internationale des écrans 2.5D, même dans le bas du milieu de gamme.
La majorité des éléments du dos du ZenFone se retrouve dans ce ZenFone 2 Laser. L?énorme grille du haut-parleur en bas, le capteur photo et les boutons du volume à l'opposé. Le capteur est entouré à du flash true-tone et du capteur infrarouge de l'autofocus laser, l'une des nouveautés de ce mobile. Les tranches latérales du téléphone sont dénuées d?éléments ergonomiques. Sur la tranche supérieure, nous avons déjà cité le bouton de mise en marche. Nous y ajoutons le micro secondaire et le port jack 3,5 mm. Sur la tranche inférieure, le micro principal accompagne le port microUSB.
Enfin, sur la tranche de droite, près du coin inférieur, vous remarquerez l'encoche pour enlever la coque de polycarbonate et accéder à la batterie, aux deux ports microSIM et au port d'extension mémoire. Celui-ci est accessible sans avoir besoin d'enlever la batterie. De même pour la seconde SIM. En revanche, insérer une carte dans la première vous oblige à retirer la batterie pour enlever ou insérer une carte.
Quelques choix ergonomiques discutables
La prise en main du smartphone est assez agréable au toucher. La coque de polycarbonate est lisse, mais ne glisse pas (et surtout, elle est moins salissante que le verre). La dalle de Gorilla Glass offre une très bonne réactivité sous les doigts sans accrocher. Les dimensions du smartphone sont son principal défaut (même s'il faut s'y attendre avec une telle taille d?écran), car il oblige l'usager à utiliser ses deux mains pour le manipuler. Comme chez LG, nous ne sommes pas fans du placement sur le dos du contrôle du volume.
De plus, l'alternative du bouton de mise en marche sur la tranche supérieure n'est pas la plus ergonomique. Si Apple l'a conservé avec l'iPhone 5S, il a changé son fusil d?épaule avec l'iPhone 6, adoptant une prise en main plus conventionnelle. Asus aurait tout intérêt à faire de même, notamment sur les phablettes. Heureusement, pour allumer le mobile, une fonction équivalente à Knock-on de LG a été intégrée.
Côté écran, le ZenFone 2 Laser dispose d'une grande dalle de 5,5 pouces, mais offre une résolution en dessous de la limite théorique des 320 pixels par pouce de l'oeil humain (la fameuse résolution Retina d'Apple). De fait, l'image manque un peu de détail, puisque la résolution ne dépasse pas les 270 pixels par pouce. Cependant, les autres propriétés de cette dalle rattrapent largement cette faiblesse : luminosité, contraste, angle de vision et colorimétrie, l?écran est plutôt bon. Ce qui s'avèrera important pour les vidéos. Pour la lecture sur l?écran, ce sera parfois un peu juste sans zoomer.
ZenUI : peut-on faire plus compliqué ?
Au lancement du mobile, nous retrouvons l'interface ZenUI d'Asus, découverte avec le ZenFone 2 (avec un thème ici légèrement différent). Cette version se base, comme précédemment, sur Android 5.0.2, avec quelques petits correctifs que nous avons installés durant la période de test. Dans ZenUI, Asus a réalisé un travail de fond pour que l'utilisateur n'ait pas l'impression de manipuler le même téléphone que le voisin. Tout est customisé par la marque, des applications systèmes à l'apparence globale, en passant par les menus, le clavier système et les écrans de paramétrages. La customisation de l'interface est cependant assez étendue : pack d'icônes, fonds d?écran, transitions, thème global, etc. Sans oublier les widgets et la disposition des icônes.
Interface ZenUI
Cette profusion se retrouve également dans les paramétrages disponibles pour personnaliser l'expérience utilisateur (applications au démarrage, rangement automatique dans des dossiers, programmation des mises à jour, mode d?économie d?énergie, gestion de la colorimétrie et des profils audio, sécurité et optimisation, etc.), mais aussi dans les applications préinstallées. Et sur ce point Asus est arrivé au même point que Samsung à la grande époque de Touchwiz : non seulement Asus préinstalle l'ensemble de ses propres applications, ce qui est louable, mais également une sélection d'applications tierces additionnelles.
Beaucoup de paramètrages possibles
Nous avons compté 35 applications Asus préinstallées. Il y a parmi eux de simples widgets et des fonds d?écran animés. Mais il y a aussi tout ce qu'il faut pour communiquer, personnaliser, créer des documents, des collages et des films, se connecter à un autre appareil à distance, etc. C'est presque trop. Parmi les applications Asus, nos préférés sont Galerie (une bonne reconstruction de la Galerie d'Android), Musique (un lecteur audio avec gestion des serveurs Cloud), Gestionnaire de Fichiers (un outil visiblement réalisé par un constructeur de PC sous Windows), Météo (l'une des plus complètes) et SuperNote (une bonne alternative à Keep). Nous avons également vu, parmi les applications tierces Dr. Safety, TripAdvisor, Clean Master, Zinio, Omlet, Puffin Browser, et un lien commercial vers Gameloft. Et beaucoup de doublons...
Beaucoup d'applications préinstallées
Des performances qui souffrent de l'abondance
Cette profusion d'applications et de fonctionnalités a naturellement une incidence sur le fonctionnement du système d'exploitation. D'autant que la plate-forme choisie par Asus est très serrée, surtout pour Android Lollipop dont l'empreinte sur les ressources est supérieure à celle de KitKat. Si la navigation dans les menus du téléphone reste fluide (le contraire aurait été décevant), donnant l'illusion d'une aisance générale, l'ouverture des applications est sérieusement ralentie, même si vous avez forcé la désactivation systématique du chargement des applications au démarrage. Nous avons effectué naturellement quelques tests de performances. Et les résultats ne sont pas franchement meilleurs que la concurrence.
Antutu et Basemark OS II
Sur AnTuTu v6, le smartphone atteint 26 236 points. Sur Basemark OS II, il ne dépasse pas les 670 points. Sur Geekbench, il obtient 491 points en single-core et 1490 points en multi-core. Enfin, sur 3DMark (Ice Storm Unlimited), il atteint les 4309 points. Comparons ces scores à quelques phablettes disposant de la même plate-forme : le Pulp Fab 4G de Wiko, au Huawei Honor 4X et le Wileyfox Swift. Par rapport à la phablette de Wiko, les scores sont légèrement en dessous, confirmant la lourdeur du système. Nous remarquons que les scores les plus faibles concernent l?Adreno 305, lequel devient un peu vieux. Les scores du Wileyfox et du Honor 4X sont pratiquement identiques. L?honneur est sauf. Sauf que les prix ne sont pas les mêmes... Mais nous verrons cela dans quelques instants.
Geekbench et 3DMark
Un lecteur vidéo Android par défaut ?
Sur la partie multimédia, le ZenFone 2 Laser dispose de certains des atouts des autres smartphones d'Asus : le baladeur musical avec les connectivités avancées aux serveurs distants, l?égaliseur intégré pour affiner le profil audio, le bel écran pour la vidéo (la résolution légèrement basse ne gêne pas ici) et une application photo que nous allons découvrir d'ici quelques lignes. Le ZenFone 2 Laser pâtit aussi des défauts de ZenUI, notamment en vidéo. Alors qu?Asus a clairement oeuvré pour transformer toute l'interface d'Android, le lecteur vidéo est resté celui de l?OS de Google. C'est-à-dire une application particulièrement incomplète et imparfaite. De fait, la compatibilité des formats est restreinte et les paramètres réduits à... rien.
En jeu vidéo, le smartphone se débrouille plutôt bien. Malgré une plate-forme chiche, les 2 Go de mémoire vive parviennent à assurer un minimum de fluidité. Notre jeu étalon, Dead Trigger 2 n'a pas tourné parfaitement, loin de là. Surtout quand nous avons forcé le réglage de qualité graphique pour le mettre à son maximum. Toutefois, hormis des temps de chargement assez longs (comme pour une grande partie des applications préinstallées), il est resté jouable. D'autant que le bel écran de 5,5 pouces se prête particulièrement bien à cet exercice. La dalle de Gorilla Glass 4 est également un atout ici.
Des photos nettes et une bonne application associée
Côté photo, le bilan n'est pas parfait, mais il est loin d?être décevant. Car les photos offertes par l'application photo d'Asus et le capteur PixelMaster de 13 mégapixels, associés à un autofocus laser, sont de bonnes qualités. Elles sont détaillées et plutôt bien équilibrées (notamment dans les coins sombres). Cela manque un peu de vie : pas assez de contraste et une colorimétrie un peu fade. De plus, comme avec tous les autofocus laser, la mise au point est tellement rapide qu'elle oublie d'affiner la luminosité. Cependant, la prise de vue est nette. Et c'est cela qui importe. Nous avons pris ci-dessous une photo sans HDR puis avec HDR (pour forcer les contrastes) pour comparer.
Photo prise avec le ZenFone 2 Laser sans HDR : le ciel est blanc, totalement "grillé"
Photo prise avec le ZenFone 2 Laser avec HDR : le ciel est gris, comme dans la réalité
Les experts se tourneront vers les nombreux modes de prise de vue (HDR, effets, filtres, portrait, paysage, ect.) et les réglages fins (exposition, balance des blancs, longueur focale, sensibilité, etc.) du mode expert pour améliorer le résultat. D'autant que la visualisation du résultat se fait en direct à l?écran, ce qui est rarement le cas. Les amateurs pourront donc s'essayer pour la première fois en jonglant avec les différents réglages. Une excellente idée.
Pour ce prix, il aurait dû être techniquement meilleur
C'est donc sur une note positive que nous terminons ce test. En photographie, le ZenFone 2 Laser se trouve être un appareil-photo d'appoint intéressant (pour celui qui passera du temps à contrebalancer les réglages automatiques). Cependant, nous n'oublions pas les autres caractéristiques moins positives. Une prise en main imparfaite avec une localisation des boutons matériels pas tout à fait ergonomique, un lecteur vidéo qui n'a pas été touché d'un iota et à l'inverse une surabondance d'applications maison dans une interface qui propose beaucoup (presque trop, même) de réglages différents. Nous sommes vite perdus. L'intention est louable, mais elle n'est pas idéale quand la plate-forme technique est constituée d'un Snapdragon 410 vieillissant.
Reste le prix. À l?heure où nous écrivons ces lignes, Asus propose une baisse de prix sur le modèle que nous testons ici, le ZE550KL. Nous ne savons pas si cette baisse est temporaire ou si elle est définitive. De 249 euros, le mobile passe à 199 euros, ce qui reflète davantage son prix en open-market. Ce prix, plus raisonnable, est pourtant encore un peu élevé. Car, à 199 euros, nous retrouvons également le 50 Diamond d'Archos, l'Idol 3 d'Alcatel OneTouch ou encore le surprenant ZTE Blade S6, qui a baissé de prix il y a peu de temps. Ne parvenant pas à se distinguer de la concurrence la plus directe (Honor 4X, Pulp Fab 4G), laquelle est moins chère, il est surclassé par d'autres mobiles vendus au même prix. Pour 200 euros, nous aurions clairement préféré que le Snapdragon 410 soit remplacé par le Snapdragon 615 ou 616.