Si Huawei est devenu le troisième acteur mondial en 2015, alors que nous attendions davantage un Xiaomi ou un Lenovo, c'est grâce à une double stratégie. La première est une montée en gamme de la marque Huawei (qui se caractérise par l'abandon de la marque Ascend). Mate 7, P8, Mate S, P9, Mate 8, le perfectionnement de la gamme est évident. La seconde stratégie est d'avoir copié celle de Xiaomi pour créer une sous-marque dynamique et vendue exclusivement sur Internet : Honor.
Une fiche technique sans aucun rapport avec le prix
Ce qui était auparavant la gamme low-cost de Huawei est devenu en deux ans une marque hype et branchée auprès des technophiles. Les Honor 6, 7 et 4X en sont la preuve (le 3C un peu moins déjà). Et le 5X enfonce le clou. Une belle fiche technique. Une construction correcte. Et un prix très intéressant : 230 euros. Voilà une recette qui a déjà fait mouche auparavant. Et qui parvient une fois encore à émoustiller notre intérêt et notre curiosité. Voyez plutôt le contenu de la proposition :
- dimensions : 151,3 x 76,3 x 8,2 mm
- poids : 158 grammes
- ratio écran / taille : 72,2 %
- écran 1080p de 5,5 pouces (résolution de 401 pixels par pouce)
- chipset Qualcomm Snapdragon 616, octo-core Cortex-A53 cadencé à 1,7 GHz
- GPU Adreno 405
- 2 Go de mémoire vive
- 16 Go de stockage interne (extensibles par microSDXC)
- batterie de 3000 mAh (non amovible)
- compatible LTE catégorie 4, WiFi n, Bluetooth 4.1, GPS (Glonass), radio FM
- Dual SIM
- compatible DTS
- emplacement dédié à la carte mémoire
- lecteur d'empreinte digitale
- capteur photo 13 mégapixels avec flash LED, objectif 28 mm ouvrant à f/2.0, compatible Full HD en vidéo
- webcam 5 mégapixels avec objectif 22 mm ouvrant à f/2.4
- EMUI 3.1 sur une base Android 5.1 Lollipop (avec mise à jour prévue vers Marshmallow)
La proposition est bonne et qualitative. Il est rare qu'une phablette avec châssis métallique, lecteur d'empreinte et Snapdragon 616 soit proposée en France sous la barre des 250 euros. Vis-à-vis du Honor 4X, la différence est considérable (meilleur écran, meilleur chipset, plus de stockage interne, connectivité mise à jour). Et pourtant, le prix n'est pas beaucoup plus élevé : une trentaine d'euros (hors promotion).
Le cousin germain du Huawei G8 ?
Une fois passé l'aspect purement technique, abordons l'enrobage de cette plate-forme. Première chose évidente : le Honor 5X ressemble comme deux gouttes d'eau au Honor 7 (qui lui-même était un P8 relooké, comme nous avons pu le remarquer lors de son test). D'ailleurs, s'il est possible de trouver un équivalent du Honor 7 dans le catalogue de Huawei (le P8, donc), il est aussi possible d'y dénicher l?équivalent du Honor 5X. Et il s'agit du G8.
Faut-il en conclure que le 5X est le croisement entre le G8 et le Honor 7 ? C'est exactement cela. À l'extérieur, nous retrouvons le langage design de la marque alternative avec son châssis métal brossé très carré et sa coque séparée en trois parties. Rappelons en effet que tous les mobiles Huawei / Honor qui disposent d'une coque en aluminium recouvrant les tranches disposent de deux parties en plastique pour y loger les antennes. L'une est au-dessus du capteur photo. L'autre est en dessous du marquage CE.
L'emplacement des éléments y est d'ailleurs identique (à l'exception de deux détails sur lesquels nous reviendrons) : le gros capteur photo carré bien en évidence, le flash non plus à droite, mais à gauche, et le lecteur d'empreinte juste en dessous. Sur la tranche de droite, le volume et la mise en veille. À gauche, les deux tiroirs pour les cartes SIM et la carte microSD. Vous remarquerez qu'il y a deux tiroirs, car Huawei a décidé de consacrer, comme sur le Honor 4X, un emplacement à la carte microSD pour ne pas monopoliser un emplacement SIM. Pour nous, c'est un aveu que le mobile n'a pas assez de mémoire interne...
Sur la tranche du bas, nous retrouvons le haut-parleur, entourant le port microUSB. Le port jack 3,5 mm est à l'opposé, avec le micro secondaire. Les deux différences évoquées précédemment sont le bouton multimédia et le capteur infrarouge, deux éléments présents dans le Honor 7 et absents ici : il faut bien justifier la différence de prix entre les deux modèles (laquelle atteint la centaine d'euros à l?heure où nous écrivons ces lignes).
Une prise en main de grosse phablette
La prise en main est agréable, notamment grâce à son châssis en aluminium brossé, sans être particulièrement qualitative. Les lignes du design, très carrées, ne se prêtent pas si bien que cela aux phablettes dont l'encombrement est déjà très imposant en soi. Inutile de vous dire qu'avec 8 mm d?épaisseur et plus de 76 mm de largeur, le Honor 5X ne convient pas aux petites mains, malgré des efforts ergonomiques logiciels pour faciliter l'utilisation. La construction du téléphone est bonne, même si nous ne sommes pas friands de la position dorsale du lecteur d'empreinte.
L?écran est, en revanche, surprenant, notamment quand il est comparé à d'autres téléphones vendus à 230 euros. Cette belle dalle Full HD de 5,5 pouces offre une très bonne luminosité, une grande visibilité et de très belles couleurs. Attention cependant à la luminosité, justement, qui tend à brûler les couleurs et à réduire les contrastes. Les angles de vision sont bien ouverts. Enfin, la surface tactile répond convenablement aux sollicitations, mais pas parfaitement. L'impression ergonomique et visuelle est donc dans la moyenne du milieu de gamme premium. Et cela fait plaisir.
Une interface inspirée (par les autres)
Une fois le téléphone allumé, nous sommes face à Emotion UI, la ROM de Huawei, ici en version 3.1 (la dernière), toujours basée sur Android Lollipop (version 5.1). La mise à jour du téléphone sera proposée très rapidement, selon les propos de Honor. Notez que les propriétaires du Honor 7 commencent à recevoir les notifications de migration vers Marshmallow. Il y a de fortes chances que le Honor 5X suive ensuite. Nous avons remarqué que l'interface par défaut du Honor 5X était bien plus colorée que celle du Honor 7 (même si la version d'EMUI est identique). Peut-être parce que la cible est différente...
Accueil, clavier et menu paramètres
Ergonomiquement, l'interface conserve ses attributs (ou plutôt ceux d'iOS) : l'absence de menu application, une zone de notification à double onglet, une zone d'accès rapide à certains outils (comme la calculatrice, l'enregistreur vocal, le lecteur musical ou la lampe torche) et la recherche globale (très typée Spotlight). Nous retrouvons également dans cette interface des icônes customisées avec des coins tout en rondeur, là aussi une inspiration d'iOS. Il y a cependant des touches d'Android (et même de Samsung Touchwiz) dans cette interface, comme dans les paramètres où l'onglet « généraux » permet d'accéder rapidement aux options les plus courantes (et les plus utilisées au quotidien).
Quelques détails d'EMUI inspirés par Apple...
Nous remarquons également que Huawei agrémente sa ROM de nombreuses applications additionnelles. Certaines étant pratiques (comme le Gestionnaire de téléphone, l'explorateur de fichiers, le lecteur vidéo, assistance HiCare) et d'autres étant clairement marketing ou commercial (accès direct à vMall, à Honor Club). Quelques partenaires ont réussi à s'infiltrer dans Emotion UI : Gameloft, qui dispose de son propre dossier, Shazam, Twitter, Facebook (et Instagram, mais pas WhatsApp) et WPS Office.
Gestionnaire de téléphone, HiCare, et l'explorateur de fichiers
Des performances pas si convaincantes
Avec le Snapdragon 616 et 2 Go de RAM, le smartphone repose sur une plate-forme relativement fluide, malgré quelques accrochages dans la navigation et dans certaines applications. Selon notre analyse, le choix d'un Snapdragon 6XX avec un écran Full HD n'est pas forcément très équilibré, car, même si le chipset est capable de gérer les interfaces 1080p, cela lui demande beaucoup de ressources (et cela ponctionne significativement sur la batterie qui peine à durer toute la journée si le téléphone est sollicité). Nous avons récemment été confrontés au même problème avec le Storm de Wileyfox. Et les résultats sur les benchmarks graphiques nous ont donné raison.
Avant de passer aux résultats des benchmarks, nous avons une petite remarque : l'outil Basemark OS II, que nous utilisons pour chaque test, n'a pas fonctionné avec le Honor 5X. Le test se déroule normalement jusqu?à la fin, mais, à la compilation des éléments pour calculer le score, l'application se ferme systématiquement. Nous n'avons donc aucune capture d?écran avec le score du Honor 5X sur ce benchmark. Heureusement, nous avons tous les autres.
AnTuTu, GFXBench et Quadrant
Une contre-performance en graphisme
À commencer par AnTuTu où le Honor 5X dépasse les 37 000 points. Une performance très correcte pour un octo-core Cortex-A53 de Qualcomm, bien au-dessus des Snapdragon 615, mais encore bien en dessous des performances d'un ancien cador tel que le Snapdragon 801. Et nous verrons que cela a un impact face à la concurrence chinoise. Le mobile se révèle meilleur dans les benchmarks que le Storm de Wileyfox, mais ne dépasse pas, notamment sur AnTuTu, des mobiles comme le Diamond Plus d'Archos, pourtant doté d'une configuration approchante.
Sur Geekbench, le mobile atteint 701 points en mono-coeur et 3021 points en multi-core. Là encore un score meilleur que les Snapdragon 615 (la cadence plus haute doit certainement aider). Il frôle les 26 000 points sur Quadrant et il dépasse les 7600 points sur 3DMark Ice Store Unlimited. Sur le test Slingshot ES 3.0, le Honor 5X parvient à 80 petits points en 1080p, une contre-performance pour l?Adreno 405. Le test a même refusé de se lancer en Quad HD...
3DMark (Ice Storm Unlimited et Slingshot ES 3.0) et Geekbench
Nous nous sommes amusés à comparer les résultats de ce Honor 5X avec ceux du HTC One A9 dont les chipsets sont cousins et les plates-formes identiques (écran Full HD, 2 Go de RAM, 16 Go de stockage). Le premier est animé par le Snadragon 616 tandis que le second dispose du Snapdragon 617. Logiquement, le 616 est plus rapide que le 617, mais ce dernier dispose d'une connectivité plus rapide. D'où notre questionnement...
Le résultat est étonnant. Malgré le fait que les deux plates-formes sont assez proches l'une de l'autre (même type de coeurs, même processeur graphique), il y a une différence en faveur de HTC. Et de taille : le One A9 dépasse les 41 000 points sur AnTuTu v5 (version qui pénalise les mobiles vis-à-vis de la v6) et les 9100 points sur 3DMark. Le One A9 est donc techniquement largement au-dessus.
Il aurait dû être bon en multimédia
Le Snapdragon 616 est donc un chipset capricieux qu'il faut savoir maîtriser pour tirer parti de ses capacités. Encore une fois, nous pensons que 50 % de RAM en supplément aurait aidé à gérer l?écran Full HD, notamment quand il s'agit de jeu. Nous avons lancé Dead Trigger 2, lequel a dû redémarrer plusieurs fois avant d'apparaître correctement. Une fois la partie lancée, quelques ralentissements ont amoindri l'expérience de jeu. Forcer le passage à la qualité graphique la meilleure n'a pas eu d'incidence majeure. Notez que, contrairement au Honor 7, le Honor 5X ne propose pas de verre Gorilla Glass. Et cela se ressent.
Dead Trigger 2
En vidéo, le lecteur par défaut d'EMUI offre toujours de meilleures performances que la Galerie d'Android « stock ». Cependant, les mêmes problèmes persistent : pas de compatibilité avec le DTS, les sous-titres ou le chapitrage des films. Nous apprécions cependant l'effort de Huawei que bien d'autres constructeurs ne daignent pas faire. Comme avec le Honor 7, la position du haut-parleur n'est pas optimale en mode paysage, la grille étant régulièrement obstruée par un doigt de l'utilisateur (quand ce n'est pas toute la paume...).
Lecteur vidéo
Equilibre parfois difficile aussi en photo
Côté photo, enfin, le Honor 5X repose sur la même application photo que le Honor 7, ce qui est déjà une excellente nouvelle, même si nous remarquons que certains modes sont absents, comme le time-lapse (accéléré) et le mode nuit noire. Mais il conserve la mise au point universelle, le ralenti et le panoramique. En cliquant sur paramètre et en vous rendant tout en bas du menu, vous accédez aux paramètres manuels du capteur (ISO, balance des blancs, exposition, saturation, contraste et luminosité). Voilà qui est très étonnant.
Accès aux différents modes en photo
Le résultat l'est déjà un tout petit peu moins. Nous n'avons pas retrouvé l?équilibre du capteur photo du Honor 7 (luminosité bien gérée, couleur bien respectée). Ici le capteur ne parvient pas à contrebalancer l?éclat du soleil sur les immeubles pour éclairer davantage la ruelle en contrebas. Résultats : l'avenue est plongée dans le noir. Cependant, la couleur du ciel est d'un bleu profond. Et il y a même de beaux contrastes dans les parties détaillées. C'est vraiment dommage que la luminosité ne soit pas mieux prise en charge.
Photo prise avec le Honor 5X
Une proposition incroyable... mais mal maîtrisée
En conclusion, malgré quelques défauts d?équilibre (au niveau de la plate-forme ou du capteur photo), le Honor 5X est un mobile étonnamment riche pour son prix, 230 euros. Audacieuse proposition que ce Honor 5X aux prestations premium : lecteur d'empreinte, écran Full HD, châssis métallique. Même si d'autres marques proposent certains de ces atours sous la barre des 250 euros, ce tiercé gagnant est encore assez rare. Sinon unique... Elle remise donc plutôt bien les tentatives de Wileyfox (Storm), Archos (Diamond Plus) et autre Asus (ZenFone 2 Laser).
Toutefois, nous ne pouvons pas passer outre les petits problèmes techniques de la plate-forme. D'autant que, pour quelques euros de plus, il est possible de s'approprier un téléphone presque aussi riche et largement plus dynamique. Nous en revenons donc à notre comparatif technique. Nous évoquions un chipset vieillissant, mais toujours actif en milieu de gamme : le Snapdragon 801, que l'on retrouve dans le Zuk Z1 (280 euros) et le OnePlus X (270 euros). Bien sûr, il y a 40 ou 50 euros d?écart. Mais leurs propositions sont tout aussi alléchantes.