Au terme du test de l?Aquaris E5 4G, nous n'avons pas été spécialement emballés par la proposition de la marque espagnole bq. Le smartphone, plutôt équilibré au demeurant, disposait, sous sa coque de polycarbonate, d'une plate-forme technique où la prise de risque est totalement absente. Celui qui se positionnait alors comme le Wiko à la sauce espagnole n?était donc qu'un suiveur, là où justement, avec le Wax 4G, la marque Wiko, elle, tentait un coup de poker audacieux avec le Tegra 4i de nVidia.
Avec l?Aquaris X5, dévoilé quelques jours après la fermeture du salon de Berlin de 2015, bq semblait mû d'une volonté de démarcation, au moins visuelle. Car, c'est certainement la première chose qui frappe dans ce X5 : son design. Avant d'en faire le tour, étudions tout d'abord la fiche technique de ce mobile :
- dimensions : 144,4 x 70,5 x 7,5 mm
- poids : 148 grammes
- ratio écran / taille : 67,7 %
- écran IPS Quantum Color+ 720p de 5 pouces (résolution de 294 pixels par pouce)
- protection de l?écran Asahi Dragontrail
- chipset Qualcomm Snapdragon 412 quad-core avec quatre coeurs Cortex-A53 cadencés à 1,4 GHz
- GPU Adreno 306
- 2 Go de mémoire vive
- 16 ou 32 Go de stockage interne (extensible par microSDHC, port dédié)
- batterie de 2900 mAh (non amovible)
- compatible LTE catégorie 4, WiFi n, Bluetooth 4.0, GPS (Glonass), radio FM
- Dual SIM (nano SIM)
- Chipset audio certifié Dolby Atmos
- capteur photo 13 mégapixels Sony IMX214 avec double flash LED, objectif à 5 éléments ouvrant à f/2.0. Compatible Full HD en vidéo
- webcam 5 mégapixels Samsung 5E2, objectif à 4 éléments ouvrant à f/2.0, flash LED, compatible Full HD
- Android 5.1 Lollipop avec surcouche (existe aussi avec CyanogenOS)
Pour les besoins de ce test, bq a fait parvenir à la rédaction le modèle 2 Go de RAM et 16 Go de stockage sous Android 5.1 Lollipop. Dommage, nous aurions été intéressés par la version CyanogenOS, notamment après avoir testé récemment trois smartphones avec la ROM alternative américaine (Zuk Z1, Wileyfow Swift et Storm). Cependant, nous ne bouderons pas notre plaisir de comparer les résultats obtenus par ce X5, premier mobile doté d'un Snapdragon 412 en Europe. Pour le reste, la fiche technique est, une fois encore, assez classique. Peut-être même un peu en retrait comparé à d'autres mobiles vendus à 250 euros.
Une amélioration du design visible
Toutefois, les atours de cet Aquaris X5 cache bien cette nature technique réservée. En effet, bq a soigné les angles (au propre, comme au figuré) pour offrir un mobile élégant, esthétiquement inspiré par le Galaxy S6 de Samsung, tout en conservant certains acquis ergonomiques. Nous en voulons pour preuve, notamment, l'arrière du téléphone, lequel n'est pas plat, mais légèrement incurvé sur les côtés. La coque arrière est en polycarbonate et légèrement surélevée, comme sur les Aquaris précédents. La position du bloc photo est toujours la même, mais l'ensemble capteur, objectif et flash a été légèrement revu dans un but uniquement esthétique. Notez aussi la disparition du micro secondaire à côté du flash. Celui-ci est désormais situé sur la tranche supérieure, avec le port jack 3,5 mm.
À l'avant, nous retrouvons une grande dalle tactile de 5 pouces avec une définition 720p. Elle est à nouveau recouverte d'une protection Dragontrail signée par le japonais Asahi Glass. Au-dessus, vous retrouvez les capteurs usuels et l?écouteur téléphonique, accompagné ici d'un flash pour les selfies. Sous l?écran, une surface tactile avec les trois touches de navigation d'Android. Elles sont désormais décorées avec le logo de bq au centre et un simple point lumineux sur les côtés. Si le résultat est plus esthétique, il perd cependant en ergonomie, puisqu'il n'est pas possible de distinguer au premier regard où est la touche retour et où est la touche multitâches (elles sont respectivement à gauche et à droite).
Les tranches, qui recouvrent donc les bordures de l?écran, mais pas celles de la coque, sont en aluminium. Très travaillées (notamment au niveau des bordures qui entourent l?écran), elles ont visiblement été inspirées par Samsung puisque leur épaisseur n'est pas uniforme (elle est plus fine sur les tranches latérales que sur les tranches inférieures et supérieures). Cette bordure métallique, qui accueille une partie des antennes radio (puisqu'elle compte des séparations « anti-antennagate »), est également bombée, ce qui a évidemment une incidence sur la prise en main.
Une bonne prise en main
Dernier point, l?Aquaris X5 est unibody : la batterie n'est pas amovible. Les deux ports SIM sont accessibles depuis un tiroir sur la tranche de gauche, tandis que le port microSD est disponible sur un second tiroir sur la tranche de droite, avec le contrôle du volume et de l'alimentation. La prise en main de l?Aquaris X5 est bonne, malgré un poids général (148 grammes) légèrement élevé. Grâce aux arrondis (sur les côtés et à l'arrière), la préhension du téléphone est qualitative. La construction est bonne et l'emplacement des quelques boutons matériels relativement bien placés (même si bq ne prend ici non plus aucun risque).
Malgré une résolution sous la barre des 300 pixels par pouce, l?écran de l?Aquaris X5 est agréable à regarder, car les couleurs sont justes et les contrastes sont dans la bonne moyenne. Cependant, il vous faudra certainement pousser la luminosité un peu plus que ce que suggère le réglage automatique d'Android. Nous aurions évidemment préféré une dalle 1080p avec un téléphone vendu à 250 euros. D'autres fabricants, comme Honor, Meizu, Alcatel, Archos et même Wiko (avec le Fever) proposent du Full HD sans dépasser les 200 euros. Alors, pourquoi pas bq ? De notre avis, il s'agit d'une simple conséquence du choix du chipset, le Snapdragon 412...
Une interface de plus en plus proche de celle des Nexus
Une fois allumé, l?Aquaris X5 présente le système d'exploitation Android en version 5.1 Lollipop (rappelons qu'au lancement du X5, Marshmallow n?était pas encore officialisé). L?OS est ici proposé dans une mouture légèrement customisée graphiquement. Comprenez que certaines icônes ont été revues par bq. Mais cela ne va pas plus loin : le constructeur a choisi de conserver une ergonomie générale très proche de l'expérience Nexus, ce qui n'est pas plus mal. Aucune customisation inutile donc, ni dans les menus, ni dans les zones de paramétrages.
Côté applications, bq a également été relativement raisonnable dans ses choix. Il n'y a pas de partenariat commercial, ni même de logiciel préinstallé complémentaire à la suite Google et aux outils d'Android « stock ». L'explorateur de fichiers EC3, notamment, a été remplacé par un équivalent plus générique. Nous notons également que QuickOffice (propriété de Google) n'a pas été remplacé par l'actuelle suite bureautique de la firme de Mountain View (certainement pour une question d'encombrement).
Au milieu de toutes les applications Google se trouvent deux intrus : BQ Plus et Dolby Atmos. Le premier est le service de protection premium (et payant, à 30 euros par an), tandis que le second est l?égaliseur audio qui accompagne le chipset éponyme. Avec l?Aquaris E5, nous avions évoqué la pertinence de Dolby. Et nous continuons de le penser.
Une ROM épurée et pourtant pas si légère
Avec une ROM aussi dénuée d'applications et de customisations (et donc de processus en arrière-plan), nous sommes évidemment étonnés que le système d'exploitation pèse aussi lourd plus de 3 Go monopolisés sur les 16 Go proposés dans la version que nous avons reçue en test. C'est beaucoup. Toutefois, malgré l'exiguïté de la plate-forme, le smartphone est resté fluide (environ 600 Mo de RAM monopolisés sur les 2 Go en moyenne). Toutefois, la batterie s'est déchargée relativement vite durant cette phase de test : vous ne dépasserez certainement pas la journée d'utilisation avec une charge complète (même si cela dépend évidemment de votre utilisation d'un smartphone).
Côté performance technique, nous avons évidemment été un peu déçus de la présence d'un Snapdragon 4XX dans un mobile présentant de si beaux atours, même s'il s'agit du Snapdragon 412. Car le 412 n'est rien d'autre qu'un 410 surcadencé (passant de 1,2 GHz à 1,4 GHz). Les coeurs restent identiques. Le GPU également. La RAM passe de 533 à 600 MHz. Et la connectivité reste identique. Bref, peu de changements vis-à-vis d'un chipset (le 410) sorti en 2014 : ça fait loin. Et cela se ressent dans les scores obtenus par l?Aquaris X5 dans les benchmarks : 29753 points sur AnTuTu v6, 602 points sur Basemark, 4982 points sur Ice Storm Unlimited. Voilà pour les scores principaux, nous vous laissons parcourir les différentes captures pour Geekbench et Slingshot.
Dans l'ensemble, comparé aux différents smartphones des marques évoquées précédemment (Honor, Meizu, Archos, Alcatel, Wiko), l?Aquaris X5 se positionne en retrait, simplement parce que le Snapdragon 412 est un chipset entrée de gamme et non milieu de gamme. À 200 euros environ, le Honor 5X, le Meizu m2 note, l?Archos 50 Diamond ou le Wiko Fever profitent de processeurs tels que le Snapdragon 615, Snapdragon 616 ou MediaTek MT6753. Du vrai milieu de gamme. L?Aquaris X5 se compare donc plus, techniquement, à des mobiles comme le ZenFone 2 Laser ZE500KL, le ZTE Blade V6 ou Wiko Pulp 4G et même au petit Swift de Wileyfox.
Une expérience multimédia pas toujours propre
Des performances entrée de gamme entrainent indubitablement quelques soucis en multimédia. Dead Trigger 2, sans surprise, fonctionne avec quelques difficultés (notamment quand les graphismes sont positionnés sur la meilleure qualité) : des saccades régulières, des temps de chargement parfois longs, sans parler des délais qui s'allongent entre le moment où vous sollicitez l?écran tactile et le moment où le jeu réagit. L'expérience n'est donc pas inoubliable. Notez aussi que le son issu du haut-parleur, situé à côté du port microUSB, est généralement obstrué par le doigt du joueur. C'est dommage. Si l'absence d'un écran Full HD est regrettable, nous comprenons ici pourquoi bq s'est abstenu.
Le résultat est bien meilleur en vidéo. Les images animées ont toujours eu tendance à sublimer les écrans, même quand la résolution n'est pas au rendez-vous. Le lecteur vidéo par défaut est évidemment Galerie, expérience « stock » oblige. Notre fichier de test est cependant passé et le son Dolby a été pris en charge. En revanche, les sous-titres incrustés sont passés aux oubliettes. Notez que l?égaliseur joue ici pleinement son rôle : positionnez-le sur cinéma, branchez des écouteurs et l?Aquaris X5 devient un lecteur vidéo agréable (et même bon, si vous optez pour une application tierce comme VLC).
De vraies améliorations en photo
Finissons par la photographie. Nous constatons d'abord que l'application photo a été mise à jour par bq lors de son passage à Lollipop. L'application sous KitKat était ergonomiquement peu avenante. Elle profite désormais de menus transparents et d'un éventail fonctionnel plus grand. Si vous glissez votre doigt dans tous les sens, il se passera forcément quelque chose : augmentation de la luminosité, passage d'un mode de prise de vue à un autre, aperçu des photos déjà capturées et surtout accès aux paramétrages experts. Parmi ces derniers, la longueur focale, le temps d'exposition, la balance des blancs, la sensibilité lumineuse, la grille de composition et l'activation du noir et blanc ou du HDR.
Tout cela pour quel résultat ? Quelque chose de lumineux (peut-être même un peu trop), et d?équilibré. Si le résultat est très proche de celui obtenu par l'IMX214 avec l?Aquaris E5 4G (et le Snapdragon 410), il est cependant légèrement meilleur, puisque toutes les zones de la scène sont visibles : la rue en contrebas et le ciel avec un joli bleu au-dessus des cheminées. Ceci est certainement le résultat d'un objectif ouvrant plus grand (f/2.0 contre f/2.2). Cependant, nous constatons toujours un petit problème de contraste, la scène étant globalement légèrement brumeuse. Un peu de granularité se fait ressentir dans les ombres également. Mais, globalement, les photos sont propres et exploitables.
Photo prise avec le bq Aquaris X5
Un mobile qui gagnerait à être plus offensif
En conclusion, l?Aquaris X5 est un smartphone qui devra d'abord vous séduire par son design très travaillé. Car la plate-forme technique arrive rapidement à ses limites, notamment si vous vous attendez à des performances milieu de gamme compte tenu du prix du téléphone : 250 euros. Cela doit être un achat « coup de coeur » (ou avec une belle promo), car, à quelques encablures de là, un peu en dessous des 300 euros, nous retrouvons des smartphones élégants et performants, comme le OnePlus X (à partir de 270 euros) ou le Zuk Z1 (280 euros).
Car c'est ça, le vrai problème de l?Aquaris X5, un problème que bq ne semble pas avoir résolu en un an : à performance équivalente, bq est toujours un peu plus cher. Quitte à choisir un mobile beau et performant, si le OnePlus X ne vous convient pas, nous vous conseillons le Honor 5X à 230 euros ou le Wiko Fever (200 euros).