Avec le G5, LG a prouvé que Google, Apple ou Samsung n'avait pas le monopole de l'inventivité. Mais cela sert-il vraiment les intérêts de l'utilisateur ? Voilà une question quasiment philosophique à l?heure où les constructeurs ont de grandes difficultés à redonner un peu de magie à la téléphonie mobile. Une magie nécessaire pour amener les consommateurs à dépenser plusieurs centaines d'euros dans un nouveau smartphone, mais pas toujours suffisante.
Une fiche technique à la hauteur de la concurrence
Et heureusement, le G5 n'est pas simplement le premier smartphone modulaire. C'est aussi le premier smartphone de LG sous Snapdragon 820. Après un G4 techniquement en demi-teinte, LG ayant eu peur d?être pénalisé par la mauvaise presse du Snapdragon 810, le G5 se hisse de nouveau parmi les modèles ayant la meilleure plate-forme technique du moment, face au HTC 10, à l'iPhone 6S et au Galaxy S7. En voici une vue d'ensemble :
- dimensions : 149,4 x 73,9 x 7,7 mm, avec châssis incurvé
- poids : 159 grammes
- écran IPS Quad HD de 5,3 pouces pour une résolution de 554 pixels par pouce.
- protection en verre minéral Gorilla 4 de Corning
- ratio écran/ taille du mobile : 70,1 %
- chipset Qualcomm Snapdragon 820 quad-core composé de deux coeurs Kryo cadencés à 2,1 GHz, deux coeurs Kyro cadencés à 1,6 GHz et un GPU Adreno 530
- 4 Go de mémoire vive
- 32 Go de stockage interne extensible par microSDXC
- batterie amovible 2800 mAh
- connexions : WiFi ac dual-band, Bluetooth 4.2 (compatible apt-X), A-GPS Glonass, NFC, infrarouge, radio FM RDS, LTE catégorie 12, lecteur d'empreinte digitale, USB type-C
- double capteur photo 16 mégapixels et 8 mégapixels, objectifs ouvrant à f/1.8 et f/2.4 respectivement, autofocus laser, stabilisateur optique sur trois axes, flash LE, compatible 4K en vidéo
- Webcam 8 mégapixels avec objectif ouvrant à f/2.0, compatible 1080p en vidéo
- Android 6.0 Marshmallow avec surcouche LG UX 5.0
Comparativement au G4, le mobile est légèrement plus haut et plus lourd, mais également moins large, conséquence de la baisse de la taille de la dalle tactile. LG a grandement amélioré la plate-forme en rajoutant de la RAM et un chipset plus que capable. Mauvaise surprise, en revanche : la batterie intégrée n'offre une capacité que de 2800 mAh, soit moins que le G4 (certainement une conséquence du changement de design). Heureusement, le design modulaire du téléphone peut pallier, dans certains cas, à cela. N'oublions pas non plus le nouveau bloc photo avec double capteur. Nous étudierons cela en temps voulu.
Une coque en métal avec un enduit spécial
Commençons d'abord par l'extérieur. Vous remarquerez d'abord que le smartphone, comme tous les modèles de LG sur le début de cette année, abandonne le châssis incurvé à l'arrière pour adopter un design beaucoup plus standardisé. La coque à l'arrière est droite et le bloc photo légèrement protubérant. Rappelons que la coque est métallique avec un enduit spécial pour la protéger. Ce n'est donc pas du plastique, malgré la sensation que cette combinaison procure sous les doigts.
Les coins gagnent aussi en rondeur, comme le Nexus 5X, ce qui modifie considérablement l'avant du mobile. Autre grande différence, la façade avant du mobile est légèrement incurvée vers l'arrière en haut et en bas (contrairement au Galaxy S7 Edge qui est incurvé vers l'arrière, mais sur les côtés latéraux), lui donnant un aspect bombé supplémentaire.
Un design bien différent du G4
L?écran tactile est toujours souligné d'une zone non sensitive où se trouve le logo. C'est bien le seul détail qui nous rapproche du G4. À l'arrière, nous retrouvons deux éléments importants. Le bloc photo déjà cité, ainsi que le lecteur d'empreinte digitale, en apparence très similaire au Nexus 5X, mais qui fait également office de touche de mise en marche. Vous remarquerez que les contrôles du volume ne sont plus présents à l'arrière.
Ils sont revenus sur la tranche de droite, à quelques centimètres du bouton pour accéder au Magic Slot. Nous y reviendrons. La tranche de gauche héberge le large tiroir où se trouvent les emplacements de la nanoSIM et de la carte microSD (port dédié). Sur la tranche inférieure, nous retrouvons le port USB type-C, le micro téléphonique et la grille du haut-parleur. À leur opposé se trouvent le port jack 3,5 mm, le port infrarouge et le micro secondaire.
Revenons donc sur le Magic Slot : il s'agit de la partie inférieure de la coque (celle positionnée juste en dessous de l?écran) qui se détache pour accéder à la batterie et insérer de nouveaux modules appelés Friends. Appuyez sur le bouton de la tranche pour actionner le mécanisme. Si détacher la partie de la coque est assez simple, enlever la batterie n'est pas si aisée (nous avons même eu peur de casser les pattes de fixation). Notez que le Magic Slot remplace évidemment la coque amovible du G4 qui a tant fait parler d'elle l'année dernière...
Une prise en main plus classique
Dans l'ensemble, le smartphone étant moins large et l?écran moins grand, le G5 est plus facile à manipuler que son prédécesseur. Le choix est donc très pertinent. D'autant que la perte de surface tactile (0,2 pouce) est clairement négligeable au quotidien. En outre, le retour des contrôles du volume sur les tranches est une bonne initiative, même si cela a dû en couter aux designers de LG qui avait réussi à en convaincre certains de l'intérêt de les déplacer. Nous attendons avec impatience qu'il en soit de même avec le lecteur d'empreinte.
Quant à l?écran, nous retrouvons ici tout le savoir-faire de LG Display : une dalle lumineuse, avec beaucoup de contraste et des angles de vision très larges. Les couleurs sont très bien respectées (même si elles manquent peut-être un peu tonus) et la précision de la dalle est exemplaire : 553 pixels par pouce, soit pratiquement autant que le Galaxy S7 et le HTC 10. L?écran est protégé par un verre Gorilla 4 de Corning, dont nous ne cesserons pas de louer les qualités en terme de réactivité et de fluidité.
Optimus UX 5.0 : la meilleure amélioration du G5 ?
Une fois cet écran allumé, nous arrivons sur Android 6.0 Marshmallow habillé de la nouvelle interface de LG : Optimus UX 5.0. Cette version est particulièrement riche en nouveauté, et nous n'aurons ici pas la place de tout présenter. Nous ferons donc un point sur les éléments qui nous semblent les plus importants, à savoir les changements intervenus dans les éléments quotidiens de l'interface. À commencer par le bureau d'accueil : comme vous le savez, Optimus UX 5.0 est la première version à supprimer le menu des applications (à l'image des ROM customisées chinoises comme celle de Meizu ou de Huawei). Grâce à une mise à jour de l'interface (disponible dès maintenant), il est possible de réintroduire ce menu s'il vous manque. Retrouvez ci-dessous les trois accueils proposés nativement (après mise à jour).
Avec ce changement en intervient un autre : la cosmétique d?Optimus UX. Les icônes des applications système et les principaux widgets ont été modifiés. Le navigateur webkit par défaut a été supprimé pour y installer directement Google Chrome par défaut. Le menu de paramétrage conserve son apparence par onglet thématique, mais adopte un design plus léger. Une remarque qui s'applique également à la zone de notification, entièrement customisable. Autre élément personnalisable (outre l'ensemble de l'interface qui s?habille selon les thèmes disponibles sur LG Smartworld), la prise en main du mobile.
Beaucoup d'applications additionnelles (et majortairement utiles)
Parmi les applications additionnelles (donc hormis celles d'Android Vanilla et la suite Google Play), LG offre une petite sélection de logiciels issus de partenariats marketing (Facebook, Evernote et Instagram), mais déploie surtout un large nombre d'applications maison supplémentaires. Nous retrouvons les acquis d?Optimus UX 4.0 : Smart Settings, Smart Bulletin, Smartworld, Smart Cleaning, Health, Quick Memo+, Quick Remote, LG Backup, la Galerie personnalisée, un client mail pour remplacer Gmail et le lecteur musical.
À cela s'ajoute un nombre étonnant de raccourcis vers des paramètres de gestion, accessibles directement sur l?écran principal, ainsi que l'application LG Friends Manager qui sert connecter le mobile à ses modules (par Bluetooth Low Energy) et, parce qu'il n'y a pas de petits profits, à en acheter de nouveau. L?écosystème applicatif de ce téléphone est extrêmement riche. Ce qui explique aussi pourquoi, sur les 32 Go de stockage interne, seulement 20 Go sont disponibles pour l'utilisateur. Notez qu'il est possible de désactiver certaines applications LG (en d'autres termes les cacher), comme Smartworld par exemple, mais pas de les supprimer pour libérer de la place. En outre, LG a eu la bonne idée de créer un espace tampon où sont placées les applications récemment désinstallées afin de les réactiver dans les 24 heures après leur suppression.
Des performances irrégulières
Malgré un système d'exploitation finalement assez lourd, le comportement du téléphone est toujours resté bon grâce à l'association du Snapdragon 820 à 4 Go de mémoire vive. Avec cependant deux bémols. D'abord, l'autonomie est loin d?être excessive. Comparé au HTC 10 et au Galaxy S7, ces deux principaux adversaires, le G5 est moins endurant. Il l'est également face à l'iPhone 6S. Second point, le Snapdragon 820 a davantage tendance à chauffer dans le G5 que dans le HTC 10. Est-ce à cause des dimensions du châssis, de la configuration de la carte mère ou encore au revêtement au dessus du métal qui empêche la conduction et l?évacuation de la chaleur ? Impossible de le savoir.
Côté puissance, le résultat est moins mitigé, mais pas parfait. Malgré une configuration identique à celle du HTC 10, le G5 obtient des résultats parfois très différents. Sur certains tests, il le dépasse, comme sur 3DMark. Mais sur d'autres, il est loin derrière, notamment sur AnTuTu où la différence ne se compte pas en centaines de points, mais en dizaines de milliers. Entrons dans le détail. Le G5 atteint 138 012 points sur AnTuTu v6 (contre 158 346 points pour le HTC 10). Sur Basemark OS II, il atteint 2070 points, soit légèrement au-dessus du HTC 10, mais derrière les iPhone, le P9 de Huawei et les Galaxy S7.
Sur Geekbench, il dépasse tous les autres modèles en single-core, mais reste derrière les Kirin 955 et Exynos 8890 en multi-core (ce qui peut paraitre logique compte tenu de la configuration du Snapdragon 820). Sur Quadrant, son score est largement en dessous du HTC 10. Sur 3DMark enfin, le G5 se positionne au-dessus du HTC 10, notamment sur les tests très exigeants en 1080p et 1440p. Ce qui explique peut-être pourquoi le smartphone chauffe un peu plus que son concurrent taïwanais.
Multimédia : très bonne, mais pas parfaite
Cette puissance graphique offre au G5 la capacité d'afficher relativement facilement tous les détails et toutes les textures d'un jeu en 3D, comme Dead Trigger 2, notre jeu étalon. Le jeu de tir à la première personne, qui nous a fait la mauvaise surprise de se positionner par défaut sur la qualité visuelle la moins bonne, s'est laissé dompté par un G5 plutôt agréable pour jouer, avec son grand écran Quad HD de 5,3 pouces. La dalle de verre renforcée est également un point très positif lors de cette session de jeu. Et nous imaginons bien que cela le restera durant plusieurs années, tant l?Adreno 530 et les quatre coeurs Kryo disposent d'une excellente puissance.
En revanche, côté multimédia, nous avons été légèrement déçus par la proposition logicielle de LG et de la surcouche Optimus. Comme l'année dernière, le lecteur vidéo par défaut, qui s'active à partir de la galerie photo, offre une expérience relativement modeste, notamment parce qu'il ne dispose pas de l?éventail complet des codecs usuels et n'intègre aucun paramétrage pour les sous-titres incrustés. Sur ce point, LG est largement en dessous des cadors de l'exercice, notamment Samsung avec le Galaxy S7, mais aussi la grande majorité des concurrents qui ont, jusqu'ici, quasiment été tous capables d'afficher au moins la vidéo et de jouer la piste audio de notre principal fichier test. Ici, ce n'est pas le cas.
Très lumineux en photo, mais pas assez net
Passons à la photo. Comme pour le P9, nous avons été particulièrement attentifs à la photo parce que l?équipement dédié est l'un de ses principaux arguments. Rappelons de quoi il en retourne exactement : le G5 est équipé de deux capteurs à l'arrière, un de 16 mégapixels et un de 8 mégapixels. Le capteur principal est équipé d'un stabilisateur optique, d'un objectif très lumineux (ouverture à f/1.8) et d'un autofocus laser. L'ensemble doit donc répondre aux trois grandes exigences de la photographie sur mobile : de la lumière, du piqué et de la netteté.
Photo prise avec le LG G5
Nous ne sommes pas entièrement convaincus par le résultat obtenu par le G5. Si la luminosité et l?équilibre de la photo sont excellents, puisqu'aucune zone n'est surexposée ou sous-exposée, il n'en est pas de même avec le contraste et la netteté. Les couleurs manquent de peps. Et le bruit vient est apparent assez rapidement en zoomant sur certains détails qui deviennent alors grossiers. Si globalement, les clichés offerts par le G5 conviennent au partage sur les outils de communication ou les réseaux sociaux, ils risquent en revanche de ne pas disposer d'une qualité suffisante pour une impression, malgré la présence d'un mode « pro » dans l'application dédiée.
Le meilleur des Gx depuis bien longtemps...
En conclusion, le G5 est un smartphone qui ne manque pas d'intérêt. Il s'agit certainement même du meilleur Gx de LG depuis plusieurs années. Un design remanié et parfois dans le bon sens (châssis unibody, mais batterie toujours amovible, par exemple). Une belle interface modernisée. Un équipement à la hauteur de l'ambition, notamment en comparaison du G4 qui était clairement en retrait. La proposition de LG est, de nouveau, à la hauteur des concurrents, comme chez HTC, Huawei et parfois même Samsung ou Apple. Et cela rassure quand ledit smartphone est vendu au même prix que ces derniers : 699 euros. Cependant, le G5 n'est pas parfait. Et même si aucun adversaire ne l'est vraiment, le G5 est parfois en retrait, notamment techniquement. Et c'est un petit peu dommage.
... mais une modularité qui n'est pas indispensable
Un mot avant de finir sur la modularité et l?écosystème Friends imaginé par LG. La marque ne nous a prêté avec le G5 aucun module supplémentaire pour réaliser ce test, ce qui peut paraître dommage. Seulement, cela ne nous a pas manqué. En réalité, ce qui devait être l'un des principaux arguments commerciaux de LG, la modularité de la proposition, n'est aujourd?hui qu'un gadget peut-être utile, mais dispensable. Cela vaut-il le surcout ? Assurément non. Espérons que cela le deviendra à l'avenir.