Depuis son arrivée officielle en France, nous sommes de plus en plus charmés par la marque Honor. Le Honor 6 était un bon produit avec un positionnement prix agressif, mais auquel il manquait encore une certaine précision dans la confection. Le Honor 7 était simplement un P8 reloooké et moins cher. Si vous aimiez l'un, vous adoriez l'autre. Le Honor 8 avait tout du P9, sans la certification Leica pour son double capteur photo. Mais c?était bien là la seule différence, hormis un prix plus bas. Et nous ne parlons pas des phablettes low-cost fort appétissantes : Honor 4X, Honor 5X et Honor 5C.
Même philosophie, même agressivité
Du Honor 6 au Honor 8, il y a comme une évidence : la marque souhaite jouer dans la même cour que les grands, à l'image de OnePlus et de Meizu, mais toujours avec des prix beaucoup plus bas que la concurrence, fut-elle coréenne, américaine, taïwanaise, japonaise ou même fraternelle. Car la marque Honor profite des développements du groupe (aussi bien matériels que logiciels), mais ne refuse pas pour autant de marcher sur les plates-bandes de la marque Huawei. Et, une fois encore, c'est le cas avec le Honor V9, successeur du Honor V8 (lequel n'a pas été commercialisé en France) renommé Honor 8 Pro en Europe, dont voici la fiche technique complète :
- dimensions : 157 x 77,5 x 7 mm
- poids : 184 grammes
- Châssis en aluminium à l'arrière et protection en verre renforcé Gorilla 3 de Corning
- écran LTPS Quad HD de 5,7 pouces d'une résolution de 515 pixels par pouce
- rapport entre écran et taille du mobile : 73,6 %
- chipset HiSilicon Kirin 960 composé de 4 coeurs Cortex-A73 cadencés à 2,4 GHz, de 4 coeurs Cortex-A53 cadencés à 1,8 GHz et d'un GPU ARM Mali-G71 MP8
- 6 Go de mémoire vive
- 64 Go de stockage interne (extensibles par microSDXC jusqu?à 256 Go supplémentaires)
- batterie 4000 mAh non amovible
- double capteur photo avec deux capteurs de 12 mégapixels, objectif ouvrant à f/2.2, flash dual-tone, autofocus à détection de phase et laser, compatible 4K en vidéo
- webcam 8 mégapixels à l'avant avec objectif ouvrant à f/2.0
- lecteur d'empreinte digitale à l'arrière
- compatible LTE, WiFi ac dual band (DLNA), Bluetooth 4.2, NFC, GPS Glonass, infrarouge et USB type-C, jack 3,5 mm
- chipset audio compatible DTS
- Emotion UI 5.1 sur une base Android 7.0 Nougat
Tout d'abord, vous noterez que le Honor 8 Pro offre des dimensions très proches du Mate 9, à quelques dixièmes de millimètres près. Il est aussi haut, un peu moins large et légèrement plus fin. Cependant, l?écran du Mate 9 est plus grand de 0,2 pouce. Les bordures du Honor 8 Pro sont légèrement plus épaisses. Le mobile dispose de 2 Go de RAM supplémentaires, d'un écran Quad HD et de tous les autres atouts du Mate 9. Sans oublier le chipset audio avec son DTS que nous explorerons ultérieurement. En bref, le Honor 8 Pro est meilleur que le Mate 9. Il pourrait même être aussi bon que le P10 Plus...
Un design très proche de l'iPhone 7 Plus
Avant d'en venir aux performances techniques et multimédias, faisons d'abord le tour du propriétaire. Le Honor 8 Pro reprend le design du Honor V8 de 2016. Puisque nous n'avons pas connu ce téléphone dans nos contrées, sachez que le mobile s'apparente plus à un iPhone 7 Plus qu'au Honor 8 : le dos du téléphone n'est pas couvert de verre minéral, mais d'aluminium, comme le P8 Lite (2017), le P10 Lite, P10 et le P10 Plus. Contrairement au Mate 9, le Honor 8 Pro a un dos bien droit au centre et offre des bordures incurvées. À l'avant, le smartphone ne présente qu'un écran tactile, sans bouton physique, ni surface tactile.
Vous remarquerez cependant une différence visuelle avec les modèles cités précédemment : les séparations pour les antennes ne sont cachées ni derrière une partie en verre, ni le long des tranches. Elles sont horizontales. Elles sont visibles. Et elles séparent la coque en trois parties, comme un iPhone 6 Plus. La séparation supérieure sert en outre d'alignement pour tous les éléments photographiques : les deux capteurs, l'autofocus laser et le flash. Sous cette ligne, là où se trouve habituellement les capteurs photo du Mate 9, se trouve le lecteur d'empreinte digitale à activer avec l'index. Nous préférons les lecteurs en façade. D'autant que celui-ci est n'est facilement accessible qu?à ceux qui ont de longs doigts.
Les tranches sont relativement sobres pour un modèle haut de gamme, notamment quand nous comparons avec celles du Galaxy S7 par exemple. Ici, la simplicité prime. Une simplicité qui se retrouve aussi avec le placement des éléments techniques : mise en marche et volume à droite, tiroir SIM et microSD à gauche, micro principal, USB type-C, haut-parleur et jack 3,5 mm en bas, infrarouge et microsecondaire en haut. La construction est qualitative (avec un tout petit peu de jeu entre la dalle de verre Gorilla et le châssis métallique sur notre unité de test). Et la prise en main classique.
Première dalle QHD de Honor
L?écran, une grande dalle LTPS et QHD de 5,7 pouces est l'une des bonnes surprises du Honor 8 Pro. Il s'agit du premier modèle QHD de la marque Honor à arriver en France (les Honor V8 et Honor Note 8 n'ayant jamais fait le chemin jusque chez nous). Et nous ne boudons pas notre plaisir : des angles de vision ouverts, de la finesse dans les graphismes, etc. D'autant que la luminosité est très bonne (même si elle l'est moins que celle du Mate 9).
Cependant, tout n'est pas parfait : le rendu des couleurs est moins bon que chez Samsung ou OnePlus (un peu trop froide), un défaut lié à la nature de la dalle que vous pouvez contrebalancer manuellement dans les paramétrages. Notez qu'il est possible de descendre la définition de l?écran du QHD au Full HD grâce aux profils énergétiques (et à l'activation de l'option dans les réglages). Cela offre, dans certains cas, un gain en autonomie et un surplus de puissance au chipset qui en aura peut-être parfois besoin.
EMUI un peu plus encombrée que sur le Mate 9
Une fois allumé, le Honor 8 Pro présente l'interface EMUI, ici en version 5.1 sur une base Android 7.0 Nougat. Il s'agit du premier smartphone, avec le P10 et le P10 Plus, doté de cette version de la ROM de Huawei. Les changements entre la version 5.0, du Mate 9 par exemple, et cette version 5.1 sont peu nombreux. Précisons simplement qu'elle aménage mieux les ressources système pour accélérer l'ensemble de l'expérience. En outre, elle tire parti de la présence éventuelle d'un pavé « home », lequel devient multifonction (comme celui de Meizu).
Pour le reste, il n'y a pas de grandes évolutions dans l'interface. EMUI ressemble de plus en plus à Android et de moins en moins à iOS, même si le tiroir des applications est désactivé par défaut (mais il est possible de le recréer). Le moteur de recherche global est toujours accessible en swipant du centre de l?écran vers le bas. En revanche, les réglages rapides sont tous revenus dans la zone propre à Android. Et le menu des réglages n'est plus calqué sur celui de l'iPhone. En étant finalement plus proche des standards d'Android, EMUI devient plus riche et acquiert une vraie personnalité. Et ce n'est pas plus mal.
Reste encore un problème, et de taille : le nombre d'applications préinstallées. Alors qu'il a baissé avec le Mate 9, le voici reparti à la hausse avec le Honor 8 Pro. Et nous ne parlons pas de celles de Huawei (Gestion du téléphone, Santé, Agenda, HiCare, Musique, Video, HiGame, Thèmes, Galerie, Bloc Notes, Vmall, Météo, Fichiers, etc.). Nous parlons plutôt des applications tierces : Facebook, Twitter, TripAdvisor, Jaunt VR, Booking.com, Opera (pourquoi installer un second navigateur Web ?), Instagram, Swiftkey et une demi-douzaine de jeux de Gameloft. Heureusement, la grande majorité de ces applications peuvent être supprimées définitivement pour gagner quelques dizaines de mégaoctets... voire plus.
De très bonnes performances (grâce au 6 Go de RAM)
Et ce ne sera pas du luxe. Car, même si le smartphone est doté de 64 Go de stockage, la ROM EMUI 5.1 en monopolise 11 Go. Il reste alors moins de 50 Go de stockage disponible pour l'utilisateur. Un chiffre comparable au Mate 9, ce qui est très logique puisque la phablette fonctionne sur une version d'EMUI presque identique. Mais ce poids est bien plus élevé que la concurrence : la ROM Oxygen de OnePlus, présente dans le OnePlus 3T, pèse environ cinq fois moins lourd et la ROM Touchwiz, basée sur Android Marshmallow, pèse moins de 7 Go (comme dans le Samsung Galaxy A3 (2017), par exemple). Côté RAM, EMUI 5.1 demande 2 Go en moyenne pour fonctionner. Heureusement, il y en quatre de plus pour les autres applications.
Enfin, l'autonomie du smartphone est au-dessus de la moyenne : sans être aussi bonne que celle du Mate 9 (grâce à l?écran Full HD), elle dépasse largement la journée d'utilisation grâce à une batterie de 4000 mAh associée à un chipset qui sait quand il doit ne pas être trop gourmand et quand il peut « lâcher les chevaux » ! Transition parfaite pour évoquer le Kirin 960, associé donc ici à un écran QHD et 6 Go de RAM. Nous allons certainement encore susciter des commentaires polémiques sur les résultats que nous avons obtenus avec les benchmarks usuels. Mais voici nos chiffres : 14670 points sur AnTuTu, 2952 points sur Basemark OS II, 1871 et 6393 points sur Geekbench (respectivement en single core et en multi core) et 28620 points sur 3DMark (Ice Storm Unlimited). Retrouvez d'autres résultats dans les captures d?écran ci-contre.
Notre interprétation (vous aurez certainement la vôtre) est celle-ci : le Kirin 960 est un chipset qui réussit à se rapprocher de l?Exynos 8890 (mais pas de l?Exynos 8895) grâce à un gain de puissance supplémentaire offert par le 6 Go de RAM, malgré une définition d?écran QHD. Mais nous sommes encore loin du SD821 (qui dépasse les 160 000 points sur AnTuTu avec 6 Go de RAM) et de l?Apple A10 Fusion (plus de 170 000 points avec 2 Go de RAM seulement). Nous voyons ici que le Kirin 960 gagne 2000 points sur Ice Storm Unilimited uniquement grâce à ses 2 Go de RAM supplémentaires, lui permettant de recoller avec les modèles sous Exynos 8890 qui n'ont que 4 Go de RAM.
À la lumière de ces résultats, nous réitérons donc notre avis sur le Mate 9 : le retard observé par ce dernier est dû à un manque d'ambition de Huawei qui préfère réduire le nombre de coeurs du GPU et le nombre de gigaoctets de mémoire vive pour baisser le prix de vente. C'est une stratégie intéressante, car elle augmente l'assiette des clients potentiels d'un téléphone haut de gamme. Mais elle a une contrepartie que nous avons développée avec le Mate 9.
A quand un bon lecteur vidéo chez Honor / Huawei ?
Le Honor 8 Pro dispose donc de belles ressources techniques. Reste à savoir si cela se ressent dans les usages multimédias. Tout d'abord avec le jeu vidéo : nous avons eu la mauvaise surprise de constater que Dead Trigger 2 se positionnait automatiquement au premier démarrage sur la moins bonne qualité graphique. Après avoir forcé le passage à la meilleure qualité, nous avons pu apprécier la puissance de la plate-forme et la qualité de l?écran au cours de quelques missions. La dalle tactile est très réactive. Le smartphone reste fluide en toute circonstance. L'expérience est donc très bonne.
En vidéo, nous retrouvons le même moteur de décodage que celui du Mate 9, lequel est comme toujours accessible depuis Galerie. Ce moteur est proche de celui d'Android AOSP, un outil capable de décoder de nombreux formats, mais qui n'est pas en mesure d'offrir des options additionnelles, comme l'affichage des sous-titres. C'est le côté négatif de l'expérience vidéo. Il y en a heureusement deux positifs : le grand écran QHD offre une très bonne expérience visuelle et le haut-parleur, situé sur la tranche, est très puissant. Attention cependant de ne pas l'obstruer avec un doigt...
Finissons enfin avec la vidéo : le Honor 8 Pro, contrairement au Mate 9 mais comme le Honor 8, repose sur un duo de capteurs 12 mégapixels (un RVB et un monochrome), associés à des objectifs ouvrant à f/2.2 et à un autofocus hybride. Le résultat est étonnamment bon. Meilleur même qu'avec le Honor 8 et le Mate 9. Deux explications possibles : le coprocesseur d'image du Kirin 960 a été amélioré vis-à-vis de celui du Kirin 950. L'application de contrôle des capteurs parvient mieux à tirer parti de l'association des images réalisées par les deux capteurs (images qui sont fusionnées pour améliorer la netteté et la luminosité).
Concrètement, les images sont globalement lumineuses et très équilibrées, puisqu'il n'y a que très peu de zones d'ombres (outre celle en bas à gauche). Nous avons profité d'une accalmie au-dessus de Paris pour réaliser la photo ci-contre : les quelques nuages sont bien dessinés, les voitures et les Vélib? en contrebas sont visibles. Capteurs 12 mégapixels oblige, des pixels apparaissent relativement rapidement en zoomant. En outre, nous regrettons que l'apport massif de luminosité (par la fusion des deux capteurs) baisse considérablement le contraste (avec un effet voilé). Les couleurs sont donc un peu délavées.
Voilà une phablette premium qui en a !
En conclusion, le Honor 8 Pro est une nouvelle preuve de la pertinence de cette marque alternative qui, à n'en pas douter, est l'un des architectes de la fulgurante explosion de Huawei entre 2015 et 2016. Il n'y a pratiquement aucune fausse note dans ce produit qui, à l?évidence, offrira à ses futurs propriétaires tout ce qu'ils sont en droit d'attendre d'un téléphone premium. C'est donc une excellente nouvelle que Huawei / Honor ait décidé que ce ne soit pas une exclusivité asiatique, contrairement à son prédécesseur.
Concurrent des HTC U Play, Meizu Pro 6 Plus ou OnePlus 3T, le Honor 8 Pro est surtout un excellent remplaçant du Mate 9, surtout si vous préférez le design des derniers iPhone. Si le Mate 9 se veut théoriquement plus haut de gamme, avec son bloc photo Leica et sa dalle 5,9 pouces, le Honor 8 Pro est techniquement au moins tout aussi performant que son cousin. Il est même meilleur là où il est important qu'il le soit, tout en étant beaucoup moins cher. Voilà encore une raison pour laquelle nous pensons que Huawei aurait dû uniquement offrir au marché français le Mate 9 Pro...