Le Nokia 3310 est un feature phone légendaire. Malgré le fait qu'il soit sorti il y a plus de 15 ans (il a été commercialisé en 2000), nombreux sont ceux qui continuent à le considérer comme l'un des meilleurs téléphones. Dans l'inconscient collectif, il est synonyme de solidité, de fiabilité et d'endurance. Les histoires de Nokia 3310 perdus il y a plusieurs années et retrouvés fonctionnels, malgré une conservation dans des conditions extrêmes (boue, eau, glace), ne sont pas rares. Une réputation, peut-être excessive, qui a desservi (même encore aujourd?hui) les smartphones, jugés trop fragiles, trop gros, trop compliqués et surtout trop dépendants d'une prise électrique.
Anachronisme ?
Quinze ans plus tard, avec le 3310 (2017), Nokia espère raviver l'engouement de tous ceux qui apprécient les qualités du feature phones et qui n'ont pas encore cédé à la tentation des smartphones (que ce soit sous Android, iOS ou Windows 10 Mobile). Un mobile qui se veut être le digne successeur du 3310 originel, mais qui n'en révolutionnait pas non plus le concept. Arrivé à la rédaction de LesMobiles.com, une question se posait : à l?heure où les tests que nous publions abordent davantage l'ergonomie de l'interface, la puissance des processeurs ou encore le rendu des capteurs photo, quel traitement apporter à ce mobile qui ne répond à aucune de ces caractéristiques modernes ?
Le Nokia 3310 originel, pour rappel
Dans l'impossibilité de proposer un test complet tel que nous vous les proposons aujourd?hui, nous avons décidé de réaliser une prise en main plus descriptive que critique, moins portée sur la technique et plus sur l'usage. Abordons-nous tout de même à une légère « fiche technique » :
- Dimensions : 115,6 x 51 x 12,8 mm
- Coque en polycarbonate (dos amovible)
- Ecran TFT QVGA de 2,4 pouces (résolution de 167 pixels par pouce)
- Ratio écran / taille : 30,3 %
- Batterie amovible de 1200 mAh
- Stockage interne : 16 Mo (extensible par microSD jusqu?à 32 Go supplémentaires)
- Compatible Edge, Bluetooth 3.0, radio FM, microUSB 2.0, jack 3,5 mm, dual SIM
- Capteur photo 2 mégapixels avec flash LED
- Système d'exploitation : Nokia Série 30+
Voilà une fiche technique particulièrement succincte. Pas de webcam. Pas de WiFi. Pas de 3G non plus. Mention du chipset et de la RAM inutile, puisque ce téléphone est avant tout... un téléphone (et non une petite tablette, une console de jeu ou un baladeur vidéo). Autant vous dire qu'après plusieurs années à tester presque exclusivement des smartphones, le choc est dur. Mais, si comme nous, vous avez été l?heureux possesseur d'un Nokia (pour ma part j?ai eu un N70, un N97 et une N-Gage QD), certains automatismes reviennent rapidement. Nous y reviendrons.
Evolution technologique
Pour l?heure, observons le design du téléphone. Il reprend esthétiquement grossièrement celui du Nokia 3310. En le regardant de face, vous remarquez que le 3310 (2017) est plus large au niveau de la ceinture, formée par les boutons de navigation, et plus fin au niveau des tranches supérieures et inférieures. Cependant, grâce aux progrès technologiques, les écrans sont désormais couleur, plus grands et mieux définis et les tranches sont plus petites. Avec un encombrement similaire à son illustre prédécesseur, le 3310 (2017) profite d'un affichage deux fois plus grand afin d'afficher le menu du système Nokia Series 30+ basé sur Symbian.
Toujours à l'avant, le nouveau modèle conserve le clavier téléphonique à 12 touches, mais il ne garde pas les trois touches mécaniques qui soulignaient l?écran. Menu, Décrocher et les flèches de navigation sont remplacés par trois autres touches, plus proches des us et coutumes de Nokia avant son rachat par Microsoft (et même après avec les Nokia 220, 225 ou 130. Une croix directionnelle avec touche confirmer au centre. Une touche double fonction de chaque côté : à gauche « raccrocher » / « options » et à droite « décrocher » et « retour ». Pas de surprise. Vous retrouvez même les combinaisons de touches historiques pour verrouiller et déverrouiller le mobile.
Les tranches sont dénuées de boutons. Pas de tiroir pour les SIM et la microSD non plus, puisque le capot s'ouvre (en exerçant une traction sur la l'emplacement prévu, sur la tranche inférieure du terminal) pour dévoiler les ports. Les tranches sont en fait pratiquement vierge de tout élément, à deux exceptions près : le port microUSB, pour charger le mobile et transférer des fichiers avec un PC (dans un sens ou dans l'autre), et le port jack 3,5 mm pour brancher un casque (nécessaire pour écouter la radio FM). Sur la coque arrière, deux éléments à retrouver : le haut-parleur mono, assez médiocre, et le capteur photo 2 mégapixels avec flash LED, lui aussi peu probant.
Moins bien que Symbian S60
Continuons dans la découverte du téléphone avec Nokia Series 30+. Il s'agit d'une version customisée du Symbian S30 avec des icônes plus modernes et quelques fonctions multimédias absentes du 3310 originel, mais que vous retrouviez davantage dans les séries N, C ou E. Les icônes du menu principal sont au nombre de 20. Et il vous faudra presque vous contenter de ceux-là.
Il y a ceux qui sont liés à l'usage téléphonique pur (journal d'appel, contact, messagerie, opérateurs, compteurs), ceux qui sont liés au « multimédia » (radio, photo, musique, appareil photo, vidéo), ceux qui sont liés à la vie de tous les jours (calculatrice, réveils, « extras » avec un convertisseur et une torche, dictaphone, fichiers, agenda, météo) ou encore ceux qui sont ludiques (Serpent dans une nouvelle mouture un peu moins amusante que la vraie, applis et jeux avec deux jeux signés Gameloft).
Grâce à un partenariat avec Opera, le 3310 (2017) dispose d'un navigateur Wap 2.0 et d'une « boutique » d'applications. Il y a cependant deux contraintes. D'abord, le nombre d'applications est plus faible que sur iOS et Android. Vous y retrouvez tout de même quelques réseaux sociaux : Facebook, Whatsapp, Twitter. Ensuite, surfer sur le Web et télécharger des applications est presque déconseillé. Pas de 3G. Pas de WiFi. Il reste la connexion Edge, laquelle est vouée à disparaitre. Et inutile de vous dire que le téléphone ne peut pas servir de modem... C'est le gros inconvénient de ce mobile : sa connectivité très réduite.
Simplicité à l'extrême
La prise en main du téléphone est donc d'un classicisme presque absolu, malgré une évidente volonté de renouvellement et de modernité. Difficile de changer une formule qui fonctionnait et qui se veut familière, sans tomber dans une impression tenace de déjà-vu. Les amateurs du feature phone et les réfractaires aux smartphones trouveront donc là un produit simple et efficace, à l'autonomie considérable. La promesse : un mois en veille et plus de 22 heures en communication. Voilà LA vraie force du 3310 (2017).
Nous n'aborderons pas la photo dans cette prise en main, car elle est anecdotique. Un capteur de 2 mégapixels ne remplacera pas un appareil photo compact, contrairement aux APN 12 mégapixels de l'iPhone 7 ou du Galaxy S8, et ce même s'il s'agissait du meilleur capteur photo 2 mégapixels (ce qui n'est pas le cas, malheureusement). Nous n'aborderons pas non plus la vidéo : sur un écran QVGA de 2,4 pouces, même si le mobile était capable de décoder vos séries, ce ne serait pas raisonnable pour vos yeux. Enfin, nous n'aborderons pas les performances de la plate-forme : même si nous avions été en mesure de lancer quelques benchmarks (ce qui n'est pas le cas, évidemment), cela aurait été futile.
Trop feature, pas assez smart
En conclusion, le 3310 (2017) est un feature étonnant, parce qu'il tente de remettre au gout du jour les feature phones, avec quelques services intéressants et modernes. Et le design hérité du 3310 originel (mais pas totalement copié non plus) fonctionne plutôt bien. Cependant, force est de constater qu'avec une connectivité digne de celle du début des années 2000, les services en ligne, comme le navigateur Web ou la boutique d'applications deviennent inutiles. Alors, oui, le 3310 (2017) peut se targuer d'avoir une grande, très grande autonomie. Mais elle est surtout accentuée par l'absence de services que peuvent offrir d'autres mobiles.