Tout savoir sur : Vous n'êtes pas prêts d'utiliser un mobile avec Ubuntu Touch !
Lancer un nouveau système d'exploitation pour mobile sur un marché mondial tel que celui que nous vivons ne demande pas simplement quelques deniers à dépenser et de bonnes idées pour se différencier. Car Canonical, l'éditeur de la distribution Linux Ubuntu, a déjà démontré qu'il avait dépassé ce stade. Il faut également de la patience et du réalisme. Lors d'une session « Ask me anything » sur le portail Reddit, le community manager de l'éditeur, Jono Bacon, a passé un message aux consommateurs technophiles : arriver à mettre les mains sur un smartphone sous Ubuntu Touch ne sera pas si facile en 2014.
Qui pourrait avoir envie d'acheter un Ubuntu Touch ?
La question paraissait pourtant anodine : « décrivez l'acheteur d'un mobile sous Ubuntu ? Qui est le consommateur idéal ? » Pourtant, la réponse de Jono Bacon va plus loin qu'un simple profil. Il insiste d'abord sur le fait que les utilisateurs d'Ubuntu Touch disposeront d'un mobile polyvalent, mais pas d'un grand catalogue d'applications. Ensuite que le développement commercial d'Ubuntu Touch n'est pas uniforme en fonction des marchés. Car les grandes entreprises de la mobilité, constructeurs et opérateurs, ne sont pas intéressées par un OS naissant, en développement et dénué d'applications. Et qu'elles ne le seront pas en 2014.
Seuls les petits constructeurs saisiront l'opportunité
Alors, où trouver un Ubuntu Phone cette année ? Selon Jono Bacon, il faudra se tourner vers les équipementiers de moindre importance, à l'image du chinois Meizu qui devrait adapter son haut de gamme MX3 au système d'exploitation de Canonical. Le community manager confie que ces constructeurs prennent moins de risque à saisir une opportunité tactique avec un mobile Ubuntu sur des marchés spécifiques, notamment émergents. Si le succès est au rendez-vous, il espère que cela attirera le regard d'acteurs plus importants. Tout ne dépend donc pas soit de la volonté des constructeurs à supporter l'OS, soit de l'accueil des consommateurs, mais des deux.
Applications sous Ubuntu Touch : le problème de l'oeuf et de la poule
De même avec les développeurs d'applications, Canonical semble coincé dans un cercle vicieux. Jono Bacon confie qu'il a contacté des sociétés comme Whatsapp pour supporter Ubuntu Touch. Mais ce dernier a spécifié qu'il n'était pas intéressé pour l'instant. Pas assez de clients potentiels pour espérer un retour sur investissement. De l'autre côté, les constructeurs sont demandeurs d'applications, car ils savent que le succès commercial d'un OS en dépend. Windows Phone et BlackBerry OS en sont deux bons exemples : l'un progresse tandis que l'autre recule, et la complétude de leur écosystème n'y est pas étrangère. Pour Ubuntu, c'est le paradoxe de l'oeuf et la poule : il faut des applications pour attirer des constructeurs, il faut des mobiles pour attirer les développeurs.
Canonical ne tire pas parti de son histoire sur le PC
Et si la solution venait des entreprises ? Jono Bacon avoue que Canonical s'adresse à elles. Mais le fait-il vraiment ? Car, quelques questions plus loin, le community manager explique que l'éditeur a fait le choix de ne pas faire de lien entre Ubuntu pour PC et Ubuntu pour mobile, alors que les entreprises souhaitent justement travailler l'intégration des systèmes. Apple fait exactement le contraire et le résultat est là : la marque à la pomme gagne des marchés au nez et à la barbe de BlackBerry et Samsung. La mission de Canonical s'annonce donc dure, éprouvante et loin d'être gagnée.