C'est un véritable coup de théâtre qui a eu lieu ce week-end dans les télécoms. La vente de SFR par Vivendi n'en finit pas de créer des surprises. A l'heure où deux dossiers, celui de Numericable et celui de Bouygues Telecom, ont été déposés pour le rachat de l'opérateur au Carré Rouge, Bouygues Telecom a décidé de prendre une longueur d'avance grâce à une annonce stratégique surprenante, mais parfaitement calculée.
En effet, Bouygues Telecom a annoncé être entré en négociation exclusive pour la cession à Free d'un réseau de téléphonie mobile et d'un portefeuille de fréquences 2G/3G/4G pour un montant s'élevant jusqu'à 1,8 milliards d'euros.
Seule condition à cette opération : le rachat de SFR par Bouygues Telecom qui a déposé son dossier cette semaine. Avec cet accord Bouygues Telecom espère présenter à l'Autorité de la concurrence des mesures visant à maintenir une dynamique de marché au bénéfice des consommateurs, Free se déclarant dès maintenant acquéreur (« upfront buyer ») d'un réseau et de fréquences. Toujours selon Bouygues Telecom, cet accord et la fusion Bouygues Telecom SFR, contribueraient au retour du secteur de la téléphonie mobile à un équilibre permettant de dynamiser l'emploi, de réaliser les investissements souhaités par les pouvoirs publics et de développer la qualité de service et l'innovation au bénéfice des consommateurs.
Martin Bouygues a déclaré : « Je me félicite de cet accord permettant de présenter à l'Autorité de la concurrence un projet de fusion entre SFR et Bouygues Telecom assorti désormais de mesures assurant une forte concurrence par les infrastructures sur le marché français de la téléphonie mobile.»
Une aubaine pour Free
Difficile d'imaginer Martin Bouygues et Xavier Niel assis autour d'une table signant un tel accord. Dans une guerre sans merci, les deux patrons ennemis se sont donc réconciliés sur le terrain financier. Un véritable business case.
Si Bouygues Telecom rachète SFR, Free fera une excellente opération stratégique et financière en acquérant le réseau Bouygues Telecom. Il achèterait, pour moins de 1,8 milliards d'euros, un réseau complet 2G, 3G mais également 4G. Il en profiterait également pour se passer de l'accord de roaming signé avec Orange, ce qui lui permettrait d'économiser près de 700 millions d'euros par an.
« Dans une configuration de marché revenu à trois acteurs, cette opération permettrait à Free Mobile d'accélérer sa dynamique commerciale ambitieuse au bénéfice du consommateur dans un contexte de concurrence par les infrastructures en renforçant considérablement son autonomie et son portefeuille de fréquences. »
Free a les moyens de financer cette opération. Le groupe Iliad est en bonne santé financière et a déjà annoncé que cette opération a vocation à être financée avec les ressources propres et bancaires du groupe et sans recours à une augmentation de capital.
