Japan Display est entré à la Bourse de Tokyo la semaine dernière. Introduction la plus importante au Japon en ce début d’année, l’événement, qui devait rapporter 2,4 milliards d’euros, s’est soldé par une première journée de cotation plutôt mauvaise : le titre a fini la séance en recul de 17 %, à 706 yens, ce qui est assez mauvais signe. D’autant que le prix d’introduction était situé en bas de fourchette, à 763 yens, donc à un montant relativement modeste. Le haut de la fourchette se situait plutôt autour des 900 yens...
Une baisse de l'action, alors que l'entreprise est leader...
Le comportement du titre de Japan Display sur les marchés financiers est assez incompréhensible. Car la société est l’un des principaux fabricants de dalles LCD pour smartphones et tablettes. Parmi ses concurrents, les divisions des deux géants coréens LG et Samsung, ainsi que son compatriote Sharp. Japan Display, formé en 2012 par la réunion des divisions « écran » de trois industriels japonais : Sony, Hitachi et Toshiba. Financée à hauteur de 200 millions de dollars par un fonds d’investissement gouvernemental japonais, l’entreprise est aujourd’hui le fournisseur exclusif de dalles pour les iPhone et iPad. De quoi donc, logiquement rassurer les marchés financiers.
... et rentable, avec de bonnes perspectives de développement
Rentable, Japan Display profite également de l’envol du marché chinois des smartphones. Cette entrée en bourse avait pour but de financier la création d’une nouvelle usine d’une valeur de 700 millions d’euros destinée à fournir des écrans aux constructeurs chinois. Cette somme considérable ne peut être obtenue qu’en bourse, ou par un rachat (ce dont le gouvernement japonais s’est bien gardé). Ce n’était donc pas une opération de refinancement, mais bien un plan de développement à long terme. Les objectifs de Japan Display prévoient de tripler le bénéfice d’exploitation sur l’exercice qui va clôturer au 31 mars. Autant de signes très encourageants.
Japan Display victime de la politique économique de Tokyo ?
Les raisons de la baisse de la valorisation boursière de Japan Display ne seraient finalement pas à chercher du côté des finances ou du développement de l’entreprise, mais du côté de la politique du gouvernement japonais, jugée comme inadaptée par les investisseurs étrangers. Ce sont eux qui auraient fait baisser le prix d’introduction du titre par une moindre demande (la part leur étant réservée ayant reculé de 45 à 37,5 %), et leur frilosité aurait entraîné le cours vers le bas. En cause, la hausse de la TVA, effective en début de semaine prochaine, associée à un relatif immobilisme de l’État. Selon les analystes financiers, interrogés par Reuters, un retour en grâce du titre Japan Display devrait être attendu en avril, lors de la publication de ses résultats.