Les Nord-Coréens ont la bombe atomique, alors pourquoi pas des smartphones ? L’idée n’est pas inintéressante et la téléphonie mobile pourrait être un vecteur d’élévation sociale, même si la censure est omniprésente. Mais, avec la Corée du Nord, rien n’est vraiment très simple. La preuve une fois encore avec l’Arirang AS1201, premier smartphone sous Android « fabriqué » localement.
Un smartphone comme outil de propagande ?
L’histoire de ce mobile est passionnante, parce qu’il a fait l’objet d’une campagne de propagande nationaliste. D’abord, Arirang est le nom coréen de ce festival où des centaines de Coréens se déplacent pour former des chorégraphies gigantesques à la gloire de l’histoire de la nation. Ensuite, il a été présenté lors d’un reportage TV où le leader de la dictature coréenne visitait les locaux d’une usine où le mobile était fabriqué. Le document a été diffusé en août dernier et a fait le tour du monde. Les technophiles ont évidemment émis quelques réserves sur la faisabilité d’un smartphone en Corée du Nord (matériaux, composants, machines, savoir-faire, etc.).
Où sont les chaînes de montage ?
L’histoire est passionnante, car le smartphone cache aussi quelques secrets. Contrairement à ce que souhaite nous faire croire le gouvernement de Pyongyang, l’Arirang n’est pas un smartphone fabriqué localement. Dans le reportage de l'été dernier, aucune chaîne de montage, évidemment, mais des postes de travail où les mobiles sont branchés à des PC et mis dans des boîtes. Il s’agit certainement des dernières phases de conception avec l’implémentation d’une ROM locale. En fait, le mobile aurait été fabriqué par les mêmes usines que les mobiles de la marque chinoise Uniscope.
Une ressemblance frappante et troublante
Des photos, dévoilées par le site GSM Insider en provenance d’une source japonaise, indiquent que l’AS1201 est une copie presque conforme à l’U1201 d’Uniscope sorti en décembre dernier. Comme il est impossible de connaître la configuration de l’AS1201, l’hypothèse est que ce dernier s’appuie sur la plate-forme de son modèle. Soit un Snapdragon S4 Pro MSM8225 cadencé à 1,2 GHz, 768 Mo de mémoire vive, 4 Go de stockage interne, un capteur photo 8 mégapixels à l’arrière et une webcam 2 mégapixels à l’avant. L’écran tactile de 4,3 pouces propose une définition qHD (960 x 540).
A gauche, Uniscope U1201 ; à droite Arirang AS1201
L’arrivée d’un mobile nord-coréen est amusante, bien sûr, mais provoque une question essentielle. Pourquoi sortir un smartphone sous Android, avec visiblement un navigateur Web (dernière icône des raccourcis), si les Coréens du Nord n’ont pas le droit d’accéder à Internet ? Et quel besoin d’avoir un smartphone s’il n’est pas possible de l’agrémenter d’applications tierces ? Voilà un paradoxe curieux.