Tout savoir sur : Rachat de SFR par Altice/Numericable : pour Patrick Drahi, « C'est le résultat du mérite »
Patrick Drahi, le patron d'Altice, n'a pas boudé son plaisir lors de sa dernière conférence de presse du 7 avril à Paris, deux jours après l'annonce du choix de Vivendi séduit par le projet industriel, les 13,5 milliards d'euros en cash et les 20% de participation dans le nouvel ensemble. Mais le plus dur est à venir pour l'homme d'affaires : réussir la fusion du leader du câble avec le deuxième opérateur mobile.
« Je suis très heureux de la décision de Vivendi qui a été prise à l'unanimité (...) C'est la logique industrielle qui l'a emporté. C'est le résultat du mérite. » a déclaré le patron d'Altice.
Dans les faits, le rapprochement de Numericable et de SFR ne se fera pas avant la fin de l'année. Rappelons que c'est la marque SFR qui va perdurer, car elle bénéficie d'une notoriété nationale plus forte que la marque Numericable, qui sera donc amenée à disparaître tout comme les 140 boutiques du câblo-opérateur qui deviendront à terme des boutiques SFR.
Eric Denoyer, PDG de Numericable, Patrick Drahi, Fondateur d'Altice et Dexter Goei, PDG d'Altice (conférence de presse, le 7 avril à Paris)
Quant aux offres, Patrick Drahi a d'ores et déjà indiqué qu'elles seront très fortement simplifiées, et que les offres mobiles ne verront pas leur tarif augmenter. En revanche, les offres quadruple-play très haut débit devraient permettre au nouvel ensemble d'améliorer ses marges avec un ARPU qui pourrait être revu à la hausse, de l'ordre de 5 euros. Quoi qu'il en soit, les offres seront lancées au closing, pas avant. Le nouvel ensemble devrait également investir fortement dans les infrastructures pour encore les améliorer afin d'accroître la qualité de service. Le câblo-opérateur affiche 9,9 millions de prises, et rappelle également qu'il est présent sur tout le territoire. Il vise 12 millions de foyers raccordables dès 2017, et les 15 millions pour 2020, sur un total de 26 millions de foyers français.
Comme précisé lors de la conférence de presse du 17 mars dernier, l'ambition de Numericable est claire : connecter le réseau de SFR avec celui de Numericable, pour faire de cette nouvelle entité un champion national, voire européen, du très haut débit fixe et mobile.
Le point sur les accords avec Bouygues Telecom
Lors de la conférence de presse, Patrick Drahi a confirmé que l'accord de mutualisation conclu entre Bouygues Telecom et SFR n'était nullement remis en cause. Il sera maintenu, voire amélioré selon l'intéressé. Rappelons que cet accord doit permettre aux deux opérateurs de mutualiser leurs réseaux, afin de réaliser des économies, et d'améliorer leur couverture mobile.
L'autre accord, conclu cette fois entre Numericable et Bouygues Telecom, concerne la fibre. Le patron d'Altice a rappelé que Numericable était le leader du très haut débit en France avec 1,041 million de clients, et que le contrat fibre conclu avec Bouygues Telecom, qui utilise le réseau de Numericable pour ses clients Bbox Fibre, avait vocation à durer.
Martin Bouygues critique les pratiques de Vivendi
Dans un entretien accordé au quotidien Le Figaro, le patron du groupe Bouygues revient sur la vente de SFR et dénonce les pratiques employées par Vivendi.
Très remonté contre les dirigeants de Vivendi, Martin Bouygues revient sur cette bataille : « C'est Jean-René Fourtou qui m'a convaincu en janvier de m'intéresser à la vente de SFR, en m'assurant de la pertinence et de la faisabilité de l'opération (...) Pour des raisons qui me sont inconnues, Jean-René Fourtou a totalement changé d'attitude un peu avant le dépôt de notre première offre. De futurs partenaires, nous sommes devenus soudainement des gêneurs. Tout a été fait pour ne pas permettre à Bouygues de présenter ses offres et ses arguments au Conseil de surveillance. Les anomalies se sont multipliées ».
Concernant l'avenir de Bouygues Telecom, Martin Bouygues est clair : « Bouygues Telecom peut rester seul car il peut compter sur le groupe Bouygues, qui peut lui fournir des moyens importants pour gagner la rude bataille qui s'annonce ».