Jusqu'en 2013, les deux principaux constructeurs chinois, Huawei et ZTE, ont été timides sur le marché français, leurs stratégies étant basées sur des accords de marque blanche avec les opérateurs. ZTE, notamment, alors même qu'ils auraient dû profiter de la montée en puissance de l'open-market, a finalement abandonné ses marques et ses smartphones pour les offrir à SFR et Bouygues Telecom.
Mais l'arrivée de plusieurs concurrents pour venir les taquiner, comme les jeunes et dynamiques OnePlus ou Meizu, sans parler de Lenovo et Xiaomi, probablement en route également, le force à sortir du bois et à envisager une stratégie plus agressive... et s'appuyant surtout sur sa propre marque. Si nous attendons encore le premier Nubia officiellement localisé, la gamme Grand S lui sert d?éclaireur. Comme ce Grand S Flex, dont la sortie est loin d?être aussi stratégique que tactique.
Théoriquement un concurrent pour le Wiko Wax
Car le Grand S Flex se veut d'abord être une prise de position sur un segment particulièrement en vogue ces derniers mois : les smartphones 4G à moins de 200 euros. Plusieurs ont été annoncés ou sont sortis récemment. Nous pensons naturellement au Moto G 4G de Motorola. Nous pensons à l?Ascend G740 de Huawei. Nous pensons aux Helium 45 et 50 d'Archos. Nous pensons au Pop S3 d'Alcatel One Touch, peut-être le moins cher, mais aussi le moins qualitatif du point de vue de l?écran.
Et surtout, nous pensons au Wax de Wiko. Testé la semaine dernière, il est certainement le meilleur de cette catégorie avec son chipset Tegra 4i nerveux et son écran 720p de 4,7 pouces. Un bon équilibre qu'il va être très dur de bousculer pour ZTE. Notamment avec ce Grand S Flex, présenté pour la première fois en novembre dernier et arrivé ces jours-ci au prix de 179 euros, hors subvention.
Une fiche technique intéressante... pour 2013 !
Sur le papier, le Grand S Flex n'arrive pas à concurrencer le Wax. ZTE a en effet opté pour une configuration trop minimaliste pour espérer avoir une chance de se mesurer à un Tegra 4i. Le chipset choisi est un des fonds de tiroir de chez Qualcomm : le MSM8930, un Snapdragon 400 composé de deux coeurs Krait cadencés à 1,2 GHz et d'un Adreno 305 pour la partie graphique. Voici en détail le reste de cette fiche technique :
- Écran IPS 720p de 5 pouces
- Chipset Snapdragon 400 MSM8930 dual-core cadencé à 1,2 GHz
- Processeur graphique Adreno 305
- 1 Go de mémoire vive
- 16 Go de stockage interne (non extensible)
- Capteur photo principal 8 mégapixels avec flash et autofocus
- Capteur visio 1 mégapixel
- Batterie 2300 mAh (non amovible)
- Compatible LTE, DLNA, WiFi n, Bluetooth
- Chipset audio optimisée Dolby Digital Plus
- Android Jelly Bean 4.1.2
- Dimensions : 143 x 70 x 8,9 mm
- Poids : 130 grammes
Nous sommes très étonnés de voir un Snapdragon 400 dual-core dans un smartphone doté d'un écran 720p. Notez qu'il est cependant théoriquement capable de décoder des fichiers vidéo 1080p. Nous pensons qu'une partie des ralentissements, que nous verrons par la suite, sont dus à ce choix.
Un châssis unibody qui tient parfaitement en main
Mais commençons par le design. Le Grand S Flex propose un châssis robuste et unibody (batterie non amovible) dont la partie en plastique faite d'une seule pièce entoure presque entièrement l'arrière et les tranches du mobile. Seule une petite partie de l?épaisseur de l?écran ressort. De face, le ZTE Grand S Flex ressemble beaucoup à d'autres modèles de la gamme Grand, avec la forme très distinctive de l?écouteur situé au-dessus du logo. En bas, toujours une zone tactile pour les touches de navigation.
À l'arrière, nous retrouvons deux détails qui sautent aux yeux. À commencer par la zone dédiée à l'appareil photo de 8 mégapixels et son flash. En bas, un haut-parleur puissant et plutôt bien situé vis-à-vis du placement naturel des doigts. Sur les tranches, l?éventail classique des connectiques et boutons : allumage, volume, jack 3,5 mm, microUSB (curieusement placé) et microSIM. Mauvaise surprise : pas d'extension microSD pour rajouter de la mémoire. Heureusement, le Grand S Flex dispose de 16 Go de mémoire interne.
Le haut parleur à l'arrière est plutôt bien placé
Un écran HD 720p très lumineux
À l'allumage, le Grand S Flex se trouve être plutôt assez lumineux, même quand le réglage automatique (par défaut) est enclenché. Les angles de vision sont plutôt bons et les couleurs plutôt bonnes. Comme de nombreux concurrents, le Grand S Flex propose une définition 720p avec un écran de 5 pouces. Les pixels se voient donc à l'oeil nu (ce qui explique aussi en partie ce gain de luminosité), mais l'impression reste toutefois bonne. Les couleurs sont ben reproduites et le contraste reste satisfaisant.
Un port carte SIM, mais pas de port microSD
Le système d'exploitation proposé ici est une version datée d'Android : Jelly Bean 4.1.2. Cela est certainement dû à la présence du Snapdragon S4 Plus, lequel doit être optimisé pour cette version. N'espérez pas une mise à jour vers une version ultérieure, même si de bonnes surprises ne sont pas impossibles. L'interface est assez élégante, non intrusive, et reste fluide. Quelques petits ratés de temps en temps, mais rien de considérable.
Ecran d'accueil, widget calendrier et écran de verrouillage
Au-dessus d'Android, ZTE propose une légère surcouche pour adapter certaines icônes (comme le navigateur Web), certains éléments du système (le clavier particulièrement) et les systèmes de raccourcis, via l?écran de verrouillage ou un widget flottant. Appelé Mi-Pop, ce dernier est amusant. Il déporte simplement les touches de navigation Android afin de les rapprocher de vos doigts si vous avez de petites mains. C'est pratique. Quelques applications systèmes ont également été modifiées (appareil photo, gestionnaire des tâches) tandis que d'autres disposent d'une alternative (musique, lecteur vidéos, sauvegarde et restauration).
Le clavier ZTE (à gauche), le lecteur musical (au centre) et le centre de sauvegarde (à droite)
ZTE ajoute à cela quelques applications tierces parmi lesquelles la version payante de Kingsoft Office, Full Share (pour accéder en DLNA à des serveurs multimédia) et Dolby Digital Plus (qui accompagne le chipset audio). Le tout se révèle plutôt fonctionnel (et pourra être complété par la suite grâce au Play Store).
Full Share (à gauche), Dolby Digital Plus (au centre) et Kingsoft Office (à droite)
Des résultats techniques anachroniques
Comme toujours, nous avons réalisé quelques tests techniques avec l'outil AnTuTu pour savoir à quoi nous en tenir avec le Grand S Flex. Il s'avère que le mobile ne parvient à obtenir qu'une note très moyenne. Selon les tests effectués, la note varie d'un petit 12 000 points à un maximum de 13 000 points, selon les conditions. Mais jamais mieux. Il ne fallait certainement pas en attendre plus, d'abord d'un dual-core, ensuite d'un S4 Play, enfin d'un chipset cadencé à 1,2 GHz. Par comparaison, le Tegra 4i du Wax (qui obtient le double du score) s'appuie sur 4 coeurs Cortex-A9 cadencés à 1,7 GHz et sur un GPU de 60 coeurs.
Dans le classement des smartphones, le Grand S Flex est légèrement meilleur qu'un Galaxy S2 (de 2011 quand même) et bien en dessous du Redmi de Xiaomi qui dépasse largement les 15 000 points. Dans son rapport détaillé, AnTuTu souligne que le couple de coeurs Krait est la plus grande faiblesse du chipset, lequel s'en sort mieux sur la partie graphique grâce à l?Adreno 305.
De beaux graphismes, mais un manque de fluidité
Cela a évidemment une incidence sur l'usage en multimédia. Le Grand S Flex offre une expérience de jeu plutôt correcte avec des applications légèrement gourmandes. Dead Trigger 2, notre jeu étalon, a eu plus de difficultés. D'abord dès l'installation, car nous avons rencontré quelques petits problèmes d'accès à la mémoire de masse (un petit bug certainement lié à l'application pour connecter le mobile au PC). Ensuite lors du démarrage du jeu, où les ralentissements étaient les plus sévères. Enfin durant la partie, quand notre personnage était cerné, le Grand S Flex ne savait pas gérer à temps l'afflux d'informations. Dommage, car, graphiquement, il s'en sortait plutôt bien. Nous soupçonnons également le S4 Plus d?éprouver quelques difficultés à gérer un écran 720p.
Dead Trigger 2 sur ZTE Grand S Flex
Presque un sans-faute en vidéo
En vidéo, le Grand S Flex s'en sort particulièrement bien. Très bonne surprise, le lecteur vidéo proposé dans le Grand S Flex a été capable de décoder la grande majorité des fichiers de test, même en 1080p. Et ceci, aussi bien en format MKV qu'en format MP4. Trois détails font du Grand S Flex un bon lecteur vidéo. D'abord son haut-parleur puissant à l'arrière. Ensuite le chipset Dolby Digital Plus pour optimiser le rendu audio. Enfin le casque intraauriculaire pour les amateurs qui fréquentent les transports en commun.
Lecteur vidéo Grand S Flex
Des photos assez ternes
Pour la photo, en revanche, le Grand S Flex ne sera satisfaisant que pour des usages liés au partage sur les réseaux sociaux ou par messagerie. En revanche, oubliez rapidement l'envie de les imprimer, car le résultat n'est pas à la hauteur de cet usage. En effet, le résultat en mode automatique est assez terne et surexposé. Les couleurs manquent de tonus et semblent délavées. Avec un bon logiciel de retouche photo, vous serez certainement à même de revoir le contraste et la luminosité pour redonner du piqué aux prises de vue. Mais rien de plus. L'interface photo est plutôt complète, avec plusieurs modes de prises de vue, l'accès à quelques réglages et un mode HDR en prime.
Interface photo du Grand S Flex
?Photo prise avec le Grand S Flex
Difficile de rivaliser désormais avec le Wiko Wax
En conclusion, à choisir entre le Grand S Flex et le Wax, optez définitivement pour le mobile de Wiko, d'autant qu'ils sont proposés tout deux au même prix. Si nous avons été un peu échaudés par les quelques petits accrocs du Wax, celui-ci est clairement meilleur, notamment au niveau technique. Un peu chiche, c'est vrai, sur la mémoire interne (laquelle est extensible), la proposition de Wiko est plus équilibrée, notamment entre l?écran et le chipset. Car c'est là le gros point noir du Grand S Flex : si vous décidez de sortir des sentiers battus de la messagerie, des réseaux sociaux et de YouTube, la limite technologique risque de dégrader votre expérience, surtout si vous êtes joueur.