C’est souvent durant la période estivale, où l'activité économique tourne plus lentement, que les grandes figures de l’industrie et high-tech changent d’entreprise. Un nouveau grand patron a bouclé ses cartons. Et pas des moindres puisqu’il s’agit d’Alan Mulally, PDG de Ford. Souvenez-vous, l’été dernier durant la grande saga du remplacement de Steve Ballmer à la tête de Microsoft, plusieurs noms revenaient sans cesse : Satya Nadella, ex patron de la division Cloud et Entreprises, aujourd’hui CEO de Microsoft, Stephen Elop, aujourd’hui en charge de Microsoft Mobile (ex Nokia Devices & Services), et Alan Mulally, un proche de l’ancien PDG du géant de Redmond. Mais le constructeur automobile a fait savoir pendant les tractations du conseil d’administration que son patron comptait rester à la tête du groupe automobile, « au moins jusqu'en fin d'année prochaine [propos tenu en décembre 2013] ». Il semble en fait qu’il avait d’autres objectifs.
Il voulait bien partir, mais pas chez Microsoft
Car 6 mois plus tard, Google publie un communiqué de presse qui indique que le patron vient d’entrer au conseil d’administration de la firme de Mountain View (et donc chez un concurrent direct de Microsoft sur de nombreux marchés), au comité des audits. Son bureau est occupé depuis le 9 juillet dernier. Le communiqué officiel indique qu’Alan Mulally « a tenu le poste de CEO de Ford Motor Company (...) de septembre 2006 à juin 2014 » et était « membre du conseil d’administration de Ford en tant que membre du comité des finances de septembre 2006 à juin 2014 ». Impression confirmée par la bio de l'ex patron chez son ex employeur : il est parti le 1er juillet.
Un homme bourré de talents précieux
Ingénieur aéronautique et astronautique, Alan Mulally a trois facettes très intéressantes pour Google. D’abord le management. Google étant une pieuvre tentaculaire, il est important de mettre un certain ordre dans cet ensemble d’entreprises et de filiales imbriquées les unes aux autres. Alan Mulally aura donc certainement un rôle de conseil pour gérer ces divisions.
Ensuite ses connaissances en automobile. Durant 8 ans, Alan Mulally a dirigé Ford. Il sait quelles sont les attentes des constructeurs. Une aide précieuse dans la bataille qui attend Android Auto face à Apple CarPlay pour accaparer les fabricants d’envergure mondiale.
Enfin, ses compétences en aéronautique seront certainement utiles pour des projets très spécifiques. Nous pensons évidemment au projet Loon de ballons stratosphériques pour accéder à Internet en zone blanche.
Une nomination qui aura certainement plus de sens à moyen terme
Ce nouveau changement est plus un symbole qu’une vraie révolution, contrairement à la nomination de Sundar Pichai l’année dernière quand il a remplacé Andy Rubin à la tête d’Android. Car Alan Mulally ne va pas changer fondamentalement un projet, un concept ou un produit de Google. Il ne va pas en piloter, puisque son rôle sera d’abord d’apporter du conseil.
Et du conseil, il en faut. Le nombre de projets et de services chez Google (applications, logiciels, accessoires connectés, prototypes de smartphone, infrastructure, systèmes d’exploitation, Cloud, etc.) en fait certainement un capharnaüm qu’il devient difficile de piloter, même pour le triumvirat de Google, Larry Page, Sergey Brin et Éric Schmidt. En revanche, à long terme, l'arrivée d'Alan Mulally pourrait avoir bien plus d'impact, sur le business. Le manager pourrait même prendre un rôle plus actif à moyen terme. Qui sait ?