Tout savoir sur : 70 milliards de chansons écoutées en streaming en 6 mois aux U.S.
Le marché américain de la musique est une vision du futur. Il suffit de voir comment il évolue pour comprendre vers quoi l’Europe (et la France) tend. Et clairement, la musique devient non seulement dématérialisée, mais elle n’est plus la propriété du consommateur. Il n’achète plus sa musique, que ce soit dans une boutique physique ou réelle. Il la consomme sans compter, qu’il soit abonné ou utilisateur gratuit. Nous en voulons pour preuve la dernière version du baromètre Nielsen SoundScan avec les chiffres de distribution (physique et dématérialisée) de musique aux États-Unis sur le premier semestre 2014.
Le streaming musical augmente de 42%
Le premier chiffre à noter est l’évolution du streaming musical (audio et vidéo) : 42 % de hausse par rapport au premier semestre 2013, soit 70 milliards de chansons écoutées. Le streaming audio progresse de 50,1 %, tandis que le streaming vidéo, toujours en retrait, réalise une hausse de 35,2 %. À l’inverse, tous les autres canaux de distribution baissent (sauf la vente des vinyles qui est un cas à part). Les albums digitaux baissent de 11,6 %, les albums physiques de 19,6 % et les singles de 13 %.
Quand les ventes d’albums (digitaux et physiques) sont ajoutées à leurs équivalents en streaming, la baisse n’est plus que de 3,3 %. Ce qui a trois conséquences. D’abord, le streaming musical peine à rattraper toute la baisse en volume des canaux de distribution traditionnels. Il faudra certainement encore attendre quelques semestres (voir années) pour que le streaming musical contrebalance vraiment en volume. Et encore plus en valeur.
La seconde conséquence concerne l’usage. Alors que la hausse de l’écoute musicale en streaming est de 42 %, la baisse des ventes d’album est de 15 % environ, mais elle est pourtant quasiment totalement contrebalancée par le streaming. Cela montre certainement un changement comportemental de la consommation de la musique. Les utilisateurs papillonnent, préfèrent les playlists et suivent les recommandations. Ils n’achètent plus un album pour l’écouter en boucle.
Le streaming fait baisser les ventes d'album, mais lutte contre le piratage
La troisième conséquence concerne le piratage. Que la vente d’albums soit quasiment stagnante grâce au streaming montre que les Internautes ne téléchargent plus illégalement de la musique, puisqu’elle est accessible sur les services tels que Spotify (lequel est passé gratuit sur les mobiles, ce qui joue certainement beaucoup). Même si ce dernier et ses concurrents contribuent clairement à éradiquer le piratage musical, il leur faudra enrichir leur catalogue de ces genres musicaux qu’ils ne couvrent pas aujourd’hui. Le combat est donc loin d’être gagné, même s’il est plus que jamais à leur portée.
La musique est un excellent exemple de ce que doit être la consommation légale de média sur Internet. Le succès de Spotify place enfin les traditionalistes de la vente obligatoire des chansons devant le fait accompli. Heureusement, des entreprises comme Netflix et Amazon l’ont bien compris. Bien sûr, iTunes perd du terrain. Dans un article précédent, nous montrions que la première boutique mondiale de musique dématérialisée a vu son audience payante divisée par 2,26 en 2 ans. D’où l’importance du rachat de Beats Music afin de rattraper iTunes Radio. En espérant qu’Apple ait appris la leçon et qu’il ne fera pas la même erreur avec les films et les séries TV.