Tout savoir sur : Tizen est-il une victime collatérale des mauvais résultats de Samsung ?
Au-delà de la bonne blague de l'éternelle remise à plus tard, l’histoire de Tizen est assez triste. Et il semble que le projet soit de plus en plus compromis. Car même Samsung semble être trop frileux pour se lancer seul dans la commercialisation d’un smartphone avec sa propre plate-forme. Un article publié par l’agence de presse AFP affirme que Samsung aurait déclaré ne plus vouloir commercialiser son smartphone sur le troisième trimestre. Raison évoquée : « améliorer encore l’écosystème Tizen ». Le constructeur ne s’est pas aventuré à donner une nouvelle date de lancement. Selon certaines rumeurs, le Samsung Z pourrait ne pas voir le jour avant 2015... s’il finit par sortir.
Déjà reporté il y a deux semaines à peine
Il y a deux semaines, nous rapportions un article du Wall Street Journal qui confirmait que le géant coréen avait décidé de ne pas lancer le 10 juillet en Russie le Samsung Z, contrairement à ce qu’il avait prévu. Il évoquait alors un manque flagrant d’applications. Il faut dire : à sa conférence des développeurs, des samples de son smartphone n’étaient même pas présents pour alimenter l’imagination des développeurs. Comment les amener dans ces conditions à ce qu’ils consacrent du temps à développer des logiciels dédiés ? Impossible évidemment.
Oui, il manque des applications...
L’absence d’applications dans un système d’exploitation moderne est évidemment une assez bonne raison pour reporter le lancement d’un nouvel écosystème. Après l’expérience Bada. Après les mésaventures de Palm/HP avec WebOS, de Nokia avec S60 et Maemo, et les difficultés (passées) de Microsoft et (présentes) de BlackBerry, la frilosité de Samsung est compréhensible. D’autant que la position de Samsung n’est pas aussi solide qu’auparavant. À l’époque de Bada, le géant coréen pouvait pratiquement tout se permettre. Même lancer un nouvel OS sans l’appui des opérateurs (surtout dans un marché international de plus en plus porté sur l’open-market). Désormais, ce n’est plus le cas.
Samsung plus fragile que jamais ?
Et c’est peut-être ça la véritable raison de ce nouveau report. Les résultats préliminaires de Samsung montrent que le groupe coréen est toujours leader mondial, mais que pour garder ses parts de marché, il doit batailler ferme et dépenser de l’argent pour convaincre les opérateurs, les distributeurs et les consommateurs d’acheter ses produits. Le chiffre d’affaires baissera sur le second trimestre, malgré le lancement commercial du Galaxy S5 en avril, ainsi que la marge. Samsung n’a donc plus l’argent, ni la puissance nécessaire pour se passer des opérateurs (comme NTT Docomo ou Orange) lors d’un lancement aussi capital.
Mieux vaut-il enterrer Tizen sur mobile que subir un échec ?
Et il ne peut se permettre non plus d’essuyer un échec sur Tizen, Samsung ayant investi énormément pour se créer une occasion unique de s’éloigner de la relation symbiotique qui s'est créée entre lui et Google, via Android. Car si Tizen est un échec, la firme de Moutain View en profiterait pour prendre l’ascendant dans sa relation avec Samsung, protégé jusqu’à aujourd’hui par sa position de leader mondial. Dans ce statu quo, l’OS alternatif est une arme à double tranchant que le constructeur hésite aujourd’hui à utiliser, de peur de faire une grosse erreur.
Mais Tizen ne disparaîtra pas pour autant. Attendu dans des téléviseurs connectés, des montres interactives et certainement d’autres produits électroniques (comme un appareil-photo, sa première incarnation), il attendra patiemment. Mais, évidemment, plus Samsung attendra, moins l’engouement des développeurs sera fort, et moins les probabilités d’une sortie dans un mobile seront grandes.