Le segment des smartphones 4G low-cost était cantonné en début d'année à la fourchette de prix comprise entre 150 et 200 euros environ. Une fourchette où se regroupent quelques champions du rapport qualité-prix tels que le Wax de Wiko, le Soshphone 4G de LTE et une floppée de smartphones sous Snapdragon 400. Puis fin août, coup de théâtre, le segment low-cost compatible haut débit mobile est passé sous la barre des 150 euros avant de franchir celle des 100 euros. Notamment avec le 45 Helium d'Archos et le Kite 4G de Wiko. Dans cette configuration un peu difficile commercialement, développer un smartphone 4G à 150 euros devient compliqué. Car il faut vraiment prouver sa valeur ajoutée.
Un concurrent théorique au Soshphone 4G
Second smartphone testé dans nos colonnes après l'Alpha 8, le Race Jet 4G est la déclinaison LTE du Race Jet « classique ». Mais pas seulement. Au-delà du simple ajout d'un modem haut débit pour enrichir les capacités réseau du chipset MediaTek, la marque en profite également pour renforcer le stockage interne et la webcam, sans oublier de mettre à jour la version d'Android. Une mise à jour salvatrice, donc, puisque le Soshphone 4G, vendu au même prix chez Orange, est une référence du rapport qualité-prix. Mais comme vous le verrez, il n'est pas toujours à niveau.
Faisons d'abord le tour du propriétaire au niveau, d'abord avec la liste des composants :
- Ecran IPS 5 pouces doté d'une définition qHD (960 x 540) soit une résolution de 220 pixels par pouce
- Chipset MediaTek MT6582 composé de quatre coeurs Cortex-A7 cadencés à 1,3 GHz et d'un GPU Mali 400 MP2 cadencé à 500 MHz
- 1 Go de mémoire vive
- 8 Go de stockage interne (extensible par microSD)
- Batterie 2020 mAh
- Capteur photo 8 mégapixels rétroéclairé, compatible Full HD en vidéo
- Webcam 5 mégapixels avec capteur rétroéclairé
- Connectivité 4G, Bluetooth 3.0, WiFi n, USB 2.0, GPS
- Chipset audio optimisé Dolby
- Poids : 148 grammes
- Épaisseur : 8,5 mm
- Android KitKat 4.4.2 avec surcouche Infinix
Le bilan de cette fiche technique est bon, sans être toutefois extraordinaire. Il est bon, parce que l?évolution attendue depuis le Race Jet est vraiment là. Il n'y a aucune ambiguïté. En revanche, comparée à celle du Soshphone 4G, cette fiche technique est mitigée. Le mobile signé ZTE propose 16 Go de stockage interne, mais n'offre par de port d'extension. Il est plus léger. Il dispose d'une dalle 720p et non qHD. Il est Bluetooth 4.0 (lequel est légèrement moins gourmand que le Bluetooth 3.0). Et, même si c'est une histoire de goût, il est livré avec un Android quasiment intacte. Mais le Race Jet n'est pas dénué d'intérêt, le premier étant son capteur 5 mégapixels en façade. Dommage qu'il soit limité au VGA en vidéo.
Un design inspiré du diamant... mais en plastique
Seconde partie de ce tour du propriétaire, le châssis. Lui aussi, il fait débat. À l'avant, nous retrouvons une dalle tactile avec des bordures assez larges, notamment sur les côtés. En haut, un petit écouteur surligné par la marque. À ses côtés, les différents capteurs, dont la webcam. En bas, toujours cette surface tactile avec les trois boutons de navigation. Contrairement à Samsung, HTC, Meizu ou même Mobiwire, Infinix n'en a pas profité pour personnaliser les icônes. Et elles sont visibles en permanence. Nous comprenons l'intérêt de cette surface, mais il n'est pas interdit d'y mettre sa patte.
Vous remarquerez que le châssis du mobile vient entourer la dalle capacitive à l'avant, offrant un peu de couleur à l'ensemble. Cette couleur se retrouve sur l'ensemble du smartphone, et notamment à l'arrière où Infinix joue la carte du classicisme. Un capteur photo légèrement protubérant avec une bague métallisée.
Dessous, le flash, surmontant le logo. À gauche du capteur, le micro pour la réduction de bruit active. Tout en bas, au centre, le haut-parleur et la mention « Dolby » pour attester d'une meilleure qualité audio. Nous verrons ça par la suite. La coque se pare en outre d'une texture « diamant touch » qui joue sur le relief pour proposer un effet plus beau visuellement qu'agréable au toucher.
Sur les tranches, la mode est ici à la bichromie. Beaucoup de rouge (couleur du modèle de prêt) et du gris (couleur qui se retrouve sur tous les modèles. Incroyable sobriété des tranches qui sont non seulement bien droites, mais également désertes de tout bouton matériel inutile. Nous retrouvons à gauche le volume, à droite la mise en veille, en haut le port jack 3,5 mm et en bas le port microUSB et le micro principal. Vous remarquerez dans le coin inférieur à droite l'encoche pour ouvrir le capot en plastique. À l'intérieur, une grande batterie (étonnant qu'elle ne fasse que 2020 mAh), un port microSD et un port pour la carte SIM.
Un mobile pour les grandes mains
La prise en main du Race Jet 4G est dans la norme, même si les dimensions du smartphone ne le destinent pas aux petites mains. Comparé au Soshphone 4G, le mobile est plus long, plus large ET plus épais. Un millimètre supplémentaire à chaque fois, c'est suffisant. Grâce à sa texture en diamant, le mobile est moins glissant que d'autres modèles en plastique, en aluminium ou en verre minéral. Il n'y a en revanche pas de sensation qualitative au toucher. Samsung, qui a (clairement) l?habitude de travailler le polycarbonate est clairement capable de mieux dans ce domaine.
La dalle tactile est agréable au toucher. Sans offrir la glisse d'un Gorilla Glass, le Race Jet 4G propose un écran réactif, qui répond rapidement aux sollicitations. Nous avons éprouvé quelques ralentissements, mais nous pensons que cela est dû au système d'exploitation et non à la dalle en elle-même. Les angles de vision sont bien ouverts. La luminosité est également bonne (le réglage automatique a clairement tendance à baisser la luminosité, ce qui n'offre pas une lisibilité idéale). Le contraste n'est pas franchement excellent et les couleurs un peu délavées. De notre point de vue, le smartphone pâtit clairement d'une définition un peu juste pour une dalle de 5 pouces. Le 720p est clairement devenu une norme à respecter aujourd?hui, même sous la barre des 200 euros.
Une interface légèrement retravaillée
Une fois l?écran allumé s'affichent Android et la surcouche maison d?Infinix. Une surcouche qui rappellera à certains celles de Meizu ou de Huawei. À savoir qu'il n'y a pas de menu dédié aux applications comme sous Android « stock », puisqu'elles sont toutes présentes sur les différents panneaux du bureau. De fait, ce dernier devient rapidement beaucoup plus brouillon. D'autant qu?Infinix ne range pas par défaut, contrairement à HTC ou Samsung, les applications dans des dossiers thématiques. Une quarantaine d'icônes sont donc visibles. C'est beaucoup trop, car l'intérêt du menu application, à l'origine, est justement d?éviter d'encombrer les bureaux comme pouvaient l?être ceux de l'iPhone avant la création des dossiers.
Les icônes d'Android stock ont été modifiées, ainsi que celles de Google Play Services
Comme pour l?Alpha 8, Infinix a largement modifié ici l'aspect d'Android et des applications système. Le constructeur a même fait quelques modifications depuis ces derniers mois. Nous retrouvons les icônes Google Play Services au look étrange. Nous retrouvons aussi les logos avec trame transparente habillés d'un à plat orangé, la zone de notification sur le même ton et le menu de paramétrage assez bien pensé. Nous retrouvons également trois navigateurs web différents : le navigateur Webkit d'Android, Chrome de Google et Opera Mini. Pour quelle raison rajouter Opera ? Nous n'avons pas la réponse.
Menu des paramètres et zone de notifications
Nous avons également remarqué un partenariat commercial avec Gameloft puisque sont préembarqués une demi-douzaine de jeux. Enfin, nous avons vu plusieurs applications complémentaires dont certaines sont bien connues : Whatsapp, Viber, Swiftkey, Film Studio (montage de films), Hyper Envoi (partage de fichiers centralisé sur réseaux sociaux) et Palmplay (recommandation d'applications et de jeux).
Des performances légèrement au dessus des attentes
Dans l'ensemble, le système fonctionne relativement bien. Cette surcouche est bien loin des standards ergonomiques et graphiques, même chez les constructeurs chinois comme Huawei, Xiaomi, Oppo, Alcatel OneTouch ou Meizu. La navigation par les touches du pavé tactile est presque conventionnelle, à la différence près que l'icône « multitâche » se comporte comme une touche « menu », l'accès aux applications en arrière-plan se faisant en touchant deux fois le bouton « home ». Pas très pratique. Le tout avec quelques petits défauts comportementaux dont nous parlerons en fin de ce test.
Cependant, soyons clairs, le Race Jet LTE n'est pas un smartphone pour tous les profils d'utilisateurs. En cause, une plate-forme qui ne fait pas toujours que des miracles. Nous avons rencontré cette plate-forme à plusieurs reprises ces derniers mois lors de nos tests. Wiko Rainbow. Wiko Getaway. Acer Liquid Jade. Rappelons aussi que ce chipset anime tous les modèles Android One pour l'Inde. Il n'y a donc pas de quoi se vanter.
Pourtant, le Race Jet LTE s'en sort avec les honneurs. Près de 2900 points pour le Mali 400-MP2 sur 3DMark, ce qui est dans la moyenne. Plus de 19 000 points sur AnTuTu, alors que la concurrence tourne autour des 17 000 points, c'est beaucoup mieux. Nous attribuons cette meilleure note à Android KitKat et à la résolution de l?écran, plus faible.
Une plate-forme multimédia encore imparfaite
Ce petit gain de performance ne se perçoit malheureusement pas dans les usages multimédias. Car c'est la partie GPU qui est principalement sollicitée. Notre « éternel » Dead Trigger 2 est parvenu à fonctionner sans problème avec la qualité des graphismes réglée sur basse. Avec la meilleure définition, cela s'est évidemment un peu gâté, tout en restant jouable, ce qui est remarquable. Nous voyons ici pourquoi le smartphone a obtenu des notes au-dessus de la moyenne pour son chipset.
En vidéo, nous retrouvons les mêmes limitations que sur les smartphones concurrents. Mais aussi les mêmes capacités. Le smartphone est compatible MP4 et MKV, les deux formats les plus usuels. Le Full HD passe très bien, malgré quelques petites saccades de temps à autre. Le lecteur vidéo est ici celui fourni avec Android « stock ». Il n'est pas compatible avec le format audio DTS et ne décode pas les sous-titres encapsulés dans les fichiers MKV.
La position du haut-parleur, au milieu de la face arrière, s'est trouvée être surprenante, car il ne s'est trouvé que très rarement coincé sous un doigt. Comme nous pouvions nous y attendre de la part d'un haut-parleur mono plutôt petit, le son dégagé est correct, et le reste même quand le son est réglé à son maximum.
Un appareil photo encore trop approximatif
En photo, le capteur 8 mégapixels ne fait pas d?étincelles. En basse luminosité, il ne parvient pas à faire un choix homogène entre les zones sombres et les zones plus éclairées. Résultat : la photo manque de piqué, car floue, bruitée ou brûlée, au choix. Quand les conditions de luminosité sont homogènes et bonnes, le résultat est correct, sans toutefois surprendre, comme vous pouvez le constater ci-dessous.
Photo prise avec l'Infinix Race Jet 4G
Le capteur est contrôlé par une application photo moins customisée que celle de l?Alpha 8, très proche (sinon identique) à celle d'Android « stock ». De même pour les outils d?édition photo où l'ensemble des outils habituels est présent (ajustement colorimétrique, cadrage, échantillonnage, balance des blancs). La présence en permanence des deux boutons pour déclencher une photo ou une vidéo est une bonne idée. L'interface est peut-être inadaptée à l?écran : alors qu'il n'y a que quatre icônes sur le côté gauche, l'une d'entre elles est tronquée. Il faut alors balayer le doigt vers le haut pour la faire apparaître et l'activer.
Un environnement à peaufiner
En conclusion, le Race Jet 4G est un smartphone qui fonctionne bien. Il est capable de prendre en charge toutes les applications quotidiennes classiques, ainsi que quelques usages multimédias (si l'usager n'est pas trop exigeant). Sans être encore qualitative, l'expérience offerte par la surcouche tranche avec d'autres constructeurs du même segment de prix. Un critère différenciant sur lequel il faut encore travailler pour en faire un atout à l'avenir.
C'est par exemple le cas sur le clavier QWERTY quand le paramétrage de la langue est sur français. Pas que cela soit gênant, mais cela montre que des optimisations sont encore à faire. Car la concurrence est rude sur le segment des mobiles 4G à moins de 200 euros. Sans écran HD et avec une plate-forme identique (ou équivalente) à celle de nombreux adversaires, il faut plus qu'une interface graphique originale pour convaincre.
Pour les besoins de ce test, nous avons reçu une unité de prêt au comportement curieux, même après avoir installé toutes les mises à jour disponibles. Nous avons essayé de ne pas en tenir en compte lors de notre test et notre jugement final. Nous devons cependant les évoquer, car il pourrait s'agir d'un problème récurrent. Certains soucis ont disparu grâce à l'application de certains patchs. Les erreurs d'accès à la mémoire interne du téléphone pour télécharger les mises à jour ont par exemple été corrigées.
Mais les redémarrages intempestifs quand le mobile est en veille sont toujours de la partie. Ainsi que l'impossibilité de sortir le smartphone de son sommeil s'il s?éteint seul (sans appuyer sur le bouton dédié). Il faut alors ouvrir la coque, enlever la batterie et la remettre, au risque de perdre certaines données. Cela a dégradé notre impression à priori positive. Espérons qu'il s'agit là d'un problème de notre modèle de test...