Tout savoir sur : Allô Japon #8 : le phénomène Puzzle & Dragons
Classé parmi les 50 jeux les plus populaires de tous les temps au Japon, Puzzles & Dragons peut se vanter d'être un véritable phénomène de société avec pas moins de 30 millions de téléchargements rien que dans son pays d'origine.
Lancé par la société GunHo (qui appartient à Softbank) en 2012, le jeu a tout balayé sur son passage grâce à un concept malin et des achats via l'application qui rapportent beaucoup.
La bonne recette
Pourquoi un jeu a du succès ? Les réponses à cette question peuvent être légions. Mais c'est avant tout dû à un bon concept. Puzzle & Dragons repose ainsi sur plusieurs recettes qui, ensemble, proposent un jeu totalement addictif.
Il se présente comme une suite de combats dans des donjons avec une équipe de monstres qui peuvent améliorer leurs capacités au fil des victoires. Jusque là rien de bien original, mais le système de combat est la clé de l'engouement qu'il suscite. Là où de nombreux RPG (jeux de rôle) imposent des systèmes de combat compliqués complexes, "Pazudora" (comme les joueurs le surnomment au Japon) propose de combattre avec un gameplay où il faut aligner des symboles à chaque tour comme dans Candy Crush. Cette simplicité ajouté à des effets graphiques colorés touchent un large public, et pas seulement les hardcore gamers.
Pour enfoncer le clou, Puzzle & Dragons exploite comme bien d'autres l'une des cordes sensibles des joueurs nippons : la collectionnite aigüe. En effet, les monstres se collectionnent à la manière des pokémon et chaque donjon permet d'en capturer de nouveaux. Ces derniers intègreront l'équipe de combat, fusionneront avec d'autres monstres existants ou bien encore seront revendus. Le nombre de monstres dans une équipe est cependant limité et c'est ainsi une vraie chasse qui va s'organiser.
Comment Gunho gagne de l'argent ? C'est simple. Chaque évolution de monstre a un prix et les moins patients ont la possibilité, par des achats via l'application, de se constituer une équipe solide plus facilement. Chaque donjon nécessite en outre des points de stamina qui se régénèrent après un temps donné, à moins de mettre là aussi la main au portefeuille. C'est sur la frustration du joueur que Puzzle & Dragons génère de juteux revenus.
Puzzle & Dragons propose un système malin et redoutable d'achats pour posséder de nouveaux monstres : des pierres magiques, difficiles à obtenir en grand nombre à mesure de la progression dans le jeu, mais facile à acheter. Elles ne permettent pas toutefois de choisir un monstre, mais d'obtenir un oeuf qui renferme un monstre surprise. Le joueur chanceux sera comblé par sa récompense. Mais le joueur lambda, qui aura obtenu un monstre moyen, sera aussitôt tenté d'acquérir un nouvel oeuf.
Pour convaincre encore plus les joueurs de réaliser des achats de pierres magiques, Gun Ho a associé à son jeu de nombreuses licences célèbres comme Batman, Clash of Clans ou encore Angry Birds. Grace à elles, le développeur fait grossir régulièrement le cheptel de monstres disponibles avec des personnages inédits toujours plus rares et plus puissants.
Ce mélange des genres provoque une addiction totale et le joueur se laisse vite happer par cette recherche du monstre idéal (et à la tentation d'acheter de précieuses pierres magiques pour le posséder rapidement).
Pas étonnant de retrouver derrière ce jeu un ancien développeur de chez Hudson Soft, Daisuke Yamamoto, qui est aujourd'hui adulé dans l'archipel.
Un business plan efficace, mais pour combien de temps encore ?
Avec un tel succès le jeu rapporte énormément d'argent à la société GunHo. Ainsi, rien que pour l'année 2013, les achats via l'application ont rapporté pas moins de 1,46 milliards de dollars, soit des revenus quotidiens d'environ 4 millions de dollars. Même le géant Candy Crush est incapable de prétendre à de tels revenus, avec en moyenne 1,5 millions de dollars par jour. D'après une étude menée sur Puzzle & Dragons, les japonais déclarent y jouer en moyenne 5 fois par semaine et ils avouent avoir succombé aux achats intégrés à hauteur de 35% (contre 4% pour Candy Crush).
A l'image de nombreux succès, Puzzle & Dragons semble aujourd'hui avoir atteint son zénith. Les profits commencent à stagner et le nombres de téléchargements à ralentir. GunHo qui avait prévu ce retour de flammes exploite le plus possible sa poule aux oeufs d'or. L'éditeur a ainsi sorti le jeu Puzzle & Dragons Z sur Nintendo 3DS en 2013 et le succès fût au rendez-vous puisqu'il s'est vendu à 550 000 exemplaires en une semaine et à 1,3 millions de pièces au total.
Pour fêter les 2 ans de "Pazudora", une mise a jour du jeu a été annoncé avec la possibilité de jouer à une version simplifiée, laquelle propose des monstres plus mignons, Puzzle & Dragons W. Les joueurs qui attendaient plutôt une véritable suite ont été quelque peu déçus par cette annonce.
GunHo tente également d'exporter son jeu a l'étranger. À commencer par les États-Unis fin 2012 (avec 5 millions de joueurs aujourd'hui), ainsi que l'Europe fin 2013 (avec des résultats encore timides).
Le jeu est disponible sur iOS et Android dans le monde, mais la France est moins bien lotie puisqu'il est uniquement téléchargeable sur l'App Store. Je dois d'ailleurs vous laisser, ma nouvelle équipe de monstres est prête et j'entre dans un donjon très difficile...