Tout savoir sur : Le programme Android One est-il déjà compromis ?
Google s’est-il attiré les foudres des distributeurs indiens de smartphones ? Les principaux réseaux de magasins refuseraient en effet de référencer les trois mobiles du programme Android One développé par la firme de Mountain View et ses partenaires constructeurs, Micromax, Karbonn et Spice. La faute en reviendrait à Google qui aurait mésestimé les particularités de ce marché en forte croissance. Un article réalisé par nos confrères de The Economic Times explique la situation et elle n’est évidemment pas aussi idyllique que celle souhaitée au départ par Sundar Pichai, le VRP attitré pour toutes les questions indemnes au sein de la firme de Mountain View.
Les distributeurs physiques vexés d'avoir été tenus à l'écart
Premier point de discorde entre l’Américain et les distributeurs : la commercialisation en avant-première uniquement sur Internet. Le principe d’Android One était, depuis les origines, de développer une gamme de smartphone au bon rapport qualité-prix grâce à un partage des coûts entre les distributeurs et les constructeurs et grâce à une distribution en ligne pour baisser les marges. Résultats : les mobiles sous Android One étaient commercialisés en avant-première chez Amazon, Flipkart et Snapdeal, trois des plus importants sites marchands en Inde.
Les distributeurs auraient alors décidé de boycotter la gamme quand l’exclusivité prendrait fin. Les frondeurs représenteraient 1800 points de vente environ. Ce qui est grave, car le marché indien fonctionne encore principalement sur les ventes physiques, à hauteur de 88 %, les ventes sur Internet ne représentant que 12 % du marché.
Des marges qui ne donnent pas envie de se battre
Second point : les marges. Selon un distributeur qui a souhaité rester anonyme, les marges sur le marché de la téléphonie indienne tournent autour des 10 %. Or, pour baisser le prix des smartphones et descendre sous la barre des 6500 roupies (84 euros), quelques concessions ont dû être faites. Et les distributeurs voient leurs marges descendre sous la barre des 5 % pour tourner autour des 3 à 4 %. Soit des marges jusqu’à trois fois moins importantes. Pour les boutiques, cela ne vaut donc plus la peine de « dépenser de l’énergie ».
La situation n’est cependant pas unilatérale dans les réseaux de boutique. Si certains d’entre eux ont décidé de ne référencer aucun modèle, d’autres ont accepté d’en vendre un sur trois, de façon tactique. Cependant, c’est suffisant pour observer des chiffres de vente très décevants. Selon l’institut d’étude IDC, il se serait vendu 480 000 unités d’Android One sur les deux premiers mois de commercialisation (septembre et octobre), soit 3 % du marché des smartphones. Motorola serait parvenu à dépasser la barre symbolique des 500 000 unités sur la même période rien qu’avec son Moto E vendu exclusivement sur Flipkart.
Une grogne qui pourrait remettre en cause tout le programme
Entre septembre et octobre, seul Micromax serait parvenu à augmenter ses ventes, Spice et Karbonn voyant une baisse significative (respectivement 19 % et 49 %). Ce qui n’est évidemment pas de très bon augure pour Android One qui devait compter sur une seconde vague de lancement entre décembre et janvier prochain. Reste à savoir si Google changera son fusil d’épaule d’ici là et si la grogne des distributeurs prendra fin. Car le risque que l’expérimentation Android One prenne fin en Inde n’est pas mince.