Le marché indien de la téléphonie mobile n’est vraiment pas comme les autres. Si tous les pays ont leurs spécificités commerciales, les consommateurs indiens ont des habitudes qui les séparent notamment des acheteurs occidentaux et chinois. Des habitudes dont il faut tenir naturellement compte un constructeur souhaite y vendre ses produits.
L’initiative Android One, qui connait un sérieux revers suite à la défection des réseaux de points de vente physiques qui refusent de les mettre en rayons, pourrait en être le parfait exemple. En arrivant en Inde avec son programme dédié aux marchés émergents, Google a privilégié les sites marchands en leur donnant accès aux trois smartphones associés en avant-première. Or, près de 9 smartphones sur 10 sont vendus en boutique. Voilà qui jette un trouble sur l’avenir d’Android One.
Une stratégie maintenue, mais adaptée
Une inquiétude qui pourrait également concerner Xiaomi. L’étoile montante chinoise est également un adepte du commerce en ligne. Grâce à un circuit de distribution réduit, les prix de ses smartphones restent réduits. Ce qui offre une certaine agressivité commerciale à ce jeune fabricant qui a déjà dépassé Samsung dans son pays d’origine. Mais peut-il lutter contre les habitudes des Indiens, alors que l’enjeu est de taille ? Dans une interview accordée à Quartz, il y a quelques jours, Hugo Barra expliquait que l’Inde est la seconde priorité pour Xiaomi avec la Chine. Et qu’il souhaitait y offrir des services spécifiques. Aujourd’hui nous apprenons que cela ne concernera pas la méthode de commercialisation.
Dans une autre interview, accordée à nos confrères de The Next Web à l’occasion du lancement en Inde du Redmi Note 4G, le vice-président international de Xiaomi a apporté quelques informations supplémentaires. D’abord, il estime que le circuit de distribution en ligne est une méthode qui a fait ses preuves et que cela marchera assurément en Inde. Bien sûr, il comprend les inquiétudes des consommateurs. Et pour cela, il a signé un partenariat inattendu avec Airtel, le premier opérateur indien.
Avec ce dernier, Xiaomi a imaginé un circuit de distribution qui allie les deux canaux : le client réserve son Redmi sur un site cobrandé, puis se rend dans un point de vente Airtel à sa convenance, teste le smartphone et l’achète sur place s’il est convaincu. En revanche, s’il n’a pas réservé son produit, il ne pourra pas se le procurer. L’avantage pour Xiaomi est de rassurer les clients. Quant à l’opérateur, il réalise du chiffre d’affaires sur les smartphones et les accessoires, ce qui n’est pas si évident en Inde, le marché n’y étant pas subventionné. Hugo Barra espère pouvoir convaincre d’autres distributeurs de l’accompagner dans ce modèle.
Le futur smartphone Android One de Xiaomi compatible 4G ?
Qu’en sera-t-il alors si Xiaomi rejoint le programme Android One ? Car Hugo Barra renouvelle son intérêt dans ce programme, intérêt officiel depuis un mois. Le vice-président de Xiaomi estime qu’il ne s’agit que d’une question de temps avant que Xiaomi développe son terminal Android One, lequel devrait être compatible 4G, un détail qui lui tient visiblement à coeur. Compte tenu de la nature très stricte du programme Android One, sera-t-il vraiment en capacité de choisir si oui ou non il y aura une connexion LTE dans son futur smartphone ? Voilà qui soulève quelques questions sur les libertés offertes par Google à ses partenaires constructeurs.
Deux autres petits détails sont à noter dans cette interview. D’abord, Hugo Barra annonce que Lollipop arrivera dans tous les smartphones de Xiaomi avant la fin du premier trimestre 2015. Six mois de développement donc durant lesquels le fabricant devra non seulement intégrer le coeur d’Android 5.0, mais également l’ensemble des nouveaux éléments ergonomiques afin que l’ensemble fonctionne de façon homogène avec MIUI 6.
Second détail, Hugo Barra confirme que Xiaomi développe en Inde un centre de recherche et de développement et recrute des ingénieurs. Sur place, l’entreprise espère développer au moins des services locaux plus adaptés que ceux proposés aux consommateurs chinois. Toutefois, il ne ferme pas la porte non plus à la possibilité d’y concevoir du matériel afin de réduire les temps de production et de rationaliser les coûts d’importation. Des questions qui ne deviendront importantes que si le succès est au rendez-vous. Reste à savoir si le partenariat avec Airtel tiendra toutes ses promesses.