Entre le lancement du Passport et du Classic, c'est sans doute le second qu'attendaient avec le plus d'impatience les adeptes de BlackBerry cette année. Il faut dire que la promesse était belle : leur rendre ce que BlackBerry 10 leur a pris. Lancé début 2013 avec le Z10, le nouvel OS du canadien fait alors la part belle au tactile et l'arrivée de la gamme Q, avec clavier physique, n'y a rien changé. La barre de navigation sous l'écran reste absente. La communauté BlackBerry peine à faire son deuil et préfère rester sous BB OS 7. Le Classic doit faire la passerelle et revient pour cela... au classique.
Clavier physique : présent. Barre de navigation : présente également. Trackpad : optique. BlackBerry n'hésite d'ailleurs pas à comparer son dernier-né au Bold 9900, modèle le plus emblématique et apprécié de son âge d'or. Evidemment, beaucoup de choses se sont passées depuis la sortie de ce dernier en 2011 et la fiche technique a naturellement était mise à jour afin de justifier le prix de 429 ? réclamé pour le Classic. En voici un rappel :
- BlackBerry 10.3.1
- écran de 3,5" pour une définition de 720 x 720 pixels
- processeur dual-core Snapdragon S4 Plus cadencé à 1,5 GHz
- GPU Adreno 225
- 2 Go de RAM
- 16 Go de mémoire interne + microSD
- APN 8 mégpaixels avec autofocus et flash LED
- webcam 2 mégapixels
- connectivités 4G / Wi-Fi a/b/g/n / Bluetooth 4.0 / NFC / GPS
- clavier physique 35 touches avec rétro-éclairage
- autonomie : jusqu'à 22h en utilisation
- dimensions : 131 x 72,4 x 10,2 mm
- poids : 177 grammes
Un savant mélange de Bold, de Q10 et de Passport
Présenté comme le successeur direct du Bold 9900, le Classic n'en reprend finalement que la barre de navigation de l'extérieur. Le reste rappelle davantage les modèles plus récents. Nous retrouvons un peu du Q10 dans le clavier avec touches biseautées et parfaitement alignées ainsi que dans l'écran carré juste au-dessus. Nous retrouvons également un peu du Passport dans le format très rectangulaire et le cadre métallique tout autour.
L'agencement de ce dernier est également très familier. Un double haut-parleur stéréo entoure le port micro-USB en bas. Les boutons du volume sont situés à droite, au niveau du pouce. L'alimentation et la prise jack se partagent la tranche supérieure. Les cartes microSIM et microSD prennent en revanche place dans des tiroirs encastrées dans le flanc gauche du smartphone. Vous l'aurez compris. Qui dit tiroir dit également capot arrière impossible à retirer.
Celui-ci est parfaitement intégré dans le prolongement du cadre et forme un léger arrondi sur les extrémités afin d'offrir une prise en main confortable. La matière employée est le plastique. Un quadrillage très fin en relief a été imprimé dessus. Le logo BlackBerry est intégré en plein milieu. L'appareil photo et le flash sont au-dessus, protégés par une vitre qui se prolonge sur presque toute la largeur avec, à l'opposé, l'inscription « Classic ».
Tout va plus vite avec le clavier du Classic !
La prise en main est agréable. Le smartphone dégage une impression de solidité et tient bien dans une main, même s'il est préférable d'utiliser les deux. Cela permet de répartir son poids somme toute élevé (177 grammes tout de même) et, évidemment, de profiter pleinement du clavier physique. Il est composé de 35 touches réparties sur 4 lignes et biseautées sur le bord gauche ou droit afin de pouvoir les distinguer au toucher.
Il faudra tout de même prendre le coup de main, en plus de retenir la disposition des lettres, légèrement différentes de celles d'un clavier d'ordinateur afin de palier le manque de place. Chiffres et ponctuation sont accessibles via la touche Alt. Les accents et symboles sont affichés à l'écran, tout comme les prédictions.
Les touches sont bien calibrées et offrent une résistance suffisante pour éviter les fausses manipulations tout en restant faciles à presser pour taper à grande vitesse. Il est même possible de paramétrer des raccourcis pour des mots afin de gagner toujours plus de temps. Sans oublier les raccourcis pour les applications sur lesquels nous reviendrons dans la partie dédiée à l'OS.
L'affichage est de bonne qualité
Revenons tout d'abord sur l'écran qui lui sert de support : une belle dalle de 3,5 pouces à la définition de 720 x 720 pixels. Vous reconnaîtrez là une définition HD rapportée au ratio 1:1 ou, autrement dit, à un format carré. Bien sûr, nous aurions préféré une dalle Full HD (1080 x 1080 pixels) sur un smartphone à plus de 400 ?, d'autant que cela n'aurait pas menacé la position de leader du Passport doté, lui, d'un affichage QHD mais elle n'existe pas chez BlackBerry. Et cela ne le gêne visiblement pas. Nous, un petit peu plus.
La résolution de 290 pixels qui en découle n'irrite pas la rétine mais ne suffit pas toujours à afficher lisiblement les petits caractères des pages web à moins d'utiliser le zoom. Nous pinaillons peut-être un peu mais, puisque le navigateur de BlackBerry est l'un des plus performants sur le marché, il est bête de ne pas pouvoir en profiter pleinement. Soulignons également que les couleurs affichées sont un peu trop chaudes mais nous n'avons réellement pas grand chose à reprocher à cet écran lumineux et dont les angles de vision sont bien ouverts. La vitre en Gorilla 3 glisse bien. Il répond bien. Nous ne sommes vraiment pas déçus.
Navigation : avec ou sans écran tactile !
Libre ensuite à l'utilisateur de l'exploiter entièrement ou de se contenter de l'image en utilisant la barre de navigation. Nous connaissons déjà BlackBerry 10.3 depuis le Passport, avec la barre d'actions, l'Amazon AppStore, BlackBerry Assistant ou encore BlackBerry Blend, mais nous le redécouvrons différemment avec la barre de navigation. Tout ou presque est possible sans toucher l'écran. La seule exception que nous ayons trouvée est l'accès aux réglages rapides (depuis l'écran d'accueil) et l'horloge (depuis l'écran de verrouillage), à tirer depuis le bord supérieur.
De gauche à droite : Amazon App Store, BlackBerry Assistant pour les commandes
vocales et BlackBerry Blend pour la synchronisation avec ordinateurs et tablettes
Il est autrement possible de faire défiler les panneaux de l'écran d'accueil, de revenir à une application ouverte, d'en lancer une ou encore d'ouvrir le Hub (qui regroupe SMS, BBM, e-mails avec options de tri) avec le trackpad, qui servira également à naviguer dans les applications système (cela ne fonctionne pas toujours dans les applications tierces). Le bouton BlackBerry, à gauche, permet d'ouvrir les menus. Le bouton Retour sert logiquement à revenir en arrière.
Le trackpad fait apparaître un petit curseur à déplacer sur les pages internet
mais il n'apparaît pas sur les captures d'écran.
Le clavier physique permet même d'aller plus vite qu'en se contentant du tactile puisque ses touches peuvent servir de raccourcis. Depuis l'écran d'accueil, ils permettent de lancer des applications. Depuis le Hub, ils permettent d'accéder à des fonctions spécifiques comme Répondre à tous, etc. Plusieurs sont prédéfinis mais il est possible, dans le cas des raccourcis application, d'en rajouter sur les touches « libres ».
Le Classic n'est pas taillé pour divertir
L'interface est réactive et les applications se lancent rapidement. Il y a cependant souvent un temps d'attente avant que leurs contenus n'apparaissent à l'écran, et ce n'est pas réellement surprenant compte tenu de la configuration datée du Classic. Elle repose sur un Snapdragon S4 Plus, une puce plutôt populaire en 2012 mais depuis disparue des fiches techniques si ce n'est chez BlackBerry. C'était déjà celle qui animait les Z10 et Q10 l'année dernière. Elle inclut pour rappel un CPU dual-core KRAIT 200 cadencé à 1,5 GHz et un Adreno 225 pour la partie graphique et, même servie avec 2 Go de RAM, la puissance n'est pas là et cela se ressent.
C'est évidemment plus frappant encore en jeu. Si vous en doutiez encore, ce n'est clairement pas le domaine de prédilection du BlackBerry Classic. Nous avons testé GT Racing 2 ainsi qu'Angry Birds Go!. Le premier a relativement bien tourné. Le second, bien moins. Entre les ralentissements et les bugs d'affichage liés au manque d'optimisation des soft disponibles sur le store d'Amazon, ce n'était pas réellement une partie de plaisir.
Plusieurs options sont proposées pour ajuster l'affichage des applications
à l'écran carré du Classic.
Ces problèmes ne se posent pas en lecture vidéo. La plupart des formats sont décodés sans soucis mais l'écran, malgré les qualités évoquées plus haut, n'est évidemment pas taillé pour cet usage. L'image est, au choix, minuscule et cernée d'immenses bandes noires en haut en bas ou tronquée en plein écran. Mieux vaut se contenter du lecteur audio et profiter du puissant haut-parleur, même si nous regrettons qu'il n'y en ait qu'un contrairement à ce que l'on pourrait penser à la vue des deux grilles sur la tranche inférieure.
Bonne surprise en photo !
La prise de vue relève le niveau. BlackBerry annonce une résolution à la hausse. Avec un capteur principal de 8 mégapixels, le Classic est effectivement mieux équipé que le Bold 9900 et une nouvelle fois à niveau avec le Q10. Et, cette fois, c'est plutôt de bon augure. L'application dédiée n'est en revanche pas très accueillante et propose assez peu de réglages. Tout est fait pour que l'utilisateur n'ait pas à se prendre la tête grâce à des modes automatiques, et ce n'est finalement pas un problème.
Les résultats sont en effet étonnament bons. Les détails fourmillent. L'exposition est juste. Le bruit, généralement bien contrôlé. Le seul reproche que nous pourrions formuler concerne les couleurs souvent trop saturées. Cerise sur le gâteau, un éditeur plutôt complet et bien fichu permet de modifier les prises. Sans oublier StoryMaker qui peut en faire des vidéos sympathiques en quelques clics.
Photo prise avec le BlackBerry Classic
Pour une transition en douceur vers BB10
Le BlackBerry Classic n'attirera sans doute ni les technophiles ni les consommateurs de médias mais ce n'est pas le public visé. Les utilisateurs de Bold et Curve pourront enfin passer à BlackBerry 10 sans y perdre au change. Au contraire. Ils retrouveront non seulement un mode de navigation familier en plus des applications qu'ils chérissent comme le navigateur internet ou la suite bureautique complète mais pourront également savourer les dernières innovations logicielles du Canadien, comme Blend et Assistant.
Ils rattraperont également un peu du retard pris sur le plan technique avec un écran plus grand et mieux défini, un appareil photo plus performant, une mémoire plus généreuse et la 4G. Le processeur, certes un peu daté, suffira aux usages courants et la batterie les mènera au bout de la journée sans encombre. Reste le prix, somme toute élevé mais les afficionados de BlackBerry y sont habitués...