Mark Zuckerberg aimerait profiter plus encore de l’essor de la téléphonie mobile. Développer des applications pour y décliner ses services est une première étape. Mais disposer également d’une entrée chez les fabricants serait indéniablement un plus pour le réseau social. Il y a quelques années, Facebook s’est associé à HTC pour développer dans un premier temps deux smartphones « Facebook-ready » (les Salsa et Chacha), puis pour créer un smartphone avec Facebook Home : le HTC First. Bide total : le smartphone s’est à peine vendu aux États-Unis et a été annulé au Royaume-Uni. Plus tard, nous avons appris que Samsung a refusé de créer un Galaxy pour héberger Facebook Home. L’initiative restera comme l’un des plus grands échecs de Zuckerberg en téléphonie mobile.
Des relations privilégiées en mandarin ?
Mais il n’a cependant pas abandonné l’idée de s’associer à un concepteur de smartphones. Dans un article publié cette semaine par Reuters, nous apprenons que le fondateur de Facebook a dîné chez Lei Jun, le charismatique patron de Xiaomi, en octobre dernier. Peut-être avez-vous regardé sur YouTube cette vidéo impressionnante de Mark Zuckerberg répondant (souvent avec humour) aux questions d’étudiants de Beijing dans un mandarin impeccable ? Cette vidéo a été réalisée à l’université Tsinghua et a fait le tour du monde. Elle a été réalisée le jour du fameux dîner.
Lors de cette rencontre, où le patron de la filiale chinois et le directeur du développement de Facebook ont également participé, les deux dirigeants ont poursuivi des discussions entamées durant l’été concernant une possible participation de Facebook dans le capital social de Xiaomi. Le montant proposé par Mark Zuckerberg est estimé à 1,1 milliard de dollars, soit environ 2,5 % du capital selon la valorisation la plus récente du constructeur chinois (suite à son dernier tour de table en décembre). Lei Jun a cordialement refusé l’offre. Mais la raison invoquée par Reuters n’est pas financière. Elle est politique.
Un investissement politiquement incorrect
En effet, dans un pays où le Parti est à la tête du gouvernement, il est de bon ton de respecter les décisions. Facebook n’est pas dans les petits papiers de Beijing. Le réseau social est inaccessible pour tous les Chinois. Le responsable de la censure chinoise, Lu Wei, a déclaré que Facebook pouvait potentiellement porter atteinte à stabilité sociale du pays représenter un risque. Premier fabricant local de smartphones, Lei Jun n’a donc pas voulu prendre le risque d’une querelle avec son gouvernement. Il attendrait donc que Facebook soit de nouveau admis en Chine avant d’y réfléchir plus sérieusement.
Il était pourtant très intéressé par un tel partenariat qui profiterait aux deux entreprises, au moins de manière géographique. Xiaomi cherche évidemment à conquérir l’Occident et Facebook (avec 1,3 milliard d’utilisateurs) serait un allié considérable. À l’inverse, Facebook souhaite accueillir la Chine et son milliard d’habitants, lesquels représentent un levier de croissance formidable. Et pour les convaincre de le rejoindre, quoi de mieux qu’un partenariat avec la coqueluche locale ? Reste à savoir si cela se concrétisera un jour...