Honor. La marque « low cost » de Huawei vendue en France exclusivement sur Internet pour baisser les prix et offrir des smartphones d'une qualité plus que correcte à des prix qui ne sont pas nocifs pour le porte-monnaie. Lancée en octobre dernier avec l'emblématique Honor 6, testé dans nos colonnes quelques jours plus tard, la marque s'est rapidement étoffée avec un second modèle, le Honor 3C, sujet de notre test d'aujourd?hui. Seulement, contrairement au Honor 6, le 3C est un modèle relativement « vieux » : il a démarré sa commercialisation en Chine un an avant sa venue dans notre contrée. Ce qui paraît être une éternité en téléphonie mobile, même sur le segment des mobiles vendus entre 100 et 150 euros (puisqu'il est vendu à 130 euros).
Une fiche technique anachronique
Pire, entre la sortie du 3C en Chine et sa commercialisation européenne, Huawei a présenté le Honor 3C 4G, une révision plus que bienvenue, car elle offre à l'entrée de gamme une connexion 4G dont nous sommes privés ici. Voici un tour d?horizon de la fiche technique afin de vous faire une petite idée sur la question :
- Ecran LTPS 720p de 5 pouces pour une résolution de 294 pixels par pouce
- Dimensions : 139,5 x 71,4 mm x 9,2 mm pour un ratio taille-écran de 69 %
- Chipset MediaTek MT6582 quad-core Cortex-A7 cadencé à 1,3 GHz
- Processeur graphique ARM Mali 400-MP2
- 2 Go de mémoire vive
- 8 Go de stockage interne (extensible par microSD)
- Batterie amovible de 2300 mAh
- Compatible HSPA, WiFi n, Bluetooth 4.0, DLNA
- Capteur photo 8 mégapixels compatible Full HD en vidéo
- Webcam 5 mégapixels
- Poids : 140 grammes
- Android Jelly Bean 4.2.2 avec Emotion UI 2.0
- Dual SIM
Deux bonnes nouvelles dans ce smartphone et trois « très » mauvaises nouvelles. Commençons par les bonnes. L?écran est HD et plutôt bien défini, frôlant la résolution de 294 points par pouce. À ce prix, c'est assez rare. Et le mobile est équipé de 2 Go de mémoire vive. Ici encore, à ce prix, c'est rare. Et cela se ressent assez rapidement une fois le mobile allumé, comme nous le verrons d'ici peu.
Les mauvaises nouvelles sont assez simples : une plate-forme vraiment plus à jour (même si c'est la seule ultra low-cost chez MediaTek), l'absence de 4G (surtout avec le Soshphone 4G à 20 euros de plus) et surtout une version d'Android qui date d'il y a... trois ans ? Depuis il y a eu Jelly Bean 4.3, KitKat et dernièrement Lollipop. Que KitKat soit absent est une belle erreur. Et nous nous demandons pourquoi Jelly Bean représente toujours près d'un mobile sur deux dans le monde.
Un look entrée de gamme prononcé
Le look de ce smartphone n'est pas tout à fait comparable à celui du Honor 6. Plus marqué aux angles, plus bombé dans le dos, le Honor 3C ressemble davantage à d'autres modèles entrée de gamme, comme l?Essentiel B Connect 501 testé il y a quelques mois et avec qui il partage quelques caractéristiques techniques et ergonomiques. En retournant le smartphone, ces dernières deviennent plus évidentes : un capteur carré centré en haut de la coque avec le flash sur sa gauche. Un haut-parleur perdu en bas (ici dans le coin gauche). Et une coque amovible pour accéder aux deux ports SIM et à l'extension microSD.
Le 3C est cependant mieux fini que le Connect 501. D'abord la coque, glossy et grise, est de meilleure qualité. Il n'y a pas d'encoche pour l'ouvrir (en fait, elle est cachée à hauteur du port microSD), un détail moins marquant low cost. Et le capot couvre la moitié des tranches. La construction est bien pensée pour masquer les attributs habituels de l'entrée de gamme. La répartition des boutons matériels et des ports est classique. Notez simplement que sous l?écran se trouve les touches tactiles de navigation d'Android.
Une prise en main ferme
La prise en main du smartphone est assez bonne. Il n'y a pas de craquement incongru, ni de jeu dans la coque amovible. Il y a une certaine simplicité dans les atours de ce mobile qui tient fermement, alors que nous aurions pu attendre une certaine tendance à glisser compte tenu du matériau du châssis. Nous aurions peut-être préféré que la touche d'allumage soit plus haute (à la place du volume précisément). Ce n'est seulement qu'un détail. La dalle tactile glisse plutôt bien sous les doigts.
L?écran est lui aussi assez bon. Comme nous l'avons remarqué en présentation, le smartphone est HD 720p, ce qui lui offre une bonne résolution pour un smartphone de cette tranche de prix (100-150 euros). Les angles manquent peut-être d'ouverture, les couleurs s'assombrissant assez rapidement sur les côtés. Le rétroéclairage est un petit peu sombre, mais rien de gênant. Le contraste est marqué et les couleurs fidèles. C'est donc une bonne dalle, dont la réactivité sous les doigts ne nous a pas fait défaut.
Une version d'Android à bannir des mobiles neufs
Une fois le système lancé, vous arrivez dans Android 4.2.2. Jelly Bean. Comme nous l'avons évoqué plus haut, il nous paraît anormal qu'aujourd?hui un constructeur de classe mondial (3e, 4e ou 5e selon les différentes études récentes) ne fasse pas l'effort de commercialiser un OS dans une version ne serait-ce que récente. Rien que pour cela, nous serions tentés de déconseiller ce smartphone. Ce n'est pas comme si Huawei n'avait pas déjà adapté KitKat à Emotion UI et un écran de 5 pouces, puisque le Honor 6 répond à ces quelques caractéristiques. Nous avons naturellement essayé de chercher une mise à jour, mais il n'y en a pas.
Deux conséquences sur la présence de Jelly Bean. D'abord, les performances auraient pu être meilleures. Ce qui est irritant, car elles sont plutôt bonnes ici. Ensuite, Emotion UI, la surcouche de Huawei est présentée ici en version 2.0 (contre 2.3 sur le Honor 6) et ne sera certainement jamais mise à jour en version 3.0. Adieu les petites nouveautés, les corrections et les améliorations. Voilà qui est bien dommage : Huawei n'aura pas fait l'effort.
Une surcouche excentrique
La surcouche est très similaire à celle du Honor 6 ou du P7. Ici, Huawei a supprimé le menu « application » et a remplacé de nombreux éléments ergonomiques d'Android « stock » (icônes, applications systèmes, zone de notification et de réglage rapide, menu de paramétrage, etc.). Vous le constaterez sur les différentes captures d?écran qui accompagnent ce test.
Quelques applications Huawei sont toujours les bienvenues : la galerie, le lecteur audio, le « gestionnaire de téléphone » (un logiciel d'optimisation et d'efficience énergétique). Nous avons apprécié l'application thème pour changer la charte graphique (fond d?écran, icônes, police, écran de verrouillage, sonneries, etc.) d'Emotion UI en un instant. Pour justifier de sa certification Google Play, la suite du géant de la recherche est accessible via un dossier en bas à droite.
Côté applications, le 3C profite de certains accords commerciaux avec des éditeurs tiers pour préinstaller leurs applications ou au moins des raccourcis. Nous y avons remarqué Twitter, Facebook, Bitcasa (stockage en ligne), Kingsoft Office (bureautique), Swipe (clavier glissant) et Gameloft, omniprésent. Certains choix nous semblent curieux (ranger le gestionnaire Bluetooth dans un dossier appelé « Meilleures Apps » est quand même singulier). Mais l'ensemble reste cohérent vis-à-vis de l'esprit d'Emotion UI.
De bonnes performances grâce aux 2 Go de RAM
Les performances du smartphone sont surprenantes. Non pas qu'elles atteignent le niveau du Honor 6, loin de là. Mais compte tenu du chipset, nous nous attendions à largement moins bien. D'abord du côté d'AnTuTu, le Honor 3C atteint 19 967. Il est donc devant la majorité (voir la totalité) des smartphones sous Snapdragon 400. Le Connect 501, sous MT6582, atteint 18 000 points. Huawei signe donc ici une bonne performance qui est clairement liée à l'intégration des 2 Go de mémoire vive. AnTuTu privilégie comme toujours les plates-formes avec plus de RAM.
Côté graphique, l?Honor 3C fait moins bien que les concurrents : 2016 points sur Ice Storm Extreme, tandis que Ice Storm Unlimited a refusé de se lancer. Ce n'est pas bon signe. Le mobile de Boulanger obtient 2887 points. Le Snapdragon 400 du LG G3s obtient 4620 points. Un GPU Adreno a toujours eu un peu plus de puissance que ceux d'ARM. La preuve en est encore ici. Enfin, le mobile atteint 309 points au Video Test d'Antutu. Ce qui devrait s'avérer, avec le temps, un score plutôt honorable pour un smartphone entrée de gamme.
Une plate-forme multimédia dans la moyenne
Et cela se vérifie en multimédia. Le smartphone n'est pas une console de jeu portable. Il est parfait pour Candy Crush Saga et Angry Birds Stella. Il sera en revanche un peu moins performant pour les jeux en 3D comme notre jeu témoin Dead Trigger 2, lequel s'installe automatiquement avec les graphismes au plus bas niveau de qualité. Dommage pour un écran HD. Malgré quelques ralentissements et des temps de chargement relativement longs, l'expérience n'est pas désagréable, mais manque de fluidité. Nous avons forcé naturellement les graphismes les plus fins, et le jeu se lance aussi, mais plus difficilement.
La vidéo n'est pas trop son fort, mais il ne fait pas moins bien que la concurrence non plus. L'absence de codecs courants, notamment pour le son, empêche le smartphone d?être, nativement, un lecteur multimédia de poche à emporter partout. Il ne comprend pas le DTS, ou le A3C. Et il n'est pas compatible avec les sous-titres incrustés. Nous vous conseillons bien sûr de changer le lecteur par défaut (pour MX Player par exemple) et de ne charger dans la mémoire du mobile que des films d'une définition inférieure ou égale au 1080p.
Des photos avec beaucoup de grain
En photo, nous n'avons pas été tendres avec le mobile. Nous avons choisi un moment de la journée mi-figue, mi-raisin : la fin de l'après-midi. Si le mobile a su tirer parti des quelques sources lumineuses pour offrir une scène globalement détaillée (aussi bien dans le ciel que dans la rue) avec des couleurs plutôt respectées (même si cela tire clairement vers le rouge), nous voyons aussi un grain assez prononcé sur l'ensemble de l'image. Ce n'est évidemment pas une surprise compte tenu des conditions. Sachez cependant que le grain ne disparaît jamais vraiment, même dans des conditions normales...
L'application photo proposée par Honor est plutôt intéressante. Reprenant globalement celle de l?Honor 6, elle est cependant d'une version légèrement antérieure. Stabilisateur numérique en vidéo, réglage manuel de la balance des blancs et des ISO, quelques modes scènes courants. Pas de quoi pavoiser non plus, puisque certaines fonctions offertes avec le Honor 6 sont absentes de celle-ci. Mais l'effort est notable.
Une stratégie produit contreproductive
En conclusion, le Honor 3C est paradoxalement un assez bon mobile. Nous aimons l'excentricité de la surcouche, même si celle-ci ne facilite pas les mises à jour. Nous aimons l?écran de bonne facture pour un mobile à 130 euros. Nous aimons aussi la présence des 2 Go de mémoire pour une meilleure gestion du multitâche. Et finalement, même les partenariats commerciaux comme celui de Gameloft ne sont pas nocifs en soi.
Mais nous détestons radicalement le parti pris de la marque Honor d'importer son vieux smartphone premier prix de 2013 et d'attendre bien sagement qu'il se vende en France aussi bien qu'en Chine (8 millions d'exemplaires écoulés sur 2014, le best-seller de Huawei l'année dernière). Pourquoi ne pas avoir choisi la version 4G dont profitent les Chinois ? Pourquoi s?évertuer à vendre des mobiles sous Jelly Bean alors que les consommateurs attendent KitKat ou Lollipop ?
Si Honor / Huawei a compris avec ces dernières créations (Mate7, Honor 6) comment animer le segment milieu/haut de gamme avec des smartphones de qualité, le constructeur fait malheureusement ici la même erreur que beaucoup d'autres fabricants : il néglige les segments très volumiques sous prétexte que les prix sont bas.