Apple connaît quelques difficultés à convaincre avec son moyen de paiement dématérialisé appelé Pay. Présenté en septembre dernier, parallèlement aux nouveaux iPhone 6 et 6 Plus et mis en service en octobre, Apple Pay a réussi à fédérer l'ensemble des acteurs financiers et bancaires américains, enthousiasmant même les marchés boursiers, mais a subi un revers quand les principaux réseaux de distribution ont commencé à refuser d'adopter le service. Leur argument : le coût d'Apple Pay (achat de matériel compatible et commission sur chaque transaction) est trop élevé.
6 % d'utilisateurs, 9 % de curieux
Et cela n'a évidemment pas aidé les consommateurs à adopter le service. Depuis 6 mois qu'il est disponible, une minorité d'entre eux a eu la curiosité d'essayer ne serait-ce que l'application. Selon une étude publiée par InfoScout et PYMNTS, réalisée la semaine dernière auprès de 1188 propriétaires d'iPhone 6 et 6 Plus et relayée par nos confrères de Venture Beat, 6 % seulement ont réalisé au moins un achat avec Apple Pay. 9 % ont ouvert l'application sans réaliser de paiement (ou enregistrer une carte bancaire). Et 85 % n'ont même pas ouvert l'application (et donc encore moins payé avec...).
Les raisons de cette contreperformance ne sont pas liées à la sécurité des données personnelles ou au risque de fraude à la carte bancaire. La majorité des 6 % des utilisateurs d'Apple Pay affirme que l'expérience est intuitive, que l'application est bonne et que le niveau de sécurité les rassure. Bref, Apple a fait du bon boulot. Non le problème est tout autre. Trois raisons sont évoquées. D'abord les habitudes des consommateurs. Nombre d'entre eux utilisent quotidiennement leur carte de crédit. Ils ont le réflexe de la sortir. Ce n'est pas le cas du smartphone. Et cette habitude va être dure à changer.
Un problème de visibilité
Seconde raison, l'information selon laquelle le point de vente accepte Apple Pay n'est pas clairement visible. Les consommateurs ne sont pas au courant que le terminal de paiement est compatible et ne pensent pas à user du service. C'est là un point crucial. Car 30 % de ceux qui ont utilisé Apple Pay indiquent avoir pris leur décision au moment de payer, devant le terminal de paiement (il fallait évidemment qu'ils aient enregistré leur carte de crédit au préalable, évidemment). Pour améliorer ce chiffre, la firme de Cupertino a développé un kit de stickers à destination des points de vente, information relevée par Apple Insider. Les gérants de boutique pourront coller à des endroits stratégiques des vignettes indiquant qu'ils acceptent Apple Pay. Des vignettes ostentatoires, mais au moins gratuites.
Dernier point noir indiqué par l?étude, le nombre de boutiques acceptant le moyen de paiement est trop faible. Et sans un coup de pouce des réseaux de distributeurs, Apple aura toujours autant de difficultés à imposer son service. En fait, Apple serait même dans une situation complexe. D'un côté, si plus d'usagers plébiscitaient Apple Pay, cela convaincrait certaines boutiques. De l'autre, si plus de boutiques acceptaient Apple Pay, les usagers y penseraient plus. C'est le théorème de l'oeuf ou de la poule. Reste à savoir qui des deux finira par arriver en premier... si cela arrive.
Un service qui a au moins le don de faire parler
Au moins, Apple peut s'enorgueillir d'avoir ouvert le débat du paiement sur téléphone mobile. Aujourd?hui, tout le monde connaît Apple Pay, alors que, à l?été dernier, les consommateurs ne savaient même pas qu'il était possible d'effectuer un paiement avec mobile (une possibilité offerte depuis plusieurs années). Apple Pay bénéficiera à Apple Pay, mais aussi à Google Wallet, PayPal, Samsung Pay et consorts.