Tout savoir sur : Beats Music : Apple négocierait des exclusivités avec les artistes
Le monde de la musique en ligne s’agite de plus en plus ces dernières semaines. Le lancement du nouveau Beats Music, développé par Apple pour venir renforcer l’écosystème iTunes, est attendu pour cet été. Mais plusieurs polémiques entourent ce lancement. Nous vous en avons dévoilé une la semaine dernière : les autorités américaines (FTC et ministère de la Justice) étudient les conditions dans lesquelles les contrats entre Apple et les majors de la musique ont été signés, afin de mettre en évidence de possibles pratiques anticoncurrentielles visant les services de streaming musicaux proposant leur contenu gratuitement (contre quelques publicités).
Des exclusivités comme business modèle ?
La seconde est apparue ce week-end. Selon Bloomberg, Apple serait entré en contact avec une douzaine d’artistes pour tenter de signer des accords d’exclusivité (même temporaire) pour valoriser le catalogue et les services (payants) de la future version de Beats Music. Nous nous souvenons qu’Apple, aidé de Jimmy Iovine, a réussi à signer un accord similaire avec U2. Le groupe a offert son album Song of Innocence à tous les titulaires d’un compte iTunes à l’occasion du lancement de l’iPhone 6 (et de l’iPhone 6 Plus).
Ce genre d’accord, organisé par Jimmy Iovine et Dr Dre, a de fortes chances d’aboutir. D’abord parce que les deux cadres d’Apple sont également des artistes reconnus avec un carnet d’adresses important. Ensuite parce qu’Apple compte une base installée et potentielle considérable (iTunes, iPad, iPod, iPhone, Watch). Qui ne serait pas intéressé par une telle audience ? Enfin, Beats Music, dans sa version actuelle ou la prochaine, est et sera exclusivement payant. Ce qui a évidemment la faveur des artistes et des majors de l’industrie. Ce dernier argument est évidemment le plus important, surtout quand il est combiné aux chiffres hors-norme d'Apple.
Un accord pour contrer le streaming gratuit
Dans son article, l’agence de presse cite deux artistes approchés par Apple : Florence and the Machine et Taylor Swift. Cette dernière est certainement la plus emblématique. Son album a récemment été retiré de Spotify à sa demande. Elle souhaitait que le service de streaming limite l’accès à ses chansons aux utilisateurs premium. Ce dernier a refusé. D’où ce désaccord et le retrait de l’artiste. Après ce coup d’éclat, l’artiste est devenue l’une des icônes du streaming payant. Il est donc logique de la voir approchée par Jimmy Iovine.
En outre, Bloomberg rappelle que le procédé existe déjà. Le rappeur et producteur Jay Z a lancé sa propre plate-forme de streaming, Tidal, en association avec une douzaine d’artistes, dont Rihanna, Beyonce ou Alicia Keys. Tous (ou presque) accordent des exclusivités (temporaires majoritairement) à ce service uniquement payant (10 dollars par mois).
Asphyxier la conccurence
Selon les différents spécialistes interrogés pour ce long papier, le succès de Beats Music nouvelle formule dépend du prix, du contenu, des accords d’exclusivité, mais aussi de la notoriété de Beats. Cela pourrait aussi passer par une asphyxie de la concurrence gratuite, notamment Spotify. Ce dernier se bat actuellement pour renouveler ses accords de licence avec les majors, dont Universal. Celui-ci souhaite que Spotify réduise le contenu de son service gratuit, encouragé par Apple et les artistes qui ne souhaitent pas tomber dans ce business modèle. Une situation complexe et aux enjeux considérables : le streaming rapporte aux États-Unis 800 millions de dollars par an, soit plus que les revenus engendrés par les CD.