Tout savoir sur : Qualcomm pourrait-il se séparer de sa gamme Snapdragon à cause de Samsung ?
En janvier dernier suite à l’annonce du G Flex2 de LG, une première rumeur annonçait l’éviction du Qualcomm Snapdragon 810 de l’ensemble des modèles du Galaxy S6 de Samsung. Nous avions alors émis deux hypothèses quant aux raisons qui auraient poussé le géant coréen à faire faux bond à son partenaire (et désormais client de ses fonderies). En effet, habituellement, Samsung réalise deux versions de son flagship annuel : celle pour l’Asie (et surtout la Corée) avec un chipset Exynos et celle pour l’international avec un Snapdragon. Et le second se vend naturellement mieux que le premier.
A première vue, une raison technique...
La première raison évoquée alors était technologique. Des rumeurs, depuis vérifiées grâce au G Flex2 et au One M9 de HTC, révélaient que l’octo-core émettait beaucoup de chaleur, ce qui était non seulement dangereux, mais assez peu optimisé. Depuis, des modifications dans les firmwares des flagships équipés ont résolu en partie le problème, au détriment certainement des performances à long terme.
Évidemment, Samsung, qui souhaitait alors changer l’ensemble de son châssis pour des matériaux premium (comme nous l’avons découvert) ne pouvait se permettre de prendre un tel risque. D’où un changement radical. Nous nous souvenons aussi que, en marge du lancement du Galaxy Note 3, les versions Exynos parvenaient à de meilleurs résultats sur les benchmarks que les versions Snapdragon. Ce qui se vérifie aujourd’hui en comparant le One M9 et le Galaxy S6.
...mais qui n'en serait pas vraiment une
La seconde hypothèse émise en janvier était économique. Celle-ci a été reprise cette semaine par le quotidien coréen Business Korea qui raconte une histoire qui n’a rien à voir avec un thermomètre, ni avec des exigences industrielles. Pour créer le Galaxy S6, Samsung a dépensé beaucoup d’argent, mais, en Corée, n’a pas répercuté ce coût sur le prix de vente. Le Galaxy S5, tout en plastique, était vendu 868 000 wons en version 32 Go. Le Galaxy S6, toujours en version 32 Go mais avec châssis en aluminium et verre minéral, est proposé à 858 000 wons. Soit moins cher.
Cependant, il a été montré par certains confrères que le S6 et le S6 Edge sont des smartphones particulièrement coûteux à produire. Près de 300 dollars de pièces et main d’oeuvre par modèle. Ce qui est 12 % plus cher que pour le Galaxy S5. Ce qui sous-entend que Samsung rogne sur ses marges pour vendre ce flagship à un coût raisonnable (au moins en Corée). Il a dû également faire quelques économies. Et la principale est évidemment celle du chipset, second poste de dépense d’un smartphone.
Une double économie
En intégrant un Exynos dans son Galaxy S6 / S6 Edge, Samsung a fait une double économie. D’abord, un chipset fait maison (il les dessine et les produit) est toujours moins cher qu’un composant acheté chez un fournisseur extérieur. Ensuite, et c’est surtout ça qui compte, Qualcomm impose à ses partenaires fabricants une redevance pour chaque smartphone sous Snapdragon vendu qui s’ajoute au prix unitaire du composant.
Cette redevance est l’équivalent de 2,5 à 5 % du prix de vente (HT ou TTC, ce n’est pas précisé) du smartphone. Soit un minimum de 19 euros pour un Galaxy S6 32 Go. Depuis 5 ans qu’il achète des Snapdragon, Samsung aurait payé plus de 9 milliards de dollars à Qualcomm en royalties sur les brevets des chipsets. Un coût supplémentaire que Samsung n’était plus prêt à accepter. D’autant que deux événements ont eu lieu en 2014 : le Galaxy Alpha, sous Exynos 5430, a été plutôt bien perçu dans les tests, et le modem multimode développé en interne fonctionne partout dans le monde. L’avantage premier des Snapdragon s’envolait.
L'effet papillon
Évidemment, Samsung est le premier consommateur de chipset au monde. Choisir un autre chipset que le Snapdragon 810 pour son flagship annuel, d’autant plus le Galaxy S6 qui devrait se vendre à plus de 50 millions d’exemplaires, aura un effet considérable sur Qualcomm. Selon Business Korea, Qualcomm devrait dans un premier temps revenir à la table des négociations avec le Coréen, non pas pour discuter du prix des chipsets, mais celui des royalties. Et si Samsung obtient une baisse (ce qui est presque sûr), il y a fort à parier que d’autres y arriveront aussi.
Dans un second temps, Qualcomm pourrait choisir de diviser son activité en deux parties distinctes (même juridiquement) : d’un côté la gestion du portfolio de brevets et de l’autre la conception des chipsets Snapdragon. Incroyable retournement de situation, celui que nous avions cru indéboulonnable sur le haut de gamme pourrait finalement être en difficulté, malgré un matelas financier estimé à 30 milliards de dollars. De notre point de vue, tout se jouera certainement avec le Snapdragon 820, fabriqué par Samsung. Si ce dernier parvient à replacer la gamme au-dessus de la concurrence en terme de performance, il pourrait regagner la faveur de l’ensemble de l’industrie. Dans le cas inverse, la gamme Snapdragon pourrait se retrouver... à vendre.