Tout savoir sur : Qualcomm investit pour exporter les marques chinoises
Il y a un an, alors que le Snapdragon 801 tenait d’une main ferme le segment haut de gamme partout dans le monde, il aurait été difficile d’imaginer la téléphonie mobile sans Qualcomm. Même si c’est toujours le cas aujourd’hui, il semble que la domination du fondeur américain ait considérablement diminué depuis. MediaTek n’y est évidemment pas pour rien. Les problèmes techniques de son offre 64-bit non plus. Mais c’est aussi une question conjoncturelle : les acteurs chinois sont de plus en plus présents au niveau mondial. Et Qualcomm a des difficultés à la toucher.
Objectif Chine
Selon les Wall Street Journal, le fondeur de San Diego aurait donc mis en place une stratégie complète visant à les charmer, les bichonner et à les sortir du marché chinois. Première étape : s’installer. Qualcomm a développé, comme Intel, une filiale locale qui a pour but de proposer ses produits aux Xiaomi, Oppo, Meizu ou Huawei.
Dommage, Huawei dispose déjà de HiSilicon, Meizu est un fidèle client de Samsung et Xiaomi a signé un partenariat stratégique avec Leadcore Technology qui a mené à une première collaboration sur le Redmi 2A. Notez cependant que la majorité des acteurs chinois d’envergure internationale utilisent déjà des chipsets Snapdragon...
Baisse de prix territoriale ?
Seconde étape de la stratégie : la baisse forcée des royalties touchées par Qualcomm pour la vente de chaque mobile sous Snapdragon. Comme nous vous l’avons expliqué dans un article précédent, l’intégration d’un chipset Snapdragon implique deux paiements : l’achat du composant et l’acquisition d’une licence, cette dernière étant un pourcentage des ventes reversé (de 2,5 % à 5%).
Selon un article de Business Korea, Samsung aurait choisi de s’éloigner de Qualcomm en partie pour cette raison. Il semblerait que les Chinois l’aient vu aussi d’un mauvais oeil. Ils ont porté plainte pour abus de position dominante. Qualcomm a été condamné à payer 1 milliard de dollars environ et a réduit sa redevance pour calmer ses acheteurs. Depuis, Qualcomm a baissé ses prix. Et il pourrait également faire une fleur à Samsung...
Troisième étape, Qualcomm miserait sur l’intégration de l’entreprise en Chine. Investissement dans des start-ups locales à hauteur de 150 millions d’euros, actions auprès de l’éducation de la jeunesse, campagnes de lobbying suite aux révélations d’Edward Sdnowden sur les interactions entre la CIA et les entreprises technologiques américaines, etc.
Accompagnement international
Dernière étape, l’accompagnement vers l’international. Voilà peut-être l’étape la plus importante pour Qualcomm. Les constructeurs chinois ont actuellement une assez bonne réputation. Et cette image a généralement un rôle crucial dans l’acte d’achat final. En profitant de cette notoriété, Qualcomm espère que ces marques parviendront à s’installer durablement sur de nouveaux marchés.
Cet accompagnement a deux buts économiques : d’abord fidéliser un client à fort potentiel de croissance, ensuite augmenter le chiffre d’affaires de ce client grâce à la croissance organique. Le savoir-faire et la présence mondiale de Qualcomm légitiment naturellement ce rôle. Reste à savoir si cela suffira à attirer de nouveaux clients, surtout ceux qui se fournissent chez MediaTek.
En position délicate
Toujours ébranlé par la sortie de l’Apple A7, premier composant 64-bit, agressé sur son jardin secret par MediaTek, dépassé sur les GPU par son compatriote de Santa Clara, nVidia, Qualcomm s’est jeté l’année dernière à corps perdu dans la course du 64-bit avec une seule idée en tête : y être le plus vite possible. Avec les Snapdragon 410, 615 et surtout 810, le fondeur n’a réussi qu’à proposer une alternative intéressante à l’offre de MediaTek, mais sans totalement convaincre. La commercialisation chaotique du Snapdragon 810 n’a rien arrangé. Qualcomm doit donc redorer son image, aussi bien commercialement que technologiquement. Cette stratégie semble vouloir répondre au premier pan. Vivement la suite avec le Snapdragon 820.