En début de semaine, BlackBerry a publié ses résultats pour le quatrième trimestre de son exercice 2014-2015 clos au 28 février dernier. Sur ce trimestre, nous avons appris que l’entreprise a réalisé un bénéfice net, signe que la stratégie de John Chen, consistant à abandonner les activités qui ne rapportent pas d’argent, commence à être payante. Sur l’ensemble de l’année, BlackBerry continue de perdre de l’argent, à hauteur de 300 millions de dollars, dont 15 % proviennent des activités maintenues. La situation n’est donc pas encore tout à fait stabilisée.
Une entreprise qui attire de nouveaux les regards
Mais les résultats de l’entreprise ont dépassé les prévisions des analystes financiers. Ce qui attirerait de nouveau les regards d’investisseurs potentiels. Et surtout d’industriels intéressés pour reprendre cette activité qui semble, finalement, être capable d’être profitable. Selon la publication taïwanaise Digitimes, plus fiable sur les indiscrétions économiques que les fuites matérielles, une poignée de constructeurs de smartphones aurait pris contact avec des banques d’investissement pour étudier la reprise de l’entreprise canadienne.
Quatre noms sont cités. Trois font partie du Top 6 des fabricants de smartphones au niveau mondial et ils sont chinois. De ces deux détails, il est facile de les deviner : Xiaomi, Huawei et Lenovo. Nous savons que BlackBerry fait partie de ces entreprises dont les implications gouvernementales au niveau mondial sont telles qu’il est impensable qu’un acteur chinois mette la main dessus. Le gouvernement américain y mettra son véto, évidemment. De même pour le gouvernement canadien. C’est donc peine perdue.
Microsoft également interessé ?
Le dernier des quatre noms est un industriel américain. Il s’agit de Microsoft. Ancien leader de la téléphonie dans les entreprises (avec Windows Mobile, souvenez-vous), la firme de Redmond aurait évidemment un intérêt à reprendre BlackBerry pour redevenir une référence en b-to-b. Et à l’approche de Windows 10 et de ses applications universelles qui fonctionnent aussi bien sur un PC que sur un mobile, l’intérêt stratégique est encore plus fort.
Cependant, la pertinence de l’offre BlackBerry est basée sur un écosystème complet comptant dans ses rangs BB OS 10. Il parait évident que Microsoft ne compte pas financer le développement de cet OS (ou de ses successeurs), alors qu’il doit investir sur Windows. Voilà donc une rumeur qui, même si elle est vraie, ne devrait pas aboutir à une opération de rachat.
Et soyons honnêtes : aucun acteur de la téléphonie n’aurait vraiment d’intérêt, outre pour l’acquisition de brevets, d’acheter le fabricant canadien. Car son business modèle est établi sur des briques technologiques (BB OS 10, BES, BBM et les mobiles BlackBerry) qui travaillent ensemble. Enlevez-en une et tout le système perd de sa valeur. Voilà d’ailleurs pourquoi John Chen s’évertue malgré tout à concevoir des smartphones.
Une entreprise impossible à reprendre
Or, quel constructeur pourrait reprendre l’ensemble de l’architecture BlackBerry et l’intégrer à sa propre offre ? Dans l’absolu, seuls les fabricants liés à l’univers professionnel comme HP ou Dell, dont l’activité mobile est très limitée, seraient en mesure de le faire, même si HP n’est pas vraiment connu pour réussir l’intégration de ses acquisitions (souvenons-nous de Palm).
Quand John Chen affirmait en juillet dernier ne pas avoir reçu d’offre de rachat pour BlackBerry, nous le croyons aisément, et pas simplement parce qu'à l'époque les finances étaient mauvaises. Nous serions même tentés de croire J.K. Shin qui réfutait en janvier dernier avoir tenté de racheter le Canadien, malgré une rumeur insistante relayée par Reuters. Car le géant coréen aurait plus intérêt à soigner Knox qu’à intégrer BES. D’autant que les deux solutions sont intercompatibles grâce à un partenariat croisé. John Chen n’a donc qu’une seule issue possible : faire de BlackBerry une entreprise à nouveau rentable.