Lors de son lancement en France il y a un an, Honor, la marque alternative de Huawei, promettait de bonnes configurations à un prix abordable. Avec le Honor 6, pas forcément le meilleur rapport qualité-prix à l?époque, affichait un bilan très positif, la suite de la gamme a souffert d'un vrai manque de constante dans son offre. Les Holly et 3C étaient loin d?être bons, tandis que le 4X s'est révélé être une excellente affaire.
Cependant, le Honor 6 Plus devant être une version améliorée du Honor 6, nous nous attendions à être charmés. Sans pour autant être entièrement décevant, le charme n'a pas opéré. Il faut dire, à 400 euros, la facture est légèrement salée. Car, depuis son officialisation, de l'eau a coulé sous les ponts.
Des smartphones avec écran Full HD à 5,5 pouces, il en existe aujourd?hui quelques-uns sous la barre des 350 euros. Le OnePlus One est l'un d'entre eux. À espace de stockage égal, il est même proposé à moins de 300 euros. Le ZenFone 2 d'Asus, avec ses 32 Go de stockage et 4 Go de RAM, est proposé à 350 euros. Sans parler du catalogue récent de Meizu, Oppo, Alcatel OneTouch qui nous a relativement surpris ces dernières semaines. Sommes nous donc simplement blasés, ou Honor se repose-t-il un peu trop sur ses lauriers ? Jetons un oeil sur la fiche technique pour avoir un premier élément de réponse.
- dimensions : 150,5 x 75,7 x 7,5 mm
- poids : 165 grammes
- ratio écran / taille : 73,2 %
- écran IPS Full HD de 5,5 pouces pour une résolution de 400 pixels par pouce
- chipset HiSilicon Kirin 925 composé de 4 coeurs Cortex-15 cadencés à 1,8 GHz, 4 coeurs Cortex-A7 cadencés à 1,3 GHz et d'un GPU Mali 628-MP4
- 3 Go de mémoire vive
- 32 Go de stockage interne (extension par microSDXC)
- Batterie 3600 mAh non amovible
- double capteur 8 mégapixels rétroéclairé avec flash LED, capable de réaliser ensemble des photos de 13 mégapixels. Compatible jusqu'au Full HD en vidéo
- webcam frontale Omnivision 8 mégapixels
- deux emplacements microSIM (le second est convertible en port microSD)
- compatible WiFi n dual-band, Bluetooth 4.0, GPS, infrarouge, NFC et LTE catégorie 6
- chipset audio optimisé DTS
- système d'exploitation EmotionUI 3.0 sur une base Android 4.4.2 Kitkat
Vous aurez remarqué peut-être un détail surprenant : le chipset est le Kirin 925, évolution du 920 du Honor 6 que vous retrouvez dans le Mate 7. C'est un chipset 32-bit qui a depuis été remplacé par les Kirin 93x (que vous retrouvez dans le P8 et P8 Max). La version du jeu d'instruction (ARM v7) a évidemment une incidence importante : toutes les optimisations réalisées par Google pour améliorer les performances d'Android KitKat et Lollipop seront ici inutiles. Cela sous-entend aussi que les performances du chipset sont en dessous des moyennes sur ce segment de prix, comme nous le verrons dans la partie du test dédiée.
Une grande version du Honor 6
Mais avant cela, commençons par le design du produit. Si vous avez lu notre test du Honor 6, vous êtes ici en terrain connu, puisque le Honor 6 Plus reprend à l'identique les formes et les matériaux de son modèle. Vous retrouvez donc ce châssis extrêmement droit, sans appareil photo protubérant. À l'avant une belle dalle en verre minéral. À l'arrière, une autre dalle, en polycarbonate imitant plutôt bien le verre. Derrière celle-ci, Honor a dessiné un motif croisé très sympa. Les contours du mobile sont un mélange entre plastique (la partie noire) et métallique (la partie acier brossée). Comme pour le Honor 6, Huawei a fait disparaître la zone tactile sous l?écran, réduisant significativement les bordures. L?écran ne s'en retrouve que plus grand.
À l'arrière, comme le Honor 6, vous retrouvez la petite grille du haut-parleur dans le coin inférieur gauche. Et en face, dans le coin supérieur gauche, le capteur photo. Ou plutôt les capteurs, puisqu'il s'agit d'un double appareil photo dont nous verrons les caractéristiques en fin de test. Il est toujours accompagné par une double LED. Sur les tranches, un détail amusant : Huawei a concentré sur la tranche de droite toutes les connectiques habituellement réparties sur les deux bordures latérales. Nous parlons des boutons matériels, mais aussi des deux trappes pour les micro SIM (dont l'un est capable de se transformer en port microSD, ce qui est très pratique). En bas, vous retrouvez la connexion microUSB et, en haut, le port infrarouge à côté du jack 3,5 mm.
Un bon smartphone à utiliser
La prise en main de ce smartphone, plutôt bonne, est celle d'une phablette. Les boutons matériels ont été rapprochés du pouce droit pour une manipulation à une main. La construction du smartphone est plutôt solide, répondant à une impression nettement qualitative. La dalle qui couvre l?écran IPS glisse agréablement sous les doigts. Attention cependant aux traces que vous laisserez à l'usage, autant à l'avant qu?à l'arrière du mobile. En outre, ce double revêtement rend le mobile glissant. S'il donne l'impression d?être solide, nous n'avons pas poussé le vice à tester sa résistance à un vol plané...
L?écran est assez beau. Le contraste aurait pu être un peu meilleur, mais il est largement suffisant pour dessiner de belles images. Les couleurs sont vibrantes, comme s'il s'agissait d'un écran Amoled. D'autant que les angles de vision sont assez larges, quelle que soit l'orientation du mobile. La luminosité du mobile est bonne, même si nous avons remarqué un manque de visibilité en pleine lumière. Il vous faudra donc parfois pousser le rétroéclairage un peu plus que ce qui est suggéré par le réglage automatique.
Une version d'Emotion UI remaniée
À l'allumage, le Honor 6 Plus propose la surcouche commune à tous les smartphones Huawei, EMUI, ici en version 3.0 sur une base Android 4.4.2 KitKat (avec, logiquement, une mise à jour vers Lollipop prévue dans le courant de l'année). EMUI (ou Emotion UI) est un grand classique des ROM chinoises en téléphonie mobile. Nous y retrouvons les icônes bien rondes dans les angles, l'absence de menu dédié aux applications, les fonds d?écran qui bougent, l?écran de verrouillage avec illustration rotative, la zone de paramétrage rapide accessible quand le mobile est verrouillé, le gestionnaire des thèmes, le gestionnaire de notifications général, l'interface simplifiée optionnelle et toutes les petites retouches que nous connaissons bien.
Accueil, verrouillage avec accès rapide et personnalisation du thème
Entre le Honor 6 et le Honor 6 Plus, ce n'est pas la même version d'Emotion UI qui est proposée. Nous passons de la version 2.3 à la version 3.0. Premier changement de taille, le mobile adopte les icônes de navigation de Lollipop (en bas de l?écran), afin d?être à jour lors de son arrivée. Puis certaines icônes ont été modifiées, comme celle du navigateur Web ou celle de la messagerie. Ensuite, certaines applications maison de Huawei ont été redessinées et améliorées. C'est le cas par exemple du lecteur musical et du gestionnaire de téléphone. C'est également le cas du menu flottant, plus sobre. N?hésitez pas à comparer les captures d?écran avec le test du Honor 6 : nous avons essayé d'en offrir deux identiques.
Paramétrage de la sauvegarde, mode de consommation d'énergie et gestion des notifications
Le plein d'applications... pas toujours utiles
Au-delà des applications maison, Huawei propose avec le Honor 6 Plus quelques logiciels développés par des tiers et intégrés grâce à des partenariats commerciaux. Vous les retrouvez dans un dossier appelé « Meilleures apps ». C'est non seulement pompeux, mais pas très subtil. Vous y retrouvez des outils utiles, comme Twitter (pour ceux qui aiment), Kingsoft Office ou encore Tag Magique qui permet de créer et de modifier des tag NFC. Faut-il encore avoir des tags NFC ! L'application Highlihts est juste un moteur de recommandation. Les autres occupants de ce dossier marketing sont des jeux (ou des versions d'essais) en provenance de Gameloft.
Nouvelles applications de EMUI 3.0 : musique, gestionnaire de téléphone et menu flottant
Heureusement, ces quelques applications marketing ne grèvent pas trop l'espace de stockage en ligne, d'autant que certaines d'entre elles peuvent être désinstallées. L'ensemble du système est d'ailleurs assez fluide. Nous n'avons pas rencontré de ralentissements fâcheux lors de la navigation dans le système. Comme sur le Honor 6, Emotion UI est ici bien optimisée, merci KitKat, certainement la version la plus légère d'Android. Car ce n'est malheureusement pas entièrement grâce à la plate-forme technique que l'expérience est bonne. Le Kirin 925 est une plate-forme aux capacités comparables à celles du Snapdragon 800, un chipset haut de gamme, certes, mais clairement âgé aujourd?hui.
Highlights, Kingsoft Office et écran d'essai de Bubblebash Mania de Gameloft
Des performances en dessous des attentes
Sur AnTuTu, nous obtenons un score de 44585 points. Sur 3DMark et Basemark OS II, il obtient respectivement 13769 points et 942 points. Comparons ces quelques scores à quelques concurrents dont le prix est compris entre 300 et 400 euros (donc tous vendus au même prix, voire moins cher) : Honor 6, OnePlus One, Meizu MX4 et MX4 Pro et ZenFone 2. À cela, nous ajoutons le Huawei P8, afin de réaliser une comparaison du Kirin 925 et du Kirin 930.
AnTuTu, 3DMark et Basemark OS II
Face aux P8 et Honor 6, le positionnement du Honor 6 Plus est légitime. Il se situe exactement entre les deux sur AnTuTu et Basemark. La différence de prix (une centaine d'euros vers le haut ou vers le bas) est donc ici justifiée, au moins techniquement. Comparé aux autres modèles, le Honor 6 Plus se révèle sur AnTuTu généralement moins bon, que ce soit chez Meizu, OnePlus ou Asus, avec des différences de l'ordre de quelques milliers de points. Sur Basemark, la différence est moins marquée, avec Asus et OnePlus largement devant et Meizu en retrait.
AnTuTu Video
Côté 3DMark, tous les autres chipsets sont au-dessus du Kirin 925, sauf le Kirin 930 du P8. Même le Kirin 920 du Honor 6 le dépasse. Encore une fois le ZenFone 2 et le OnePlus One sont en tête, suivis du chipset de Samsung (Exynos 5430 sur MX4 Pro) et du chipset MediaTek (MT6595 du MX4). Nous sommes donc assez déçus par l'intégration du Mali T628 réalisée ici. Heureusement cela ne semble pas affecter les performances vidéo du mobile qui obtient un très bon score sur AnTuTu Video (942 points).
Une bonne plate-forme multimédia... avec quelques ratés
En multimédia, Le Honor 6 Plus n'est pas toujours, comme le résultat de ces tests le laisse présumer, la plate-forme idéale malgré son bel écran Full HD de 5,5 pouces, la fluidité de sa couche tactile et son chipset octo-core. Commençons par le jeu vidéo : nous avons eu la désagréable surprise d?être dans l'impossibilité de charger le jeu. Nous ouvrons l'application et elle se ferme. Nous redémarrons le mobile (pour décharger la mémoire cache) et recommençons. Mais rien n'y fait. Nous avons donc jeté notre dévolu sur Modern Combat 5 de Gameloft. Et celui-ci fonctionne heureusement très bien. Voilà qui nous a réconciliés avec le mobile.
Modern Combat 5
En vidéo, nous avons apprécié la qualité de l?écran du smartphone qui se révèle être un bon lecteur, même avec l'application par défaut. Cette dernière n'arrive pas au niveau de celle de Samsung, Archos ou Meizu, mais elle est parvenue à lire l'ensemble des fichiers de notre banc. Avec deux bémols cependant : le premier est l'absence des sous-titres des fichiers MKV et le second est l'incompatibilité avec les flux DTS, alors que le chipset audio est censé être certifié « DTS ». Si vous avez quelques fichiers qui répondent à ces deux caractéristiques, installez un autre lecteur.
Deux capteurs photo valent mieux qu'un
Avec son double capteur 8 mégapixels au dos, la vidéo est évidemment l'un de ses points forts. Ce composant offre la possibilité de capturer des images jusqu?à 13 mégapixels grâce à la combinaison des informations reçues par les deux APN. Soit. Mais les photos sont-elles belles pour autant ? Eh bien oui. Un « oui » franc et massif comme nous les aimons. Car le Honor 6 Plus propose des clichés avec des couleurs fidèles, un très bon piqué dans le centre de l'image (avec toujours quelques petites distorsions dans les coins) et surtout une gestion de la luminosité sans faille. Regardez ces beaux cumulus bien dessinés dans le ciel parisien. Avouons-le : nous ne sommes pas arrivés à ce résultat du premier coup. Mais dans l'ensemble, même les autres clichés sont bons.
Photo réalisée avec le Honor 6 Plus
L'application photo est un juste milieu entre celle du Honor 6 et du Huawei P8. Pas aussi riche que sur le dernier flagship de la marque chinoise, elle offre quelques réglages supplémentaires en fouillant dans le menu de paramétrage. Vous y retrouvez aussi quelques effets pour des prises de vue à la Instagram. Enfin, vous disposez d'un mode « grande ouverture » pour réaliser des effets bokeh (flou d'arrière-plan) grâce à l'usage des deux capteurs photo (l'un fait la mise au point sur le sujet, l'autre crée le flou). Vous remarquerez que c'est le même effet qu'avec le HTC One M8, mais en plus simple à mettre en oeuvre.
Moins opportuniste que le Honor 6 à son lancement
Le Honor 6 Plus n'est pas un mauvais smartphone, loin de là. Il a de très belles qualités. Une construction solide. Une ROM sous KitKat fluide et astucieuse. Un écran contrasté et lumineux. Un appareil photo ingénieux et réalisant des clichés que certains haut de gamme sont incapables de faire. Le tout pour une prise en main agréable. Oui, le smartphone est clairement agréable. Mais pas forcément plus que les autres.
Car, nous avons aussi été charmés par les qualités du OnePlus One, du Asus ZenFone 2, des Meizu MX4 (même si nous avons été un peu durs avec eux). À 400 euros, le Honor 6 Plus aurait dû être meilleur que ceux qui sont vendus à 300 euros. Et ce n'est pas le cas pour tous les exemples que nous avons cités. Bien sûr, aucun n'est parfait. Mais le fait est que le Honor 6 Plus est aujourd?hui surévalué par rapport à la concurrence qui s'est adaptée en 6 mois. Et c'est peut-être d'ailleurs une remarque générale sur Huawei qui est souvent légèrement au-dessus de sa concurrence la plus directe.
Nous aimerions aussi rappeler, pour la défense du mobile, mais pas celle de Huawei, que le Honor 6 Plus est sorti en Chine et en 4G à 320 euros. Même si les taux de change sont en défaveur de l'euro vis-à-vis du dollar et du yuan, il paraît évident que c'est cette différence de prix qui joue totalement en défaveur de la phablette.
Bref, si nous n'avons pas hésité à qualifier la sortie du Honor 6 comme « la bonne surprise de la fin de l'année » (ndlr, 2014), nous ne pourrons pas en dire autant du Honor 6 Plus qui arrive malheureusement un peu trop tard sur le marché, et à un prix légèrement supérieur à ce que nous étions en mesure d'attendre de la part de Honor.