Que faut-il faire pour sauver HTC de façon durable ? La stratégie du constructeur taïwanais, initiée par sa présidente et nouvelle PDG, Cher Wang, visant à accroître sa présence en Chine et en Inde semblait aller dans la bonne direction. Cependant, les ventes de ses mobiles ne suivent visiblement pas.
Selon un article paru dans un quotidien chinois économique China Business Journal, cité par DigiTimes, les chiffres du One M9, son dernier flagship, sont particulièrement faibles. Sur les trois premiers mois de commercialisation, il s’en serait écoulé 4,75 millions d’unités. Quand ils sont comparés aux 50 à 60 millions d’iPhone distribués dans le monde sur une même période, nous comprenons facilement pourquoi HTC a totalement décroché des classements mondiaux, tels que ceux de Strategy Analytics, Gartner ou IDC.
Deux fois moins d'unités vendues
Bien sûr, comparer HTC à Apple ou Samsung est évidemment trop facile. Autant mettre face à face ce qui peut être comparable. Et quoi de mieux qu’un smartphone avec son prédécesseur ? Toujours selon le China Business Journal, le One M9 se vendrait largement moins bien que le One M8, qui lui-même n’était pas un énorme succès commercial. La différence serait même considérable : la baisse serait de 45,75 % exactement sur les trois premiers mois de commercialisation respectifs. Soit pratiquement la moitié du volume du modèle précédent. DigiTimes annonçait en mai que HTC réduisait déjà à l'époque ses commandes de composants de 30 %. Cela se recoupe.
Les consommateurs ont donc clairement boudé le M9. Il faut dire que le smartphone démarrait mal sa période de commercialisation. Après quelques semaines de « bad buzz » sur Internet suite à la découverte généralisée d’un problème de surchauffe causé par le sulfureux Snapdragon 810 de Qualcomm (problème qui ne touche pas uniquement HTC, mais aussi Sony, Xiaomi et LG), HTC a dû suspendre la livraison du mobile pour appliquer une mise à jour du firmware. Même si cette mise à jour a eu l’effet escompté (contenir la propension du chipset à générer de la chaleur quand il est sollicité), le mal était fait. Voilà une première explication quant aux mauvaises performances commerciales du mobile.
Un problème de positionnement tarifaire
Mais ce ne serait pas la seule. Pire, la principale raison évoquée par le quotidien chinois ne semble pas liée à Qualcomm, mais à HTC. Il s’agit du prix de vente du M9, jugé bien trop cher vis-à-vis de la concurrence. En France, le smartphone est vendu 699 euros, soit seulement 10 euros de moins de l’iPhone 6. En Chine, les deux mobiles sont également proches. Alors que la majorité des mobiles haut de gamme y sont vendus autour des 2000 yuans, le One M9 est proposé à 3999 yuans sur la boutique du constructeur et l’iPhone 6 à 5300 yuans sur l’Apple Store en ligne. Selon un institut d’étude chinois cité par le journal, le prix du One M9 était assez haut pour pousser les éventuels acheteurs à se tourner vers un iPhone (car quitte à choisir, ils préfèrent Apple...).
Ce problème de positionnement tarifaire semble être récurrent chez HTC. Non pas que les One et les Desire ne valent pas leur prix. Mais comparée aux autres propositions du marché, celle du fabricant taïwanais s’avère régulièrement trop chère. D’autant que ZTE, Xiaomi et Coolpad sont entrés dans une nouvelle guerre des prix sur l’entrée de gamme avec des smartphones proposés sous la barre des 500 yuans (72 euros). C’est le cas du Redmi 2A, par exemple. Face à eux, HTC présente ses Desire, dont le prix de départ dépasse les 1000 yuans. Pour le consommateur, le choix est généralement rapidement fait.