En début de semaine, nous vous indiquions qu’Apple était revenu sur l’un des termes des accords signés avec les majors du disque. Les chansons diffusées dans le cadre de l’offre d’essai à Apple Music seront finalement rémunérées. Bien moins que celles qui sont écoutées dans le cadre de l’offre payante. Mais le fait est qu’ils toucheront de l’argent, alors que cela n’était pas prévu auparavant. Une victoire naturellement pour les ayants droit qu’ils doivent à Taylor Swift. La chanteuse s’est largement exprimée sur le sujet. Assez du moins pour que Eddy Cue, le vice-président des services chez Apple (dont iTunes et Apple Music), prenne lui aussi la parole sur les réseaux sociaux et annonce ce changement. Depuis, les artistes reparlent avec Apple, même si le montant du reversement est clairement moins avantageux : 0,2 cent (donc 0,002 dollars) la chanson, selon le New York Times.
Des signatures comme s'il en pleuvait
Selon le magazine Billboard, au lendemain de l’annonce d’Eddy Cue sur Twitter, deux des plus importants regroupements de labels indépendants, Beggars et Merlin, représentant plusieurs milliers de petites structures, ont signé un accord avec Apple, renforçant ainsi le catalogue que la firme sera à même de proposer lors du lancement de son service. Ces indépendants sont parfois de grandes figures de la musique internationales. Parmi ceux qui sont concernés par ces accords, notons Adele, Arcade Fire ou Radiohead. Ce n’est donc pas une petite affaire.
Restait bien sûr à savoir si la talentueuse (autant pour sa musique que pour cette négociation par réseaux sociaux interposés) Taylor Swift acceptera de proposer son dernier album (1989, vendus à plus de 4 millions d’exemplaires dans le monde) sur Apple Music, ce qu’elle refusait de faire. Que ses fans se rassurent : elle a elle aussi accepté de rejoindre le groupe, décision rendue officielle sur Twitter en cette fin de semaine. Même si cela peut paraître anecdotique, Taylor Swift s’est imposé durant ces derniers mois comme une porte-parole redoutable de la musique payante sur Internet. Son ralliement devrait en amener d’autres.
Convaincre des artistes qui ne sont pas ailleurs
C’est donc un mal pour un bien pour Apple, qui se constitue ainsi l’un des meilleurs catalogues de streaming. Certainement meilleur encore que celui de Spotify. Car de grands noms de la musique refusent d’être présents chez ce dernier parce que les conditions de rémunération liées à l’offre gratuite ne sont pas assez avantageuses. Et dans une bataille où chaque opposant propose un service quasiment équivalent, la richesse du contenu devient primordiale. D’autant qu’Apple part avec plusieurs handicaps : Spotify est présent depuis longtemps et a conclu des accords avec certains opérateurs (dont Bouygues Telecom, par exemple), ce que la firme de Cupertino devrait se refuser à faire.
Depuis son lancement lors de la WWDC en début de mois, Apple Music a fait couler beaucoup d’encre. D’abord pour le contenu de l’offre : d’une part un service de streaming payant comparable à Spotify et d’autre part une webradio animée par des DJ et des artistes invités. Ensuite parce que certaines clauses du contrat étaient controversées, notamment sur l’absence de royalties pour toutes les chansons consommées durant les trois mois d’essai offerts par Apple. Les artistes ne comprenaient pas pourquoi Apple profiterait d’une musique qui serait pour lui aussi gratuite. Porte-parole de ce mouvement, Taylor Swift, a alors pointé du doigt cette règle qu’elle qualifiait d’injuste pour les indépendants, car leur travail ne leur rapporterait rien pendant trois mois. Voyant le volet social (et sociétal) lui devenir défavorable, Apple a rapidement changé de position. Comme quoi, même Apple n’est pas intouchable.