Le marché des accessoires connectés a été promis à un bel avenir et cela attire évidemment les constructeurs. Si Sony et Samsung ont été les premiers à s'y intéresser, beaucoup d'autres ont suivi depuis. Le dernier exemple en date est Alcatel OneTouch qui a présenté sa Watch au mois de janvier, dans le cadre du CES de Las Vegas, et qui vient finalement de la mettre en vente en France, où il profite même du soutien d'Orange.
Fidèle à sa stratégie de toujours, le constructeur a opté pour un positionnement tarifaire agressif : 129 ?. Sur un marché où les prix débutent plutôt autour des 200 ?, avec une Apple Watch qui monte jusqu'à 18 000 ?, c'est évidemment un argument de poids. D'autant que la montre d'Alcatel OneTouch ne semble pas réellement en offrir moins que les autres avec son boîtier en métal certifié IP67 et son cardiofréquencemètre intégré.
Et le prix n'est pas son seul atout. Alcatel OneTouch a également préféré développer son propre OS plutôt que d'opter, comme beaucoup, pour la solution de facilité offerte par Google, à savoir Android Wear, afin d'offrir à sa montre la compatibilité avec iOS, en plus d'Android. Il fonctionne avec une application dédiée à installer sur le smartphone mais, avant d'en arriver là, attardons-nous sur la montre en commençant par son design.
La forme ne fait pas tout
Alcatel OneTouch a immédiatement compris l'importance du design et, surtout, que les montres rondes avaient davantage la cote. C'est donc la forme qu'il a adopté pour façonner le boîtier de sa Watch. Le tour est, de plus, fait de métal, un autre bon point qui participe à la bonne impression de départ. La montre n'a pas l'air cheap. Un peu plus et nous pourrions presque la confondre avec une jolie montre mécanique avec sa bordure d'écran graduée, mais la réalité nous rattrape rapidement.
Le bouton sur la droite du boîtier, pour allumer la montre où la sortir de veille lorsqu'elle n'en sort pas automatiquement en levant le bras (ça fonctionne tout de même assez bien), ne trompera personne. Il est allongé plutôt que rond pour imiter la traditionnelle couronne, comme sur la plupart des modèles concurrents, mais ce n'est peut-être pas le plus gênant. Comme chez Motorola, l'écran n'est pas entièrement rond.
Une malformation dûe, non pas à l'intégration d'un capteur de luminosité ici, mais à l'intégration d'un bouton Retour sensitif. Dommage. Il y avait sans doute une manière plus discrète de l'intégrer. Quitte à opter pour du sensitif, pourquoi ne pas s'être contenté d'un écran tactile entièrement rond avec une zone dédiée ? Alcatel OneTouch tente de noyer le poisson en ne pré-installant que des cadrans noirs (trois au total, dont un numérique).
Une dalle IPS correcte mais sans plus
Cela aurait peut-être pu fonctionner avec une dalle OLED mais pas avec une dalle IPS dont les noirs manquent de profondeur. La différence entre l'écran et le tour de la montre est facilement visible. C'est également le cas lorsqu'il est éteint. Ce petit couac mis à part, l'écran n'est pas si mauvais. Le rétroéclairage suffit à maintenir un niveau de lisibilité acceptable en plein soleil, à condition de le pousser au maximum, et l'affichage est relativement fin. Ne vous laissez pas avoir par la définition de 240 x 204 pixels.
C'est effectivement moins que ce que proposent les montres de Motorola (320 x 290 pixels) et LG (320 x 320 pixels) mais le diamètre est aussi plus petit puisqu'il ne mesure ici que 1,22 pouce. Le résultat est ainsi très similaire à ce que propose une Moto 360 avec son diamètre de 1,5 pouce. Les aiguilles paraissent lisses de loin, mais un peu pixellisées de près. Le mieux est de choisir le cadran numérique mais le charme n'est pas le même et le tour gradué fait alors un peu... tâche.
Le bracelet avec USB intégré, bonne idée mais exécution perfectible
L'autre avantage de ce petit écran, c'est que le boîtier est plutôt compact malgré la large bordure d'écran et ses 10,5 mm d'épaisseur et, donc, que la montre se porte facilement sur un petit poignet. Enfin, elle aurait pu. En réalité, ce n'est pas tout à fait le cas car au boîtier rond s'ajoutent les deux cornes auxquelles vient se fixer le bracelet, maintenu dans l'alignement par un système d'attache à vis beaucoup trop rigide. Résultat, il n'épouse pas parfaitement le tour des petits poignets et « flotte » de chaque côté.
Alcatel OneTouch n'a sans doute pas eu le choix afin de protéger la connexion entre le boîtier et le bracelet, qui inclut, d'une part, une puce NFC pour faciliter l'appairage et, d'autre part, la prise microUSB qui servira à recharger la montre à une extrémité. Il est protégé par un petit cache plastique à plier vers l'arrière et dont la durabilité reste à prouver. Nous ne l'avons pas trouvé particulièrement fragile mais, le plastique ne vieillissant généralement pas très bien, nous nous demandons comment l'axe de pliure résistera au temps, en espérant que le cache ne finira pas par se détacher.
Notez que le bracelet est également en plastique, comme le dos de la montre où se trouve le cardiofréquencemètre. Compte tenu de ce qu'il renferme, il est impossible à changer et manque un peu de souplesse et de finesse. Il est de plus bosselé sur l'intérieur afin de permettre de régler la taille en bloquant le fermoir, qui prend ici la forme d'une boucle déployante qui coulisse le long du bracelet. Ce n'est pas une mauvaise idée. La mise en place aurait pu être rapide mais c'était sans compter sur l'extrémité avec USB qui s'enfile difficilement dans la boucle de l'autre partie du bracelet.
Bonne note pour l'autonomie
Vous l'aurez compris, le système de prise intégré au bracelet présente plusieurs inconvénients (bracelet épais et impossible à changer, enfilage difficile) mais il présente aussi un avantage de taille. Il n'y a pas besoin de station de recharge. Il suffit de trouver un port USB où la brancher, directement mais Alcatel OneTouch fournit également une rallonge, et le tour est joué ! Vous devriez donc pouvoir la recharger facilement, chez des amis par exemple si jamais vous êtes surpris par une panne de batterie.
Soulignons toutefois que cela ne nous est jamais arrivé lors de notre test puisque l'autonomie de l'Alcatel OneTouch Watch est plutôt bonne. Nous sommes arrivés sans peine au bout de la troisième journée d'utilisation en consultant régulièrement les notifications, en lançant quelques entraînements et... c'est à peu près tout en fait. Eh oui. Cette bonne autonomie n'est certainement pas à mettre au compte de la petite batterie de 210 mAh intégrée mais plutôt à celui de l'OS. Il est sans doute moins énergivore qu'un Android Wear et, surtout, ses fonctionnalités sont si limitées... que l'on ne se sert pas beaucoup de la montre au final.
L'OS est facile à dompter mais trop limité
Avant de creuser un peu, revenons sur l'interface de la montre puisqu'elle emploie un OS inédit. La navigation est parfois lente mais simple, avec une interface sur trois niveaux. Le premier est évidemment le cadran, qui donne l'heure et quelques informations basiques, comme la présence de notifications non lues ou d'un entraînement en cours. Un clic mène au second niveau : le menu avec les différentes applications, présentées dans une grille à défilement horizontal. Pour les ouvrir, il suffit de cliquer dessus.
Enfin, le troisième niveau est un centre de notifications à faire apparaître, depuis n'importe quel écran, avec un glissement du bord inférieur de l'écran vers le haut. Les notifications sont classées par application. Toutes celles générées par Gmail, par exemple, sont affichées les unes sous les autres. Glisser de gauche à droite permet de passer aux notifications d'autres applications. Pour revenir au niveau précédent, il suffit de cliquer sur la partie tronquée de l'écran qui sert, comme indiqué plus haut, de touche Retour.
Bien trop peu d'applications
Passons maintenant à ce que peut faire réellement la Watch d'Alcatel OneTouch. Et c'est réellement là que les choses se gâtent puisque, en plus de ne pas faire grand chose, elle se débrouille assez mal dans ce qu'elle fait, à commencer par les notifications. L'idée du classement est bonne mais nous aurions aimé pouvoir faire un peu plus que de les lire. Il est notamment impossible d'y répondre. Certes, il n'y a pas de micro pour dicter une réponse mais il aurait pu être possible de programmer des réponses depuis le smartphone, comme le propose Samsung avec son Gear Fit. Il n'est pas possible de les supprimer non plus. Elles ne disparaissent qu'une fois lues sur le smartphone. Notez également que les notifications ne s'affichent pas automatiquement à l'écran. Lorsqu'elles arrivent, la montre vibre simplement pour donner l'alerte.
Quant aux applications préinstallées, elles sont peu nombreuses et il faudra s'en contenter puisqu'il n'y a pas de boutique applicative (les rayons auraient sans doute été vides de toute manière...). Ne vous fiez pas au nombre d'icônes présentes dans le menu principal. Seules les huit premières correspondent à des applications, et donc à des fonctionnalités. Les six autres permettent de faire sonner le smartphone compagnon (pour le retrouver) et de configurer la montre (changer de cadran, activer le vibreur ou le mode Avion, ajuster la luminosité et inverser les couleurs de l'interface).
Nous avons gardé celles liées au suivi d'activité pour plus tard afin de nous concentrer d'abord sur les autres. Il y en a une pour afficher la météo actuelle et des jours à venir, un chronomètre, une boussole et des télécommandes pour l'appareil photo et le lecteur audio. Pour ce dernier, vous retrouverez également le titre du morceau de musique en cours de lecture. Dommage qu'il n'y ai pas de véritable lecteur, avec la possibilité de stocker de la musique dans la montre pour ne pas avoir à se trimballer systématiquement le smartphone comme sur Android Wear.
Suivi d'activité : fonctions basiques et cardiofréquencemètre sous-exploité
Pour en revenir au suivi d'activité, il repose sur un cardiofréquencemètre, un podomètre et trois applications. L'une d'elles fonctionne en tâche de fond et permet de suivre la progression quotidienne en fonction d'objectifs à définir depuis le smartphone : nombre de pas marchés, calories brûlées, distance parcourue, temps d'activité et temps de sommeil. L'interface rappelle un peu celle de l'Apple Watch avec des cercles à compléter. Il n'y a toutefois rien d'exceptionnel dans le fond puisque c'est ce que proposent toutes les montres et bracelets fitness. Et la Watch ne se démarque pas plus avec son application Entraînement.
Pour commencer, celle-ci ne prend qu'une activité en charge : la course à pied. Second point regrettable, elle n'utilise pas le cardiofréquencemètre, accessible pour des mesures ponctuelles via l'application dédiée. En fait, elle permet simplement de chronométrer une course, avec la possibilité de la segmenter en tours, et d'évaluer la vitesse et la distance parcourue à partir du podomètre, lequel a au moins le mérite d'être plutôt précis contrairement au cardiofréquencemètre. Nous aurions également aimer y trouver un historique des entraînements. Il faut pour cela se rendre dans l'application du smartphone.
OneTouch Move, l'application dédiée pour Android et iOS
Elle s'appelle OneTouch Move et fait office de véritable panneau de contrôle mais, avant cela, elle permet surtout de connecter la montre, via NFC ou Bluetooth, et de la configurer. Il est notamment possible d'y gérer les autorisations des applications pour le relais des notifications ou encore d'y trouver des cadrans colorés. Il est même possible d'en créer à partir des photos stockées dans le smartphone. C'est également là que vous pourrez compléter votre profil : sexe, âge, taille, poids. Pensez-y puisque ce n'est pas demandé à la première utilisation et que c'est évidemment important pour le suivi d'activité.
Suivi d'activité qui prend d'ailleurs ici une autre dimension puisque vous y trouverez non seulement les données accessibles sur la montre mais aussi des graphiques permettant de retrouver vos périodes d'activité par date et par heure. Rappelons également que c'est ici que les objectifs quotidiens peuvent être définis. Cela reste tout de même très basique.
Impossible par exemple de retracer le parcours des entraînements sur une carte. Le GPS du smartphone n'est pas exploitée. Alcatel OneTouch occulte également tout l'aspect social que propose généralement la concurrence en permettant notamment de partager ses exploits sur les réseaux sociaux. L'application n'est par ailleurs compatible avec aucune autre, type RunKeeper.
Premier essai manqué pour Alcatel OneTouch
Autant dire que nous sommes déçus à l'issue de ce test de l'Alcatel OneTouch Watch. Elle est abordable et propose de bonnes idées, comme la prise USB intégrée au bracelet, en plus d'une bonne autonomie mais l'OS trop limité et ses fonctionnalités non-abouties nous empêchent de la conseiller. Finalement, elle se positionne entre un bracelet fitness et une montre connectée sans parvenir à remplir entièrement l'une ou l'autre de ces fonctions.
Si vous cherchez un tracker d'activités, mieux vaut vous tourner vers un bracelet dédié et peut-être moins cher, quitte à vous passer d'écran en échange d'une application compagnon plus complète. Si vous cherchez réellement une montre, mieux vaut encore opter pour une Pebble vendue au même prix et mieux fournie en applications.