Microsoft et la mobilité, ça n’a jamais vraiment trop bien marché. Windows Mobile. Kin. Et aujourd’hui Windows Phone. À chaque nouvel essai, qu’il coûte quelques centaines de milliers de dollars ou 7,6 milliards de dollars, la firme de Redmond a toujours quelques soucis à s’établir sur le marché comme une entité sur qui compter. L’année dernière, quand Microsoft a acquis Nokia Devices & Services, un véritable élan s’est formé, aussi bien chez les constructeurs que chez les consommateurs. Mais la bulle a depuis éclaté.
Le Lumia 940 (ici en concept) pourrait inaugurer la nouvelle stratégie mobile de Microsoft
Les constructeurs ne s’investissent toujours pas vraiment (certainement de peur d’enrayer leurs relations avec Google). Les consommateurs sont lassés de voir débarquer des terminaux entrée de gamme. Et l’expérience, aussi intéressante soit-elle, n’est toujours pas aussi riche qu’avec Android et iOS. Il y a aura certainement du mieux avec Windows 10. Nous en sommes persuadés. Mais les dernières informations en provenance de Redmond ne sont évidemment pas très optimistes : 7800 postes supprimés, une dépréciation d’actifs de près de 8 milliards de dollars imputables à la division mobile, laquelle est désormais fusionnée à celle de Windows.
Une stratégie similaire à Google ?
Dans une interview accordée à nos confrères de l’édition américaine de ZDNet, Satya Nadella est revenu sur les changements à venir chez Microsoft, notamment en mobilité. Il refuse de sortir de cet écosystème, même s’il avoue que Microsoft sera peut-être davantage présent grâce à ses applications que grâce aux Lumia (lesquels seront moins nombreux dès la prochaine génération). Skype, Office, Onedrive, Outlook, Wunderlist et Sunrise (le super calendrier racheté récemment).
Une stratégie qui le rapproche de Google. Il estime qu'il sera aussi présent en mobilité grâce à Hololens, l’incroyable casque de réalité augmentée. Là encore, le parallèle avec Google et ses Glass est évident. Reste à savoir quel impact il aura auprès des usagers, particuliers comme professionnels.
Lumia : les Nexus de Microsoft
Cependant, il persiste à croire que si les moyens spécifiquement dédiés à la mobilité vont baisser, cela ne change pas la vision de Microsoft vis-à-vis du numérique en général. Le téléphone n’est qu’une approche de la stratégie de l’entreprise, laquelle est plutôt fondée sur Continuum (l’équivalent de Flow chez Samsung et Continuity chez Apple) et sur les applications universelles.
La gamme Lumia n’est donc qu’une pierre d'un édifice qui comptera quelques terminaux par an créés par Microsoft, à l’image des Nexus de Google. Des mobiles qui seront l’exemple à donner aux constructeurs. Et si personne ne veut embarquer dans l’aventure, Satya Nadella est bien décidé à les produire seul. Cela sous-entend qu’il s’attend à mener ce combat isolé, même s'il refuse de l'avouer.
Windows 10 : le cheval de Troie en mobilité
Dernier point abordé par Satya Nadella dans cette interview-fleuve, les applications. Le patron de Microsoft se félicite d’avoir décliné l’ensemble des logiciels phares de son entreprise sur iOS et Android, à commencer par Office, Skype, Outlook ou encore OneDrive. Mais c’est évidemment dans l’univers Windows 10, où toutes les versions partagent le même coeur, que cette stratégie est la plus intéressante. Satya Nadella explique qu’il parviendra à attirer des développeurs sur mobile parce que ces derniers voudront d’abord créer des applications pour les PC ou pour Xbox. Voilà l’une des raisons de la gratuité de Windows 10 : plus il y aura d’ordinateurs qui migreront vers cet OS, plus il y aura de développeurs pour l’écosystème. Et plus il y aura de développeurs, plus il y aura d’applications. Ce qui attirera évidemment les usagers.