Ce qui devait arriver certainement depuis longtemps arrivera dans quelques semaines : BlackBerry va présenter son premier smartphone sous Android. Un smartphone qui conserve cependant l’ADN de la marque canadienne : un clavier complet, un grand écran pour lire les mails, des outils de sécurité additionnels, une compatibilité complète avec les serveurs d’entreprises BES, etc. Le Priv, qui a été officiellement annoncé en septembre suite à une fuite qui a fait le tour du monde, sera détaillé dans les prochaines semaines, le mobile étant attendu avant la fin de l’année.
Ca passe ou ça casse !
Ce smartphone est doublement important pour BlackBerry. Il est bien sûr le premier modèle à ne pas tourner sur le système d’exploitation BlackBerry OS. Et il pourrait bien être aussi celui de la dernière chance. En effet, John Chen pourrait prendre la décision d’arrêter sa division smartphone. À l’occasion d’une interview accordée à nos confrères de The Verge en marge de la conférence Code Mobile (organisée cette semaine par Re/Code et à laquelle il était convié), John Chen a expliqué que l’objectif de BlackBerry est de vendre 5 millions de smartphones par an, un seuil au-delà duquel cette activité serait profitable. Il aurait en outre sous-entendu que si cela n’arrive pas, il pourrait arrêter de fabriquer des mobiles.
5 millions de mobiles, à l’échelle d’Apple, par exemple, cela ne représente rien : la firme de Cupertino a distribué 13 millions de téléphones sur le seul premier week-end de commercialisation de ses iPhone 6S et 6S Plus. Cela sous-entend qu’elle est capable de franchir l’objectif de John Chen en une seule journée. Mais évidemment, BlackBerry n’est plus comparable à Apple. Et la firme de Waterloo a vendu sur les deux premiers trimestres de son exercice 2016 (de mars à août) près de 2 millions de smartphones (1,1 million sur le premier trimestre et 800 000 sur le second). Ce n’est donc pas gagné.
Seul atout à bord
D’autant que l’abandon pratiquement annoncé de BlackBerry OS n’encouragera pas les professionnels à acheter, à partir de maintenant, les modèles qui fonctionnent dessus, le Classic et le Passport notamment. L’essentiel des volumes se fera donc, sur le second semestre fiscal de l’entreprise, sur le Priv. Il y a comme une pression gigantesque sur ce modèle qui, même s’il n’est pas encore commercialisé, a tout intérêt à être un succès annoncé pour rendre possible l’existence d’un successeur.
Pour cela, John Chen indique qu’il travaille avec les opérateurs pour réintroduire la marque dans leur catalogue. Un bras de fer qui s’annonce dur pour l’entrepreneur : BlackBerry, absent de leurs étals depuis plusieurs années, a perdu toute valeur à leurs yeux. Espérons qu’ils changeront d’avis.