Il y a parfois un décalage considérable entre l'annonce d'un produit et sa commercialisation. Un décalage économique entre son prix en dollars ou en yuans et son prix en euros. Ce que nous avons eu l'occasion de constater avec Apple (iPhone 6S), Microsoft (Lumia 950 et 950 XL) et surtout Google (Nexus 5X et 6P). Et qui semble affecter aussi Meizu, comme nous le verrons en fin de ce test. Il existe aussi un décalage temporel entre le moment de l'annonce du produit et sa mise à disposition des distributeurs.
Chez Apple, ce décalage est généralement d'une semaine (voir une semaine et demie cette année). Chez Google, cela varie entre deux semaines et deux mois. Chez les fabricants chinois, la fourchette est encore plus longue.
Et cela occasionne des télescopages comme celui que nous vivons aujourd?hui avec Meizu. Le MX5, annoncé en juin, est arrivé sur les étals français en octobre, quelques jours après l'officialisation de celui qui le remplace (sans vraiment le remplacer), le Pro 5. Même si nous ne voudrions pas être influencés dans nos tests par cet événement, force est de constater que la comparaison est inévitable. D'autant que la concurrence préestivale est autrement moins forte que celle de la rentrée scolaire, période propice au renouvellement chez les opérateurs et à la préparation des cadeaux de Noël. Période, aussi, de l'iPhone... Une fenêtre commerciale complexe donc, où les consommateurs auraient certainement préféré que le MX5 reste à son prix chinois, 260 euros, et ne dépasse pas celui du MX4 français pour frôler les 400 euros.
Un certain relâchement
Car sur le segment milieu de gamme premium, que nous aimons appeler le « Gouffre de Helm » et où Meizu a l?habitude de naviguer comme un poisson dans l'eau, la proposition du MX5 montre un certain relâchement, voire même une stagnation. Très beau à l'extérieur, comme nous le verrons, ce remplaçant commun des MX4 et MX4 Pro accuse un certain retard à l'intérieur vis-à-vis de la concurrence récente, que ce soit le OnePlus 2, plus puissant, ou le Honor 7, plus agressif. Parcourons la fiche technique du mobile :
- Dimension : 149,9 x 74,7 x 7,6 mm
- Ratio écran / taille du mobile : 74,5 %
- Châssis en aluminium
- Écran Amoled Full HD de 5,5 pouces (résolution de 401 pixels par pouce)
- Verre de protection Gorilla 3 de Corning
- Chipset MediaTek Helio X10 MT6795 composé de huit coeurs Cortex-A53 cadencés à 2,2 GHz et d'un GPU PowerVR G6200 d?Imagination Technologies
- 3 Go de mémoire vive LPDDR3
- 16, 32 ou 64 Go de stockage interne non extensibles
- Batterie 3150 mAh, non amovible et compatible mCharge (Fast Charge)
- Capteur photo Sony Exmor RS IMX220 20,7 mégapixels compatible 4K en vidéo, objectif à 6 éléments ouvrant à f/2.2, autofocus laser, double flash LED
- Webcam 5 mégapixels compatible 1080p en vidéo avec objectif ouvrant à f/2.0
- Bouton « mTouch 2.0 » en façade, protégé par un verre en saphir et cerclé d'acier et disposant d'un lecteur d'empreintes digitales
- Compatible 4G catégorie 4, WiFi ac dual-band, Bluetooth 4.1, GPS, infrarouge
- Système d'exploitation : FlymeOS 4.5 basé sur Android 5.0.1 Lollipop
- deux ports nanoSIM
- Poids : 149 grammes
En décortiquant cette fiche technique, nous nous apercevons que le MX5 est clairement bridé par certains détails techniques : de la RAM en DDR3, un vieux GPU, un capteur photo d'ancienne génération, ou encore des coeurs applicatifs low-cost surcadencés. En outre, si nous voyons une véritable montée en gamme vis-à-vis du MX4 (nouvelle génération de chipset, meilleure webcam, plus de RAM, lecteur d'empreinte), nous observons aussi une certaine stagnation en comparaison du MX4 Pro (photo, 4G, GPU, RAM, batterie). Voire même un retour en arrière, puisque l?écran repasse en Full HD, comme sur le m2 note (une phablette entrée de gamme, rappelons-le), et le NFC disparaît. Vous noterez que Meizu réitère ici avec le format 16/9 standard : la définition du MX5 est de 1920 x 1080 pixels. Le format 16/10 semble donc avoir été définitivement abandonné.
Le métal gagne du terrain
Autant de détails qui nous font penser que Meizu a surtout retravaillé le design pour ce MX5. Car c'est à l'extérieur que les changements sont les plus marquants. Oubliez la coque en plastique qui se détache, le MX5 propose une coque beaucoup plus qualitative. Le langage design reste le même, avec ces bordures rondes, ce large objectif photo à l'arrière et le bouton mTouch sous la dalle tactile. Alors que le MX4 et le MX4 Pro disposaient d'un châssis minoritairement en aluminium, le MX5 est pratiquement intégralement en métal. Seules deux parties sont en polycarbonate ici : les deux extrémités (supérieure et inférieure) de la coque, certainement pour y loger les antennes et récepteurs.
Vous verrez cependant que l?écran est protégé par un cerclage en métal biseauté dont le brillant contraste beaucoup avec le teint mat de l'aluminium brossé. Nous pensons que ce cerclage est important pour l?écran, mais qu'il ne palliera pas, en cas de chute, à la disparition du métal sur les tranches couvertes aujourd?hui de plastique. Nous remarquons également qu'il y a une légère différence d?épaisseur entre les parties en polycarbonate et la coque en aluminium. Un petit défaut de conception ? Peut-être...
L'une des conséquences de ce nouveau châssis est la disparition de la coque extractible. Désormais, pour insérer les cartes nanoSIM, vous devez en passer par le tiroir latéral, situé sur le côté gauche. Autre changement, puisque le ratio de l?écran a changé, les proportions entre la largeur et la hauteur ont également évolué. Meizu a donc déplacé sur le côté droit le bouton de mise en veille, comme cela a été fait sur le m2 note. Il rejoint donc les boutons de contrôle du volume. S'il était resté là où il était, Meizu aurait certainement été obligé de l?habiller de plastique et non de métal comme cela se faisait habituellement. Pour le reste, l'emplacement des ports microUSB (et non USB type-C), jack 3,5 mm, micros, haut-parleur et le bouton mTouch (combinaison d'un bouton physique « home », d'un lecteur d'empreinte et d'une touche tactile « retour ») reste identique.
Une prise en main qui s'améliore
La prise en main du smartphone est similaire aux modèles précédents, tout en étant bien meilleure. Et ce pour trois raisons. D'abord, le MX5 est bien plus fin que ses prédécesseurs : la coque passe de 9 mm à 7,6 mm d?épaisseur. Ce qui le rend plus facile à tenir dans la main. Attention, cela ne veut pas dire qu'il est plus léger : l'apport de métal compense largement la finesse, puisque le MX5 pèse le même poids que le MX4. Seconde raison, le mobile moins large, mais plus grand, une conséquence de l'adoption du ratio 16/9e. Là aussi, cela facilite la prise en main. Troisième raison, laquelle est une conséquence du changement de ratio : le nouvel emplacement du bouton de mise en marche est désormais positionné sous le pouce droit. Enfin.
Pour l?écran, il y a également du mieux, malgré un retour au Full HD et la présence d'un Gorilla Glass qui n?évolue pas sur la quatrième génération. Deux raisons à cela. D'abord le ratio de l?écran est enfin standardisé. Ce qui veut dire que les disgracieuses bandes noires dans certaines applications disparaîtront. Une très bonne nouvelle, ajoutée à la seconde : le retour de la technologie Amoled de Samsung, en lieu et place des dalles IPS de Japan Display. Un rétroéclairage qui offre des couleurs vibrantes, une bonne luminosité, de beaux contrastes et des angles de vision bien ouverts. Le verre de protection Gorilla de Corning est toujours aussi agréable sous les doigts, ne crachons pas dans la soupe !
Une interface qui fait du sur-place
Une fois l?écran allumé, vous arrivez sur la ROM customisée de Meizu : Flyme OS. Comme cela a été annoncé auparavant, le fabricant n'a pas installé la cinquième version de son OS. Nous sommes donc face à Flyme OS 4.5 sur une base Android 5.0.1 Lollipop (mais elle aurait très bien pu s'appuyer sur KitKat, tant cette ROM est proche de Flyme 4.2). Aucun changement donc vis-à-vis du m2 note que nous avons testé au tout début du mois de juillet. À l?heure où nous écrivons ces lignes, aucune mise à jour n'a été proposée pour passer en Flyme 5.0, alors que celle-ci est officiellement disponible sur le Pro 5. Espérons pour tous ceux qui seront intéressés par ce mobile disposeront un jour de cette version de l?OS (sur une base Android 5.1 Lollipop).
Flyme OS 4.5 : toujours le même (dans le bon sens, et dans le mauvais)
Les forces et les faibles de Flyme OS ne sont pas inconnues. Elles restent d'ailleurs les mêmes au fur et à mesure des sorties de nouveaux produits. Une interface claire, dénuée de menu application. Un graphisme très actuel, inspiré par le Material Design de Google et le Flat Design d'Apple. L'absence presque intégrale des applications de Google (sont présents Search, Voice Search, Maps, Play Store, et c'est tout !) pour gagner de la place. Des boutiques additionnelles (applications ou thèmes) dont le contenu n'a toujours pas été enrichi de rubriques occidentales qui acceptent des monnaies internationales (le yuan, c'est bien, mais ce n'est pas très pratique).
Flesky est présent. Google pratiquement absent.
Le clavier glissant Touchpal est toujours offert en version premium. Le système comprend toujours le Centre de « sécurité » qui tient plus de la boîte à outil pour optimiser le système d'exploitation. Cette application fourre-tout, au-delà de son côté peu avenant, est pourtant l'une des grandes forces de Flyme OS, avec son antivirus, son gestionnaire de mode d'alimentation personnalisable, son tableau de bord du trafic data en 4G et son nettoyeur. Nous avons testé ce dernier en réalisant un test AnTuTu avant et après. Et le résultat est saisissant : quelques centaines de points gagnés !
Centre de sécurité
Des performances en dessous des attentes
Et ce petit regain de puissance n'est pas du luxe, car le MT6795, même en version Turbo et cadencée à 2,2 GHz, est un chipset certes économique (énergétiquement et financièrement), mais il ne rivalise pas avec les concurrents. Nous ne parlons pas de l?Exynos 7420, ni l?Apple A9, mais du Snapdragon 810, qui a trouvé sa place dans des appareils premium et accessibles (le OnePlus 2 par exemple), et du HiSilicon Kirin 935 du Honor 7. En effet, sur les benchmarks, le MX5 ne parvient pas à justifier la centaine d'euros qui le séparent du mobile de Huawei.
Antutu propose le mode performance pour des résultats un peu meilleurs
Voyons donc le résultat en chiffre. Notez que tous ces résultats ont été obtenus avec le profil énergétique « performance » (profil qui vous est proposé automatiquement si vous ouvrez une application de benchmark). Sur AnTuTu, le smartphone frôle les 51 000 points. Il obtient 1208 points sur Basemark OS II et 15 957 points sur 3D Mark Ice Storm Unlimited. Notez que, sur 3D Mark, Slingshot ES3.1 et ES3.0 n'ont pas fonctionné. D'où l'absence des captures d?écran qui en présentent les résultats habituellement.
Comparons ces résultats au Honor 7, au OnePlus 2, au MX4 Pro et même au MX4. Le MX5 est évidemment surclassé par le OnePlus 2, malgré la présence d'un Snapdragon 810 bridé. Ce dernier réalise 10 000 points de plus sur AnTuTu, 400 points de plus sur Basemark et 6 000 points de plus sur Ice Storm Unlimited. L?Exynos 5 Octa 5430 et le MediaTek 6595 des deux prédécesseurs du MX5 réalisent des scores finalement assez proches. Les résultats des deux chipsets MediaTek sont d'ailleurs si proches qu'il serait possible de les confondre. Le Kirin du Honor 7 propose également des résultats du même ordre. Seule grosse différence : l?ARM Mali du Kirin ne tient pas tête au PowerVR Rogue du MT6795. Mais cela suffit-il à justifier l?écart de prix ?
L'un des meilleurs baladeurs multimédias
Nous ne pensons pas. Il faut aller chercher dans les usages multimédias pour avoir un semblant de réconfort vis-à-vis du MX5. Et plus précisément dans la vidéo et la photographie. En effet, en jeu vidéo, le MX5 se comporte exactement comme le MX4, MX4 Pro ou le Honor 7, c'est-à-dire très bien. Dead Trigger 2, dont nous avons forcé l'activation des meilleurs graphismes (ils étaient sur les moins bons par défaut, un signe), s'est porté comme un charme. Et la dalle Gorilla 3 de Corning a, une fois encore, montré toute sa pertinence (au-delà de sa mission de protection). Cela vous rassurera donc peut-être. Mais, cette caractéristique est commune à toute la gamme...
En revanche, en vidéo, nous sommes toujours très impressionnés par la capacité du lecteur par défaut de lire l'ensemble des fichiers vidéos que nous lui soumettons, en prenant en charge les codecs exotiques et les sous-titres encapsulés. Meizu dispose ici de l'un des meilleurs lecteurs vidéo du marché, avec celui de Samsung et d'Archos. Et heureusement, c'est toujours le cas. D'autant que la dalle Amoled, avec sa colorimétrie légèrement saturée (mais pas trop) et ses taux de contraste élevés, se prête particulièrement bien à cet exercice. Le haut-parleur mono est puissant, mais pas de très bonne qualité. Préférez-lui un bon casque, et pas forcément celui livré dans le pack.
Du mieux en photo
En photo, le MX5 est une assez bonne surprise. Non pas que l'application est particulièrement surprenante, puisqu'elle est identique à celle des MX précédents, avec son mode manuel pour jouer avec la profondeur de champ, la sensibilité, la correction d'exposition et la vitesse d'obturation. Seul gros changement ici, le mode 4K en vidéo, puisque le nouveau chipset MediaTek est compatible avec l?Ultra HD.
Mode manuel de l'appareil photo
Pas de surprise non plus au niveau de l?équipement puisqu'il s'agit du même capteur 20,7 mégapixels Sony que nous retrouvons dans le MX4 et MX4 Pro. Nous nous attendions d'ailleurs à un résultat identique au MX4, c'est-à-dire moins bon que sur le MX4 Pro qui profitait certainement pleinement du coprocesseur d'image de l?Exynos 5430 pour offrir des clichés lumineux, colorés et homogènes. Force est de constater que Meizu en a pris de la graine : le MX5 dispose d'un bon triptyque capteur, coprocesseur et objectif, associé à l'application que nous venons de voir. Si les photos manquent un peu de contraste, elles sont lumineuses et équilibrées, avec un bon piqué. L'autofocus laser est très rapide.
Photo prise avec le Meizu MX5 en plein après-midi (à gauche) et en fin d'après-midi (à droite)
Meizu se repose-t-il sur ces lauriers ?
Avec le MX5, Meizu s'est clairement retranché dans une zone de confort afin de se concentrer commercialement et technologiquement sur son entrée de gamme pour concurrencer Xiaomi en Chine. Le résultat est là : la plate-forme est certes bonne, mais elle n'excelle pas autant qu'elle aurait dû face à ses prédécesseurs (MX4 et surtout MX4 Pro) et ses concurrents les plus directs (OnePlus et Honor). La proposition de Meizu s'appuie naturellement sur de très bons atouts (notamment en vidéo et en photo) et une vraie recherche d?évolution dans le châssis avec davantage de matériaux premium visibles (châssis que nous retrouverons à l'identique dans le Pro 5). Mais il y a comme un air de déjà-vu.
Un air qui n'empêche pas le MX5, au passage, de prendre quelques dizaines d'euros en plus sur la facture. Ce mobile est proposé à 399 euros (même en 32 Go avec une ODR de 50 euros), prix public conseillé, tandis que le MX4 était proposé à 299 euros en version 16 Go et 399 euros en version 64 Go. Il aurait certainement été plus sage de s'aligner sur ces prix. Voir de les baisser un peu. Bien sûr, 399 euros, c'est toujours moins que le MX4 Pro, proposé à son lancement à 479 euros. Seulement, depuis, ce mobile se négocie à un prix inférieur de 100 euros. Rappelons qu'en Chine, le MX5 coûte l?équivalent de 260 euros... D'où cette question : le problème est-il le manque d?évolution entre le MX4/4Pro et le MX5, les deux propositions restant fonctionnelles et bonnes, ou bien est-ce plutôt le positionnement commercial du distributeur français ?