L’activité de Microsoft, et donc la façon dont elle gagne de l’argent, est en train d’évoluer. D’un éditeur qui facture ses partenaires et ses clients pour les logiciels qu’elle édite, l’entreprise adopte une vision plus moderne de son métier et des publics qu’elle vise. La restructuration récente de Microsoft en était certainement les fondations. Mais les signes les plus flagrants ont été la gestion des licences d’exploitation de ses logiciels phares, Windows et Office.
Aujourd’hui, Windows 10 est offert à tous les possesseurs d’une licence Windows 7 ou 8. La licence d’exploitation de Windows 10 Mobile (et celle de Windows Phone 8) est offerte à tous les constructeurs de smartphones. Et l’utilisation d’Office est offerte sur tous les écrans dont la taille est inférieure ou égale à 10,1 pouces, que ce soit sous Windows 10, Android ou iOS.
Les Lumia sous Windows 10 sauveront-ils la division mobilité de Microsoft ?
De fait, les revenus de l’entreprise ont largement évolué, avec une baisse assez logique. Sur son premier trimestre fiscal 2016 (correspondant au troisième trimestre calendaire 2015), Microsoft a généré 20,4 milliards de dollars de recette, en baisse de 12 % par rapport à la même période l’année précédente. Le résultat d’exploitation atteint 5,8 milliards de dollars (-1 %) et les bénéfices nets 4,6 milliards de dollars (+2 %). Notez que Microsoft a été significativement impacté par les variations des taux de change, la baisse du chiffre d’affaires en étant en grande partie due. Des trois branches du groupe (productivité, cloud et grand public), deux des branches enregistrent une hausse de leurs revenus à taux de change constant. Évidemment, c’est la troisième qui fait office de lanterne rouge.
Un chiffre d'affaires divisé par deux en mobilité
Dans cette activité grand public, nous retrouvons aujourd’hui Windows 10 et l’ancienne division Devices (Xbox, Surface, Lumia et les accessoires). Cette division génère un chiffre d’affaires de 9,4 milliards de dollars, en baisse de 13 % par rapport au même trimestre une année auparavant. La baisse du marché des PC en est une première cause. Une morosité générale qui provoque un recul de 6 % des revenus en provenance des partenaires constructeurs. La seconde raison est la téléphonie mobile. Cette activité, qui rassemble aussi bien la vente de téléphones que les revenus connexes, génère 54 % de chiffre d’affaires en moins. Microsoft explique qu’il s’agit d’une conséquence de la restructuration. Nous pensons surtout que c’est la cause de la restructuration...
Satya Nadella, le patron de Microsoft, l’a expliqué : le groupe de Redmond adopte désormais une stratégie bien différente quant à la téléphonie. Celle-ci devient une porte d’entrée vers l’univers de Microsoft, lequel est composé de Windows 10, d’Office, de Skype, de Bing, de Xbox et de produits professionnels. Si personne ne veut réaliser de smartphones sous Windows 10, il les fera lui-même, même s’il ne compte pas en développer plus de 6 par an, deux pour chaque segment de marché (entrée, milieu et haut de gamme). De fait, Microsoft ne fera plus la même erreur qu’en 2013 et 2014, en multipliant les Lumia 4xx et 5xx, empêchant toute initiative d’un constructeur tiers sur le segment. Moins omniprésent, Microsoft promet d’être le dernier rempart. Reste à savoir s’il parviendra à rendre cette activité rentable avec aussi peu d’agressivité...