Au départ, ils étaient quatre. Westminster, Centennial, Islandwood et Astoria. Chacun d’eux représentait un pont entre Windows 10 et une autre plate-forme de développement, respectivement HTML 5, Windows 32-bit, iOS et Android. Présentés en avril dernier, lors de la conférence Build 2015, les « Bridges » sont des adaptateurs qui transforment une application universelle Windows 10 en une autre compatible avec l’un de ces systèmes d’exploitation alternatifs. Et ils démontraient l’une des plus grandes ouvertures d’esprit jamais connues chez Microsoft (et même chez les concurrents).
Windows 10 est le plus adaptable des OS, mais boudera finalement Android
Seulement, avec la compatibilité (et l’émulation d’Android) au sein même des outils de développement de Windows 10, Microsoft ouvrait la boîte de Pandore. Pourquoi un développeur Android s’acharnerait-il à créer une application pour Windows 10 quand ce dernier est capable d’adapter et de faire fonctionner grâce à un émulateur intégré ses créations pour l’OS de Google ? C’est bien là tout le problème. Si Microsoft a tenté d’attirer toutes les communautés de créateurs de logiciels sous une bannière unifiée, le fait est que cela n’a pas eu l’effet escompté.
La compatiblité Android abandonnée
Selon Windows Central, le projet Astoria (portage des applications Android vers Windows 10 et inversement) aurait été suspendu. Et cela pour une durée indéterminée. Comprenez que Microsoft n’a pas forcément l’intention de continuer en ce sens. Une preuve tend à soutenir cette hypothèse : dans la version commerciale de Windows 10 Mobile (celle installée dans les smartphones), Microsoft a supprimé l’émulateur Android. Dans un message officiel, la firme de Redmond explique qu’Astoria n’est aujourd’hui pas prêt, mais que les autres « ponts » offrent « d’excellentes opportunités ». Des opportunités qui occultent, pour rappel, 80 % du parc installé des smartphones...
Pourquoi abandonner Astoria ? Parce que ce développement serait à l’origine de plusieurs problèmes. Quatre d’entre eux sont évoqués dans l’article de nos confrères. D’abord, les développeurs n’auraient finalement pas été aussi satisfaits des outils à leurs dispositions. Ensuite, l’émulateur Android semblait ralentir le système Windows 10 Mobile et dégrader l’expérience utilisateur. Des problèmes légaux sont ensuite venus se greffer à l’ensemble (droit d’utilisation des technologies Android, légitimité de certains développeurs à utiliser certaines archives Android sous Windows 10, quelques cas d’usurpation et de plagiat ont également été recensés). Enfin, l’équipe allouée à Astoria compterait 15 fois plus de développeurs que celle d’Islandwood (portage des applications iOS), car il ne s'agissait pas d'apporter un simple compilateur, mais aussi un émulateur. Bref, rien n’allait vraiment.
Une bonne nouvelle pour Windows 10 ?
L’abandon d’Astoria est finalement un mal pour un bien. Bien sûr, Windows 10 Mobile ne profitera certainement jamais de la communauté des développeurs d’Android et de la richesse du Play Store. Cependant, ce n’est pas pour autant que le Microsoft Store allait s’enrichir considérablement. Au contraire, ceux qui prennent encore aujourd’hui la peine de porter sur Windows Phone 8 et Windows 10 Mobile leurs applications n’auraient plus eu besoin de le faire. Ce qui était donc contreproductif. En revanche, faciliter le pont avec iOS est une bonne idée, car ce dernier ne représente que 15 % du parc mondial. Y ajouter quelques points supplémentaires avec Windows 10 Mobile (Windows Phone est toujours le troisième OS sur smartphone), voire même y intégrer facilement les navigateurs Web et les Surface, voilà qui devrait plaire aux créateurs d’applications pour iPhone et iPad.