Yahoo est une marque incroyable pour tous ceux qui ont vécu la bulle Internet, de 1998 à 2002. Pendant dix ans environ, Yahoo contrôlait presque Internet, tant ses services étaient primordiaux. Aujourd’hui, la génération Y ne croit déjà plus en Facebook. Alors, vous imaginez bien qu’une société « has-been » comme Yahoo ne les attire pas, au grand dam de Marissa Meyer qui avait promis de remettre le groupe sur le chemin de la croissance.
Le principal problème : la monétisation de l’audience, notamment sur mobile. Car un milliard de personnes utilisent ces services régulièrement, mais cela ne lui rapporte rien. Les revenus publicitaires sont tellement faibles (1,2 milliard de dollars par an) que Yahoo a même fini par bannir de sa messagerie email tous ceux qui utilisent un bloqueur de publicité. Pourtant, ce n’est pas faute d’essayer de peser dans la balance. La société détient Flickr, l’un des principaux services de partage de photo, Tumblr, l’un des concurrents d’Instagram, ou encore Xobni, un créateur d’applications pour améliorer l’expérience d’une boîte aux lettres électronique et d’un carnet de contact.
Messagerie instantanée : futur relais de croissance ?
Et ce sont justement ces trois services qui servent à alimenter les nouveautés du nouveau Yahoo Messenger, mis en ligne hier sur le Play Store et l’App Store. L’application, qui est également intégrée à Yahoo Mail et dispose d’une version Web, se veut plus moderne et plus rapide que les versions précédentes. Elle intègre de nombreuses fonctionnalités de Tumblr, Flickr et Xobni, comme une meilleure gestion des images (Flickr), des messages groupés et des contacts (Xobni). L’application intègre également un outil pour rappeler un message envoyé qui s’effacera donc de l’écran de l’utilisateur. Une bonne idée qui répond bien à une demande des usagers. Seul petit bémol : alors que l’application pour navigateur est traduite, elle est restée en anglais sur mobile. Une petite incohérence qui sera certainement corrigée par la suite.
Moderniser Yahoo Messenger a certainement un double objectif. D’abord, profiter du dynamisme de ce secteur (avec BBM, Facebook Messenger, Viber, iMessage, Snapchat, WhatsApp, etc.) et s’offrir une chance d’être intégré à des smartphones. Seconde raison, à plus long terme, créer des opportunités économiques. Nous l’avons vu récemment avec WeChat, Western Union, Twitter, Facebook Messenger et l’étude Activate, les messageries numériques peuvent devenir des relais de croissance grâce à des services financiers intégrés (échange d’argent, commerce électronique, service de taxi, etc.). Les messageries asiatiques (comme Kakao, QQMobile, LINE, mais surtout WeChat) gagnent beaucoup plus d’argent que leurs homologues occidentales. Yahoo espère donc parvenir à cela. Mais il n’est évidemment pas le seul... Pourquoi y arriverait-il mieux que les autres ? Rien ne le montre aujourd’hui.
Avenir incertain
Il y a quelques jours, le Wall Street Journal publiait un article estimant que le conseil d’administration pourrait prendre des mesures radicales dans les prochains mois : vendre les actifs Internet, qui n’ont jamais retrouvé le chemin de la croissance (et encore moins celui de la rentabilité), ou vendre la participation de 15 % dans le capital d’Alibaba, le géant chinois du commerce électronique dirigé d’une main de maître par Jack Ma. Mais vendre les premiers reviendrait à résumer l’activité du groupe à de l’investissement pur et simple. Tandis que vendre le second priverait le premier d’une manne financière nécessaire à son développement.