Tout savoir sur : Spotify : des albums bientôt exclusifs pour les abonnés premium ?
Même si le poids aujourd’hui d’Apple Music n’est pas comparable à celui de Spotify, toujours loin devant en nombre d’utilisateurs payants (20 millions pour le Suédois, 6,5 millions pour l’Américain), son arrivée a certainement fait cogiter le leader mondial de la musique en streaming. Pour preuve, plusieurs initiatives ont été dévoilées par l’entreprise scandinave depuis un an : l’arrivée d’une offre famille (très similaire à celle d’Apple, de Deezer et du tout récent YouTube Red), la signature d’un accord mondial avec Sony pour développer PlayStation Music, un partenariat avec des opérateurs (dont Bouygues Telecom), de nouveaux paramétrages audio dans l’application mobile, la timeline de ce que vous avez écouté dans l’année, la compatibilité avec Chromecast, etc.
Quand le nombre d'auditeurs ne compte plus...
Seulement, le problème de Spotify, ce n’est pas de trouver des initiatives intéressantes pour attirer des auditeurs. Le site en compte déjà 75 millions. Le problème, c’est de gérer les droits musicaux et de parvenir à intégrer dans le catalogue les albums qui fonctionnent commercialement. Le dernier Taylor Swift. Le dernier Adele. Le dernier Coldplay. Des artistes accordent de moins en moins leurs droits aux services de musique en streaming, notamment ceux qui incluent une offre gratuite rémunérée grâce à la publicité. Car cela rapporte moins qu’une chanson écoutée par un abonné payant. Et ils ne veulent pas dévaloriser leur travail.
La première à avoir refusé publiquement d’être diffusée sur Spotify, c’est Taylor Swift. Elle a retiré son album du service quand le Suédois n’a pas accepté sa demande : réserver l’écoute de l’album aux auditeurs premium, ceux qui paient le service. De ce refus est né un combat : les artistes contre Spotify. Et les exemples se sont multipliés. Dernier en date, celui d’Adele dont les ventes sont stratosphériques. Et face à cette vague de retrait, Spotify pourrait céder, à en croire le Wall Street Journal. Certains contenus pourraient bientôt devenir exclusifs aux auditeurs payants. Une révolution pour celui qui défendait corps et âme son modèle économique. Mais une révolution qui a du sens.
Des contenus premium pour des clients premium ?
Car, il faut bien reconnaître que ce modèle a un défaut : la gêne occasionnée par la publicité et les restrictions d’usage liées aux comptes gratuits ne sont clairement pas assez importantes pour amener massivement les usagers à adopter un compte premium. Et l’une des raisons, mais ce n’est pas la seule, est la présence systématique d’un contenu identique dans les deux offres. Contrairement à Pandora, qui est et reste une radio moderne, un usager peut écouter l’entièreté d’un album en ne payant rien (juste en subissant quelques spots publicitaires). Avec ce type d’accord, Spotify aurait à nouveau les faveurs des artistes, même si ces derniers choisiront certainement de déserter le catalogue gratuit du service suédois pour augmenter leurs revenus par écoute.
Retrouver les artistes est certainement un enjeu important face à Pandora, YouTube et Apple Music. Depuis juillet dernier, Apple Music, dirigé d’une main de maître par Jimmy Iovine (ex Beats Music, ancien producteur musical, meilleur ami de Bono et détenteur d’un carnet d’adresses long comme le bras), se veut être le havre de paix des artistes et des ayants droit. Apple a même accepté de payer les artistes quand une chanson est écoutée pendant l’offre d’essai de trois mois, grâce à l’intervention très intelligente de Taylor Swift sur les réseaux sociaux. Spotify était resté jusqu’ici sourd à ces arguments.