Le BlackBerry Priv est autant un lancement produit stratégique qu’un développement sur le long terme. Ce smartphone est le premier modèle de la marque canadienne sous Android et non sous BlackBerry OS. Il cristallise donc toutes les attentes de John Chen, de ses équipes et de ses actionnaires : l’entreprise parviendra-t-elle non seulement à être rentable, mais surtout à gagner de l’argent sur la téléphonie ? Nous ne parlons pas d’une situation telle que celle de BlackBerry il y a dix ans, ou même celle d’Apple aujourd’hui, mais d’un simple point d’équilibre. Car, pour l’instant, ce n’est pas encore le cas.
Plus une entreprise de services qu'un constructeur ?
C’est ce qui ressort en effet de la publication des résultats de BlackBerry sur son troisième trimestre fiscal 2016 (trimestre clos au 28 novembre 2015). Les revenus de l’entreprise atteignent les 557 millions de dollars, soit une hausse de 14 % par rapport au trimestre précédent. Une progression forte soutenue par l’activité logiciels et services qui progresse de 183 % (notamment grâce au rachat de Good Technology). Désormais les services comptent pour 29 % dans le chiffre d’affaires, contre 40 % pour le hardware et 31 % pour les revenus liés à l’accès aux services BlackBerry (vous savez, le fameux euro que vous payez chaque mois en plus de votre abonnement téléphonique).
Le résultat d’exploitation atteint 114 millions de dollars et les pertes d’exploitation atteignent les 15 millions de dollars. Des résultats meilleurs qu’attendu, même si l’entreprise est à nouveau dans le rouge. Au second trimestre, BlackBerry était en effet rentable, malgré un chiffre d’affaires moins important. Amortissement de la dette, dépréciation sur certains actifs, effets de change, opérations de croissance externes et astuces comptables expliqueraient cela...
700 000 smartphones vendus
Côté smartphones, l’entreprise a vendu 700 000 mobiles dans le courant du trimestre, ce qui est relativement peu, compte tenu du fait qu’il s’agissait du trimestre de lancement du Priv. Cependant, le lancement du smartphone a été relativement confidentiel et très limité. Le smartphone est arrivé en catimini sur la boutique officielle de BlackBerry et débarque progressivement dans tous les pays (la France est concernée depuis quelques jours, par exemple). Le Priv devrait être présent dans 31 pays d’ici la fin du mois de février contre... 4 en début de semaine dernière (États-Unis, Royaume-Uni, Canada et Allemagne) ! John Chen progresse également sur les accords avec les opérateurs (il n’y a qu’Orange qui le commercialise en France).
À l’occasion de la réunion financière pour présenter ces résultats, John Chen a expliqué que les ventes du Priv seraient meilleures au quatrième trimestre (ce qui paraît logique puisqu’il s’agira du premier trimestre plein où le mobile sera commercialisé). Il estime même que cette activité pourrait être proche de la rentabilité sur cette période. Cependant, cette rentabilité sur une courte fenêtre ne serait qu’une étape. Il faudrait que l’activité soit pérenne sur l’ensemble de l’année pour la sauver. Selon John Chen, il faudrait que BlackBerry vende 5 millions de mobiles par an (pas uniquement Priv, mais toute la gamme). Avec 700 000 mobiles en trois mois, nous sommes loin du compte.