Tout savoir sur : Va-t-on vers une class action contre la mise à jour bloquante d’Apple ?
En fin de semaine dernière, nous vous rapportions l’histoire de «l’erreur 53». Des milliers d’utilisateurs d’iPhone 6 et 6 Plus (les successeurs semblent moins touchés par le phénomène) ont vu leurs smartphones bloqués suite à une mise à jour d’iOS. Sur l’écran d’iTunes, la mise à jour ne s’effectue pas totalement et le système affiche une erreur numérotée 53. En outre, le smartphone est non seulement bloqué, mais il est impossible de le restaurer. Le point commun entre toutes les victimes : Touch ID a été altéré. Deux façons possibles : soit le bouton a été cassé et ne fonctionne plus normalement, soit il a été réparé ou remplacé chez un réparateur tiers.
Apple a évidemment publié une note concernant l’erreur 53. Il s’agit d’un verouillage destiné à sécuriser Touch ID, lequel sert à débloquer le téléphone (donc à accéder aux informations personnelles de l’utilisateur) et à payer des biens (via l’App Store, iTunes ou Apple Pay). L’enjeu est donc assez important pour qu’il y ait une vérification de l’intégrité matérielle et logicielle du lecteur d’empreinte. Si ce dernier est endommagé ou n’est pas la pièce d’origine, il s’agit, pour Apple, d’une brèche de sécurité.
Une class-action contre l'excès de sécurité ?
Evidemment, tout cela a causé beaucoup de frustration, car l’information a fait le tour du Web et des milliers d’usagers dont le téléphone est brické se sont rendus compte qu’ils n’étaient pas seuls, loin de là. Ce qui a forcément amené un cabinet d’avocats américain à tenter de monter un dossier pour un recours collectif contre Apple, estimant que la publication d’une mise à jour bloquant intégralement l’usage du téléphone va à l’encontre de la loi protégeant les consommateurs. Car ces derniers ont le droit de s’adresser à un tiers compétent pour une réparation, tiers qui est généralement 30 % à 60 % moins cher que le Genius Bar des Apple Store.
Le nom de ce cabinet est PCVA. Il est basé à Seattle. Et il a mis en ligne sur son site officiel un formulaire pour que les victimes entrent en contact avec lui. Comme toutes les class actions, les services du cabinet sont gratuits, PCVA se rémunérant avec un pourcentage des gains en cas de victoire. Et puisque le nombre potentiel de plaignants pourrait se compter par millier (ou dizaine de milliers), inutile de dire que le cabinet rentrera facilement dans ses frais... Ce cabinet a certainement été inspiré par un autre recours collectif, déposé au tribunal de New York le 29 décembre dernier et regroupant les usagers de l'iPhone 4S rendu très lent suite à leur mise à jour vers iOS 9 (on dirait que le problème, c'est les mises à jour...).
Protection contre sécurité : qui doit prévaloir ?
Au-delà des théories du complot, estimant par exemple que cette mise à jour vise à faire peur aux clients d’Apple qui souhaitent faire réparer leurs mobiles hors de son réseau de magasins, cette affaire est intéressante. Car les deux parties estiment oeuvrer dans l’intérêt des consommateurs. Pour Apple, la sécurité des informations bancaires et personnelles est primordiale, notamment depuis l’arrivée d’Apple Pay et les nombreuses campagnes visant à rassurer les usagers. Apple Pay étant une source de rémunération potentielle considérable, amoindrir la sécurité serait une hérésie.
Pour PCVA, la liberté du consommateur et sa souveraineté en tant que propriétaire du téléphone sont tout autant importantes. Apple n’a pas le droit de bloquer « intentionnellement » (car il semble que cela soit quand même intentionnel) un téléphone parce qu’il ne présente pas toutes les caractéristiques requises. Apple n’aurait donc pas le droit de léser le consommateur. D’autant que d’autres solutions sont possibles : réaliser une vérification au préalable par iTunes du téléphone avant de bloquer le mobile en est une. Le téléphone ne sera plus mis à jour, certes, mais il continuera de fonctionner normalement. Notez que, si Apple avait laissé passer cette faille de sécurité, cela lui aurait certainement été reproché également.
L'enfer est pavé de bonnes intentions...
Dans cette histoire, nous pensons qu’Apple a péché par excès. Oui, la sécurité est importante et la firme de Cupertino se sent légitimement dans le devoir de la garantir. Non, bloquer un mobile et empêcher les réparations par des tiers n’est pas necessaire pour atteindre ce but. Des partenariats avec des réseaux agréés seraient possibles. Créer différents scénarios de mise à jour en fonction de l’état du téléphone serait également envisageable. Mais Apple n’est pas connu pour faire dans la dentelle, ni dans la demi mesure. Reste à savoir si PCVA présentera effectivement un dossier devant la justice.