Avant la fin du mois de mars (soit dans une semaine), Miitomo, la première production de Nintendo (et de son partenaire DeNA) apparaîtra dans les boutiques applicatives de Google et Apple. Application mélangeant des mécaniques virales, sociales et ludiques, Miitomo n’est pas un jeu en soi, mais un outil de communication ludique entre joueurs. Lancé au Japon en fin de semaine dernière et déjà téléchargé plus d’un millions de fois, il sortira en France dans quelques jours, les préinscriptions étant encore en cours. De véritables jeux sont en cours de développement, mais ils n’arriveront pas avant l’année prochaine.
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Cependant, le succès de Miitomo a certainement eu un effet positif sur le moral de Nintendo. Et un peu moins sur celui de Sony Computer Entertainment (qui s’appellera bientôt Sony Interactive Entertainment, ou SIE), la branche dédiée à la PlayStation du groupe nippon. Car l’entreprise, qui a gâché sa légitimité en téléphonie avec PlayStation Mobile, a affirmé que, elle aussi, développera des jeux sur Android et même sur iOS (évincer iOS au Pays du Soleil Levant aurait été une hérésie, même pour Sony).
Sony prend exemple sur Nintendo
Dans un communiqué de presse, SIE annonce qu’une nouvelle filiale sera créée le 1er avril prochain (et ce n’est pas une blague). Elle s’appellera ForwardWorks Corporation et sera dédiée au développement de jeux sur les « smart devices ». En d’autres termes, il s’agit des systèmes d’exploitation Android et iOS (l’inclusion de leurs déclinaisons, watchOS, Android Wear, tvOS et Android TV n’a pas été spécifiée).
La société sera dirigée par Atsushi Morita, le président de SEI Japon. L’enjeu est donc assez important pour mobiliser le patron en personne, même si un directeur général devrait prendre les décisions au quotidien. Le capital de l’entreprise est de 10 millions de yens et sa localisation sera à Tokyo, certainement dans les locaux de SEI. Le nombre de personnes rattachées à cet ensemble n’a pas été dévoilé.
La richesse de PlayStation au service du mobile
Son rôle sera donc de développer des applications ludiques, mais pas n’importe lesquelles. Comme DeNA avec le catalogue de Nintendo, ForwardWorks aura tout le loisir de piocher parmi les licences exclusives de la PlayStation : God of War, Uncharted, Ratchet & Clank, Sly Racoon, Gran Turismo, Yakuza, Little Big Planet, etc. Il ne serait pas impossible non plus que ForwardWorks participe à l’établissement de nouvelles licences exclusives, Andrew House, le nouveau patron mondial de SIE ayant indiqué récemment vouloir en créer de nouvelles (comme récemment Horizon, Until Dawn, DriveClub, Bloodborne ou The Order).
Triste nouvelle en revanche, ForwardWorks développera (au moins dans un premier temps) des jeux uniquement à destination du marché asiatique, et notamment japonais. L’occident n’est pas cité dans le communiqué de presse. Cependant, l’actuel président de SIE étant gallois, il est fort probable qu’il décide d’exporter ce modèle vers les États-Unis ou l’Europe.
Un pionnier devenu suiveur
C’est une drôle d’affaire que la création de ForwardWorks. Si les industriels japonais ont eu des difficultés à appréhender le marché des smartphones (et cela explique aussi pourquoi l’iPhone y est en tête malgré les très bons produits de Sony, Sharp ou Arrow), Sony était, plus que n’importe quel autre fabricant de jeu et de console, un acteur légitime de la téléphonie grâce à Sony Mobile (ex Sony Ericsson). Une légitimité gâchée parce que le groupe ne voulait pas phagocyter ses consoles. Peine perdue : le jeu mobile est aujourd’hui mondial. Et un an après avoir tué PlayStation Mobile, SIE doit tout recommencer depuis le début. Alors que l’entreprise aurait dû en être un pionnier. Espérons que ces nouvelles ambitions seront plus concluantes.