Il y a des idées reçues qui ont la vie dure. Et pourtant, la réalité est souvent tout autre. Prenez la téléphonie d’entreprise par exemple. Les constructeurs pensent pertinemment que les grandes sociétés ont des millions d’euros à dépenser dans un parc de smartphones à échelle mondiale avec des terminaux haut de gamme pour tous les collaborateurs. En fait, il n’en est rien. Ce n’est pas parce que les sociétés paient hors-taxe qu’elles ne regardent pas à la dépense. Bien au contraire. Les sociétés du CAC40 achètent des mobiles haut de gamme pour le « top management » et optent pour des modèles milieu de gamme (et pas forcément de première jeunesse, ni de première main) pour les cadres.
Le Priv est un beau produit, mais les entreprises n'acceptent pas de payer 700 dollars pour l'avoir
Le Priv était trop cher, même pour les entreprises
John Chen est donc tombé de haut en sortant le Priv. En 2015, il pensait que l’échec du Passport et du Classic était essentiellement dû à BlackBerry OS, un système d’exploitation vieillissant qui coûte trop cher à mettre à jour. Quelques mois plus tard, avec le Priv, il est confronté au même problème : le mobile est apprécié par les entreprises, mais elles le trouvent trop cher. Donc il ne se vend pas. Une révélation très étonnante offerte par John Chen au quotidien The National basé à Abu Dhabi. Et ce n’est pas la seule. Il a en effet expliqué que sa clientèle privilégiée serait intéressée par l'achet de mobiles de la marque canadienne s’ils étaient positionnés autour des 400 dollars. Ce qu’il fera donc dès cette année.
Avouant ainsi sans trop d’ambages que sa stratégie sur le Priv n’était pas bonne (ou qu’elle n’était pas adaptée à un premier smartphone sous Android), le patron de BlackBerry confirme donc une rumeur passée dans nos colonnes il y a quelques semaines à propos d’un line-up 2016 qui compterait deux smartphones sous Android. Ce seront deux terminaux milieu de gamme, offrant toujours les mêmes services, mais avec des plates-formes moins haut de gamme.
Avec ou sans clavier
Les deux smartphones seront différents l’un de l’autre. Le premier devrait ressembler à une version Android du Classic avec un clavier physique sous un écran tactile, tandis que le second sera uniquement tactile, à l’image du Leap que Foxconn avait fabriqué en marque blanche pour la firme de Waterloo. Ce mobile était, à l’époque, destiné aux consommateurs des marchés émergents, notamment l’Indonésie.
Il est étonnant que BlackBerry, qui clame depuis longtemps que sa cible commerciale prioritaire est l’entreprise (et qui a créé des outils pour Android dans ce but), redéveloppe (peut-être avec Foxconn) un autre smartphone « full tactile » avec une prise en main très grand public. Reste évidemment à savoir comment les entreprises vont accueillir des mobiles milieu de gamme conçus par BlackBerry.
Jusqu’ici, la firme canadienne a préféré se concentrer sur le haut de gamme pour se créer une image telle que celle d’Apple. Cependant, quand Apple fait du milieu de gamme (iPhone 5C, iPhone SE), l’accueil est mitigé. Espérons que ce ne sera pas le cas pour les futurs terminaux de BlackBerry. Car, en cas d’échec, ils pourraient être les derniers.