Vous connaissez naturellement Google News, cet agrégateur d’informations qui classe thématiquement les articles diffusés sur les sites médias en ligne. Peut-être faites-vous comme 44 % des utilisateurs de ce service : vous lisez le titre et le début de l’article, sans jamais cliquer sur le lien vers le contenu original, simplement parce que le résumé vous suffit amplement. Ce pourcentage a été établi par une étude datant de 2010 et portant sur environ 3000 Américains. Résultat : comme ces 44 % d’Internautes, vous ne générez aucun trafic pour le journal et vous n’êtes donc pas exposés à la publicité qui s’y trouve.
Une plainte auprès de la Commission européenne
C’est justement ce que reproche News Corp, le géant des médias américains. Le propriétaire du News York Post, du Sunday Times ou du Wall Street Journal, vient de porter plainte auprès de la Commission européenne (ce n'est évidemment pas un hasard) pour abus de position dominante. Il estime que le fonctionnement de Google News implique un manque à gagner pour l’entreprise. D’autant que, selon lui, la firme de Mountain View perçoit de la publicité pour les pages affichées par son agrégateur. De l’argent qui devrait en partie revenir aux éditeurs des articles qui ont généré ces visites.
Selon une source citée par le Wall Street Journal, qui rapporte cette histoire, Google abuse de sa position dominante, car elle impose aux journaux l’acceptation d’une copie d’un fragment d’article, le fragment publié justement dans son agrégateur. Si l’éditeur refuse, Google n’indexe plus le média et n’est donc plus susceptible d’être affiché dans les résultats du moteur de recherche. Ce qui semble être un abus de position dominante. D’autant que ce n’est pas la première fois que Google menace des éditeurs de site Web de les désindexer : tous les sites qui ne s’affichent pas correctement dans un navigateur de smartphone (notamment Android) ne disparaissent pas des résultats du moteur, mais sont condamnés à errer dans les oubliettes de ses bases de données.
Un équilibre difficile
La lutte entre Rupert Murdoch (et les médias en général) et Google ne date pas d’hier. Et c’est un combat compliqué. Car Google n’est pas un simple moteur de recherche et un agrégateur de contenu. C’est la porte privilégiée pour accéder à Internet pour des centaines de millions de personnes. Si Google estime qu’un site n’existe pas, il n’existera effectivement pas pour la quasi-totalité des Internautes. Google est donc un apporteur de trafic essentiel. Et en tant que tel, le moteur de recherche génère naturellement des visites sur les sites qui participent à Google News.
Cette audience serait-elle plus conséquente si Google News ne publiait pas un résumé aussi précis des articles ? C’est presque certain. Mais l’audience générée ne serait-elle pas aussi moins importante sans Google News ? Cela paraît presque évident. Il semble que Rupert Murdoch estime que le gain ne contrebalance pas les pertes. Reste à savoir si la commission européenne sera aussi de son avis.