Nous suivons chaque mois, grâce à un tableau de bord publié par Google, l’évolution de la fragmentation du parc installé sous Android. Un parc constitué de tablettes et de smartphones dont la version de l’OS est âgée en moyenne de 2 ans, et pour une minorité jusqu’à 6 ans (FroYo, qui anime 0,1 % du parc, est sorti en mai 2010). En occultant tous les amoureux de leur mobile qui refusent catégoriquement d’en changer (nous parlons de ceux qui utilisent toujours FroYo, Gingerbread et même Ice Cream Sandwich), le parc installé est, de façon assez homogène, aujourd’hui constitué de trois gros blocs : Jelly Bean (20 %), KitKat (32 %) et Lollipop (36 %). Avec ces trois versions, vous couvrez 90 % du parc environ.
D'abord une question de sécurité
Vous vous demandez donc certainement où est Marshmallow, la version sortie en octobre dernier ? Elle est loin derrière, à 8 % environ. Et cette faible part n’émane pas des mises à jour des constructeurs, lesquelles ne sont massivement déployées que depuis quelques semaines, mais par le renouvellement des mobiles. Donc l’achat de nouveaux terminaux. Cette faible répartition de Marshmallow a deux conséquences. La première est la complexification des développements chez les créateurs d’application (avec toutes les incompatibilités que cela entraîne). Et la seconde est la protection des terminaux, puisque les mises à jour servent à combler les failles de sécurité. Notamment Stagefright qui a defrayé la chronique.
La fragmentation est donc un problème pour les usagers, qu’ils soient des particuliers ou des professionnels. Mais cela pourrait également en devenir un pour les constructeurs de terminaux et les opérateurs. Car, ce sont eux qui sont censés assurer les mises à jour des produits qu’ils commercialisent. Et ce sont les constructeurs qui seront, semble-t-il, visés par une enquête conjointe de la FTC (Federal Trade Commission) et de la FCC (Federal Communications Commission), soit les instances américaines en charge respectivement du commerce et des télécoms.
Opérateurs et constructeurs examinés
Les opérateurs américains ainsi que huit marques se sont vus demander des documents sur leur pratique et sur les processus de mises à jour des smartphones. Il semble que l’ensemble de l’enquête se focalise sur Android, puisque Stagefright est nommément cité dans le communiqué de presse publié par la FCC. Dans le document, il est indiqué que les deux commissions s’intéresseront à deux questions essentielles.
D’abord pourquoi le délai entre l’écriture d’un patch de sécurité et sa diffusion auprès des usagers est-il si long ? Ensuite, dans quelle mesure les terminaux les plus vieux sont-ils maintenus à jour ? Quand la moitié du parc Android tourne encore entre sous Android 4.x, cette seconde question est éminemment légitime. Reste évidemment à savoir quelle sera l’issue de cette enquête, quelle conséquence elle pourrait avoir et quelle suite lui donner. Car enquêter juste pour le plaisir d'enquêter ne fera pas avancer personne (sauf les pirates informatiques).
Des mises à jour trop rapides ?
Il y a cependant deux aspects dans ce dossier. Le premier est Google. Dans quelle mesure la firme de Mountain View n’est-elle pas responsable du manque de mise à jour dans le parc ? D’abord, la firme publie une version majeure de son système d’exploitation chaque année. Est-ce bien utile quand aucune d’entre elles ne parvient à dépasser les 40 % du parc ?
Outre les grandes marques internationales, les constructeurs ne semblent pas être en mesure de suivre le rythme. Et abandonne progressivement l’idée d’une vraie politique de mise à jour. Heureusement, avec Lollipop, les patchs de sécurité sont plus faciles à déployer. Ce qui a permis de les rendre mensuels et d'assurer une sécurité plus réactive (à défaut d'être proactive). Mais ces patchs n’ont-ils pas aussi rendu obsolète l’idée même de mettre à jour le système d’exploitation?
Les pratiques de Google devrait aussi être examinées !
Ensuite, il existe une grande différence entre l’annonce par Google d’une version d’Android et sa publication auprès des partenaires constructeurs et fondeurs. Sachez par exemple que les marques les plus petites n’auront accès à Marshmallow qu’en juin prochain. Soit 8 mois après sa sortie initiale et quelques semaines après la présentation de son successeur au Google I/O. Nous nous étonnons alors du délai pris par les fabricants à mettre à jour leur téléphone. Voici une partie de l’explication.
Une autre partie de l’explication vient des fondeurs, qui doivent adapter Android à leurs chipsets. Et certains ne le font pas. Pour quelle raison ? Pour la même que celle des marques low-cost : c’est trop cher et il n’y a aucun enjeu économique. Surtout quand le téléphone est vendu moins de 100 euros. Voilà aussi pourquoi Google souhaitait développer Android One : mettre à jour automatiquement les mobiles que leurs fabricants abandonneraient de toute façon.