Une intelligence artificielle peut-elle être intimidante ? C'est la question soulevée par une étude réalisée par l'institut californien Creative Strategies sur l'usage et les habitudes des utilisateurs de smartphones, notamment ceux dont le système d'exploitation intègre un assistant virtuel, tel que Siri d'Apple, Cortana de Microsoft ou encore Google Now. L?étude couvre d'une part 1300 personnages aux États-Unis et en Grande-Bretagne ayant adopté très tôt ce type de service vocal et d'autre part 500 consommateurs représentatifs de la population américaine. Et les résultats sont étonnants.
Google Now
Un usage démocratisé, mais très occasionnel
D'abord, 96 % des propriétaires d'un iPhone ont déjà utilisé au moins une fois Siri et 94 % des détenteurs d'un mobile sous Android ont déjà appelé Google Now. Bien sûr, une petite minorité d'entre eux (30 % du côté d'iOS et 38 % du côté d'Android) les utilisent régulièrement, les autres ne les sollicitant que très occasionnellement. Les assistants virtuels ne sont donc pas encore des outils intégrés à notre vie quotidienne. L'un des freins à la démocratisation est une question de timidité ou de pudeur. Contrairement à ce que peut suggérer notre titre, les intelligences artificielles ne sont pas intimidantes, mais le regard des autres peut le devenir.
Siri dans iOS 9
En effet, 51 % des utilisateurs réguliers d'un assistant vocal utilise celui-ci dans la voiture (la proportion monte à 62 % sur iOS), 39 % à leur domicile, 6 % en public (3 % sur iOS seulement et 12 % sur Android) et 1,3 % au travail. Autre donnée allant dans ce sens : 20 % des consommateurs qui n'utilisent jamais cette technologie affirment qu'elles se sentent gênés de parler à une intelligence artificielle, notamment en public. L'auteur de cette étude estime que ces chiffres s'amélioreront quand les accessoires connectés (casques, vêtement) facilitant l'usage d'un assistant virtuel se démocratiseront.
Un enjeu sociétal et économique
L?étude est doublement intéressante. D'abord, parce que les grandes entreprises technologiques développent ardemment des assistants personnels pour automatiser certaines tâches. Nous pensons à Apple, Microsoft et Google, bien sûr, mais également à Amazon, avec Alexa, Facebook avec M et les dizaines de bots de Facebook Messenger. L'enjeu est donc technologique, sociologique, mais aussi économique, puisque des produits, comme Google Home et Amazon Echo ont récemment été présentés.
Google Allo
Seconde raison de l'intérêt de cette étude : elle montre qu'il existe un décalage entre le besoin des usagers (qui utilisent vraiment le service) et les moyens d'y accéder, notamment sur smartphone ou sur smartwatch. Et c'est peut-être là où se trouve tout l'intérêt de Facebook M et Google Allo. Ici, l'assistant virtuel est accessible grâce à des messages écrits et non vocaux. Débarrassé de la contrainte de la gêne, l'usager va certainement multiplier les interactions et les sollicitations. Ce qui rendra leur usage plus naturel. Nous serions curieux de connaître l'impact de Google Allo sur une éventuelle mise à jour de cette étude.