Microsoft a cassé la tirelire pour s’offrir LinkedIn, mais il a bien fait !

Lundi dernier, Microsoft a annoncé l’acquisition de LinkedIn. Une opération de très grande envergure puisque le réseau social b-to-b a coûté la modique somme de 26,2 milliards de dollars en numéraire à la firme de Redmond. Mais c’est un excellent coup stratégique de la part de Satya Nadella. Explications.

La Rédac LesMobiles - publié le 15/06/2016 à 13h09
Microsoft a cassé la tirelire pour s’offrir LinkedIn, mais il a bien fait !

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Coup de théâtre sur le marché des réseaux sociaux lundi dernier : Microsoft a annoncé l’acquisition de LinkedIn. Une opération de croissance externe « à la Microsoft », avec un gros chèque à la clef : 26,2 milliards de dollars (ou 196 dollars par action). Soit un peu plus de 23 millions d’euros. Soit la plus grosse acquisition de Microsoft depuis sa création (l’ancien record étant détenu par Skype). Selon les termes de l’accord, 100 % de l’acquisition s’effectuera en numéraire (aucune action ne sera échangée). En outre, l’entreprise restera indépendante et conservera ses locaux de Mountain View (LinkedIn étant un voisin de Google). Jeff Weiner conserve son poste de CEO et Reid Hoffman celui de président du conseil d’administration. La clôture de l’acquisition est attendue pour la fin de l’année calendaire.


Satya Nadella (au centre), patron de Microsoft, entouré des deux cofondateurs de LinkedIn

Un rachat sous haute pression financière

L’acquisition de LinkedIn a soulevé de nombreuses interrogations vis-à-vis de la stratégie de Microsoft, et notamment de sa signification. Il est évident que Microsoft ne pèse rien sur les réseaux sociaux et une opération de croissance externe majeure est le seul moyen pour Satya Nadella de rattraper son retard.

Certains analystes de Wall Street estiment même que Microsoft s’est positionnée bien trop tard sur le marché des réseaux sociaux, réalisant ainsi le lien avec d’autres rachats catastrophiques dans l’histoire de la firme de Redmond, notamment Nokia et aQuantive, rachetés respectivement 7,2 et 6,3 milliards de dollars. Les deux initiatives ont ensuite périclité au sein de l’écosystème Microsoft. Les analystes évoquent également Skype, qui n’a cessé de reculer depuis son rachat en 2011 pour 8,3 milliards de dollars, ou encore l'accord avec Yahoo qui est en passe de se faire gober, logiquement par un opérateur américain.

Non, Microsoft n'est pas abonné aux naufrages !

Il est vrai que Microsoft, au-delà de certains choix discutables, n’a pas toujours été l’entreprise la plus douée pour mettre en valeur ses acquisitions. Mais toutes n’ont pas eu le même destin que Nokia et aQuantive. Certaines sont aujourd’hui des succès reconnus. Nous parlons de Mojang, le créateur du jeu Minecraft, acheté 2,3 milliards de dollars. Nous parlons de Navision (1,3 milliard de dollars), devenu la brique centrale de Microsoft Dynamics. En clair, tout n’est pas aussi inéluctable.

En outre, il y a plusieurs différences entre ces deux exemples et l’acquisition de LinkedIn. D’abord, ce n’est pas le premier rachat de la firme dans les réseaux sociaux b-to-b. Il y a d’abord eu Yammer en 2012. Malgré le départ de son cofondateur, Yammer existe toujours. Il serait étonnant que Satya Nadella conserve les deux, mais LinkedIn devant rester (au moins dans un premier temps) indépendant, aucun rapprochement n’a été officiellement annoncé.

Une acquisition financièrement saine...

Ensuite, LinkedIn est une société qui continue de croître, alors que les exemples citées précédemment concernaient des sociétés ou des secteurs d'activité en perte de vitesse (Nokia, aQuantive, l’accord avec Yahoo dans la publicité en ligne). LinkedIn compte 433 millions de comptes et 106 millions d’utilisateurs actifs. Le chiffre d’affaires est en hausse (même si l’entreprise est toujours déficitaire). Son chiffre d’affaires annuel est en croissance (+34 % en 2015), avec un quatrième trimestre 2015 le plus performant depuis ses débuts. La marge d’exploitation varie entre 20 et 30 % du chiffre d’affaires. Le résultat net est négatif depuis un an et demi à cause des stocks option et de la dépréciation sur des actifs immatériels, certainement liés à une politique d’acquisition agressive (trois rachats en 2014, cinq en 2015).

... et en ligne avec le positionnement de Microsoft

Enfin, il y a une logique « industrielle ». Avec Satya Nadella à sa tête, Microsoft s’est positionnée comme l’acteur incontournable dans le domaine des outils professionnels, s’appuyant sur son histoire avec Windows et Office. Hormis la Xbox (qui ne se porte pas si bien que cela face à PlayStation), tous les grands succès de Microsoft sont liés aux entreprises. Office, Windows, Dynamics, Surface Pro, etc.  Et tous les développements innovants le sont aussi, comme HoloLens. LinkedIn étant un outil utilisé dans un cadre professionnel (réseau social b-to-b, recherche d’emploi, information sectorielle, etc.), cette acquisition s’inscrit totalement dans cette stratégie, contrairement à Nokia dont les mobiles s’adressent davantage au grand public.

LinkedIn est donc un choix logique pour Microsoft qui, grâce à cette acquisition, entre sur le marché des réseaux sociaux par la bonne porte. Et comme l’indique la firme dans son communiqué de presse, son catalogue de produits et de services (Office 365 et Skype notamment) servira aussi à enrichir l’expérience du réseau social avec des outils collaboratifs et connectés, tout en faisant leur promotion auprès d’un public susceptible de devenir des clients réguliers. Voilà qui est malin.

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