Les claviers virtuels sont utilisés tous les jours par des millions de personnes dans le monde. Certains préfèrent ne pas changer celui qui est livré avec leur OS. D’autres profitent du partenariat commercial entre le constructeur de leur mobile et un éditeur tiers (comme Swiftkey qui a signé un accord avec Cyanogen et Sony ou encore Touchpal présent dans les mobiles Wiko, ZTE, HTC, Meizu ou Hisense). Enfin, certains ont préféré choisir leur clavier parmi une offre qui n’est pas particulièrement pléthorique, mais qui compte quelques acteurs intéressants : Swiftkey, Touchpal, Fleksy, et depuis peu Microsoft avec Word Flow et Google avec GBoard.
Un business qui ne peut pas durer
En début d’année, Microsoft, dont la stratégie de croissance externe et d’acquisition des technologies n’a jamais faibli (la preuve encore avec LinkedIn cette semaine), a racheté Swiftkey, certainement le clavier alternatif le plus connu. L’idée est alors d’apporter la puissance de Microsoft pour développer (technologiquement et commercialement) Swiftkey. Et, à l’inverse, Swiftkey apporte son savoir à Windows 10 Mobile et Word Flow. Cependant, derrière ce rachat, il y a un constat : les perspectives de développement économique d’un clavier virtuel, même sur le modèle freemium, sont assez limitées, alors que les investissements de maintenance sont considérables.
Ce constat, Flesky, développé à l’origine pour les malvoyants, l’a surement éprouvé. Ayant marché dans les pas de son concurrent (lancement sur le modèle premium, puis réorientation sur le freemium pour augmenter la base d’utilisateurs), Flesky a certainement cherché par la suite un partenaire financier ou industriel, faute d’accords comme ceux de Touchpal. Dans un message posté sur son blog officiel, l’équipe de Fleksy confirme cela en expliquant qu’elle intègre désormais celle du réseau social axé centre d’intérêt, Pinterest.
Une partie du clavier bientôt open source
Cette opération ressemble cependant davantage à du recrutement qu’à un véritable « rachat ». En effet, l’application sera simplement conservée sur les boutiques applicatives où elle est présente et une partie des technologies (celles liées à l’accessibilité pour les malvoyants) sera publiée en ligne pour devenir open source, afin que de nouveaux produits puissent un jour paraître. Plus question visiblement de mettre de l’argent dans le clavier. C’est triste, mais c’est la réalité du marché des apps.
Comme l’ont montré certaines études, dont quelques-unes ont été relayées dans nos colonnes, l’économie de l’application pour mobile a considérablement changé. Compte tenu du nombre toujours croissant d’applications sur l’App Store ou le Play Store, les acteurs de moindre taille parviennent de moins en moins à équilibrer leurs comptes. Plus de 90 % des revenus de l’App Store, par exemple, sont générés par 1 % des applications qui y sont disponibles. Et cela tend à progresser. Et malgré les quelques initiatives de Google et Apple pour offrir davantage de visibilités aux développeurs, rien ne semble y faire.